1994-1998 : Le coup passa si près que même Herbin tomba

Histoire | Publié le par Jacky | 26 commentaires

Dans le cadre des 90 ans de l’ASSE, nous revenons sur les différentes périodes qui ont fait son histoire. Après avoir évoqué la création du club, la première grande domination de l'ASSE sur le football français, l'arrivée d'Herbin à la tête de l'équipe, les deux années mythiques de 1975 et 1976, l’apparition de la première étoile sur le maillot, l’affaire de la caisse noire et le règne d'André Laurent, nous passons désormais à la période 1994-1998.

La Coupe du Monde américaine vient de sacrer le Brésil vainqueur de l’Italie en finale. Encore une fois, nos internationaux l’ont suivi à la télé, à cause d’un bulgare nommé Kostadinov. L’ASSE est dans le flou. L’après André Laurent a bien mal commencé avec l’intermède furtif «Guichard-Larqué» et l’arrivée de Michel Vernassa interroge, car peu de gens le connaissent. Elie Baup adjoint, responsable de la formation, succède à Jacques Santini, remercié par le nouveau président. Grégory Coupet est désormais titulaire dans les buts. L’attaquant allemand Wohlfarth, recruté à grand frais la saison précédente, retourne au pays après 12 journées, ce qui fait beaucoup de bien aux finances du club, qui sont au plus mal. Première conséquence, beaucoup de jeunes seront sollicités. Parmi eux Mannucci ,19 ans, Sébastien Pérez, Moreau, Bastou, Aulanier, 20. Titi Camara et Stéphane Santini sont quant à eux âgés de 21 ans. Évènement plutôt rare, c’est un défenseur central qui sera le meilleur buteur du club de la saison. Il s’agit bien-sûr de Laurent Blanc qui a inscrit 13 buts. Avec seulement neuf victoires, toutes à domicile, l’ASSE termine 18ème et se retrouve donc reléguée en D2. Ironie du sort, c’est son grand rival provençal qui va lui éviter cette dégringolade. Marseille champion de D2, dépose le bilan et ne peut donc retrouver la D1, Saint-Étienne est repêché. Nantes remporte son septième titre, le Paris SG la Coupe de France et la toute nouvelle Coupe de la Ligue, au cours de laquelle les Verts ont été éliminés au 1er tour.


La saison suivante (1995-1996), l’ASSE ne pouvait plus assurer le salaire de Laurent Blanc. Guy Roux raconta, qu’à son grand étonnement, l’agent de l’international, lui proposa de l’engager à Auxerre. Dans la foulée c’est le joueur lui-même, qui lui confirma au téléphone, son souhait de venir jouer dans le club bourguignon. Il lui déclara, très sincèrement, qu’il voulait absolument trouver un club, lui permettant de se relancer, pour viser plus haut ensuite. Il était prêt pour cela, à consentir de gros efforts sur son salaire, qu’Auxerre ne pouvait pas davantage que Saint-Étienne, lui consentir. Quelques heures après, grâce au jet privé du sponsor Gérard Bourgoin, le futur champion du Monde, était récupéré à du côté d’Avignon, où se tenait le stage de préparation de l’ASSE. Destination, le bureau de Michel Vernassa où l’affaire était aussitôt conclue. Rien n’avait filtré. Entre autres départs, Titi Camara s’engage avec Lens, Deguerville file à Lyon et Gérald Passi s’exile au Japon. Christophe Ohrel un milieu international suisse arrive de Rennes, les attaquants Sandjak et Thimothée de Nice et du Red Star. Un jeunot de 18 ans entame sa carrière, sans savoir qu’elle va être brillante et glorieuse, Willy Sagnol. Un autre défenseur, dénommé Jean-François Soucasse arrive de Toulouse, loin de se douter qu’il reviendra près d’un quart de siècle plus tard, pour occuper le poste de Président délégué du club.

Le 15 décembre, la Communauté européenne publie l'arrêt Bosman, autorisant la libre circulation des joueurs à l'intérieur des pays qui la composent. Le football ne sera plus jamais comme avant. La saison de l’ASSE sera catastrophique. Seulement 6 victoires et, au passage, une humiliante défaite à domicile face… à Auxerre (0-5). Elie Baup ne terminera pas la saison, il est remercié en février. Max Bossis nouveau directeur sportif, assure l’intérim l’espace d’un derby (1-1). Dominique Bathenay prend la suite, mais ne pourra pas éviter la chute, et cette fois, il n’y aura pas de repêchage miracle. L’AJ Auxerre de Guy Roux et Laurent Blanc remporte le premier titre de son histoire et réalise même le doublé, en battant en finale de la Coupe de France Nîmes, club de D3, qui a sorti l’ASSE en 16èmes. C’est également à ce stade de la compétition que Sochaux avait bouté Saint-Étienne hors de la Coupe de la Ligue.

La situation alarmante de l’ASSE, nécessitait un changement de statut du club au début de la saison 1996-1997. Il devient une société d’économie mixte à objet sportif, avec des capitaux apportés par les collectivités locales. Cela entraine un changement de président, Philippe Koël, un assureur stéphanois remplace Michel Vernassa. Dominique Bathenay et Maxime Bossis ne sont pas conservés, Pierre Mankowski arrive. Il vient de remporter le titre de D2 avec le SM de Caen. Évidemment la relégation va provoquer une importante vague de départs. Cuca, Harchèche, Moreau, Ohrel, Sandjak, Sechet et même Moravcik vont voir ailleurs. Coupet partira en cours de saison, à Lyon, ce qui lui vaudra beaucoup de critiques. En réalité il s’agissait pour l’ASSE de renflouer ses caisses. L’effectif sera considérablement chamboulé. Débarquent dans le Forez Fichaux, Samba N’Diaye, Christophe Lagrange, Jean-Luc Sassus. Certains jeunes vont commencer à se montrer, Jérémie Janot, Zoumana Camara, Pape Sarr entre autres. Philippe Primard stoppe sa carrière après 16 ans de fidélité. Il ne quittera pas le club pour autant, et occupera d’autres fonctions. Il est toujours là, en charge de la préformation. Chapeau bas !

Le 29 mars 1997 l’emblématique président Roger Rocher décède après 77 ans d’une vie bien remplie. Une page de l’histoire verte, la plus belle, s’en va avec lui. Les supporters stéphanois vont vivre un véritable calvaire. C’est seulement au coup de sifflet final du dernier match de la saison, qu’ils sauront que l’ASSE ne chute pas en National, en accrochant une peu glorieuse 17ème place. Malgré tout, Samba N’Diaye termine deuxième buteur avec 19 réalisations. Monaco remporte son sixième titre. Nice enlève face à Guingamp sa troisième Coupe de France. C’est la dernière fois que le trophée sera conquis au Parc des Princes.

Herbin est à nouveau rappelé en 1997-1998, ce sera la dernière fois. Il sera manager général, Pierre Repellini prend le poste d’entraineur. Tous deux étaient précédemment «associés» au Red Star. Samba N’Diaye file à Nantes, Willy Sagnol à Monaco, Stéphane Santini à Sochaux, Jean-Luc Sassus stoppe sa carrière professionnelle. Dominique Aulanier rejoint Nice. Ils seront 16, non présents ou pas utilisés la saison précédente, à être appelés par Pierre Repellini. Parmi eux, Jérôme Alonzo, Antony Gauvin, Simo, Jean-François Soucasse de retour de prêt, Guillou et un petit nouveau qui n’a pas encore 18 ans qui entrera en jeu lors du dernier match, Julien Sablé. Le début de championnat tourne vite à la désillusion. Première victoire à la 13ème journée après six nuls et six défaites. Il semble bien que l’on soit repartis pour vivre la même galère que la saison précédente.

En novembre le président Philippe Koël, jette l’éponge. Jean-Marie Caillat entrepreneur dans l’immobilier assure un intérim d’un mois. C’est alors que l’ancien maire de Megève, Alain Bompard, associé à trois autres personnes, présente un plan de reprise. Ils rachètent le club et apportent les garanties nécessaires pour éviter le dépôt de bilan. Il restait maintenant à se tirer d’affaires, sportivement parlant. Rapidement, seul le championnat figurera au calendrier stéphanois. L’ASSE avait été éliminée en 16ème de Coupe de la Ligue par Sochaux, aux tirs au but. En Coupe de France après avoir pulvérisé Saint Amant Tallende qui évoluait en PH (11-0), c’est un club de CFA, le FC Pau, qui avait éjecté les Verts hors de la compétition au tour suivant. 22 équipes disputaient le championnat de L2, les quatre dernières seraient condamnées à la relégation et l’ASSE occupait la 20ème place à la trêve. Finalement, malgré une phase retour terminée par trois défaites et quatre nuls, les Verts avec deux points de plus que le premier relégable, évitaient l’humiliation suprême. Robert Herbin et Pierre Repellini n’insisteront pas. Cette fois le livre est bel est bien refermé.

Seule consolation de cette nouvelle année cauchemar, le chant de la victoire a retenti dans un vestiaire stéphanois. Celui des jeunes pousses, emmenés par Gérard Fernandez, qui avaient remporté la Gambardella devant le PSG. Ils avaient pour noms : Féres, Mauroy, Armand, Pontal, Meslien, Grondin, Sablé, N’Dour, Lafleuriel, Tagherset, Tiaw, F. Mendy. Deux mois plus tard, le 12 juillet 1998 l’équipe de France était sur le toit du monde. L’ASSE qui avait décomplexé le football français 20 ans auparavant, pouvait revendiquer une petite part de ce succès, Aimé Jacquet ne s’en est d’ailleurs jamais caché. 

Parcours de l’ASSE entre 1994 et 1998 :

  • 1994-1995 :  D1 : 18ème, repêché après le dépôt de bilan de l’OM alors en D2.
  • 1995-1996 :  D1 : 19ème, relégation. Coupe de France et Coupe de la Ligue : élimination en seizième de finale.
  • 1996-1997 : D2 : 17ème. Coupe de France : élimination au 7ème tour et Coupe de la Ligue en seizième de finale.
  • 1997-1998 : D2 : 17ème. Coupe de France : élimination au 8ème tour et Coupe de la Ligue en seizième de finale.

Publiés tous les jeudis, retrouvez l’ensemble de nos épisodes sur la grande histoire de l’ASSE :

👉 Retrouvez le premier épisode de cette mini-série (1933-1960)

👉 Retrouvez le second épisode de cette mini-série (1961-1970)

👉 Retrouvez le troisième épisode de cette mini-série (1970-1974)

👉 Retrouvez le quatrième épisode de cette mini-série (1975-1976)

👉 Retrouvez le cinquième épisode de cette mini-série (1976-1981)

👉 Retrouvez le sixième épisode de cette mini-série (1982, de la fièvre verte à la caisse noire)

👉 Retrouvez le septième épisode de cette mini-série (1983-1987)

👉 Retrouvez le huitième épisode de cette mini-série (1987-1994)

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