ASSE - 1987-1994 : Laurent suite et fin, Y. Guichard fin sans suite

Histoire | Publié le par Jacky. M | 11 commentaires

Dans le cadre des 90 ans de l’ASSE, nous revenons sur les différentes périodes qui ont fait son histoire. Après avoir évoqué la création du club, la première grande domination de l'ASSE sur le football français, l'arrivée d'Herbin à la tête de l'équipe, les deux années mythiques de 1975 et 1976, l’apparition de la première étoile sur le maillot, l’affaire de la caisse noire et le début du règne d'André Laurent, nous passons désormais à la période 1987-1994. 

Saison 1987-1988, le Sphinx est de retour. Malgré le bon travail d’Henryk Kasperczak, André Laurent, sous la pression de Casino parait-il, décide de rappeler Robert Herbin, réparant ainsi l’injustice de son licenciement. Pure coïncidence, comme pour imager cette résurrection, arrive également au club, un attaquant dijonnais, Jean-Pierre François. Celui-ci ne tardera pas à connaitre le succès, pas sur les pelouses de D1, mais sur les planches, dans le domaine des variétés en interprétant «Je te survivrai» qui sera un tube côtoyant la tête des hit-parades. Autres recrues notoires, John Sivebæk, défenseur danois en provenance de Manchester United, Mustapha El Haddaoui, N°10, de Lausanne et un duo qui va enflammer Geoffroy-Guichard, Patrice Garande qui revient au club et Philippe Tibeuf qui quitte Monaco. Entre autres départs, Jean-Luc Ribar et Jean-François Daniel choisissent de rejoindre Lille, Mery Krimau, le Matra Racing, Alain Bénédet file à Toulon. Le premier match de la saison fera naitre beaucoup d’inquiétudes pour le proche avenir. Défaite (0-4) à Laval, où évoluait un certain Pierre Aubameyang le père de Pierre-Emerick Aubameyang. La suite sera rassurante et l’issue étonnante. Malgré des prestations chaotiques et 14 défaites l’ASSE terminera 4ème avec la deuxième attaque mais la 19ème défense. La Coupe de France sera vite pliée, élimination aux tirs au but dès les 32e face à Mulhouse club de D2. Monaco remportera son cinquième titre lors de cette 50ème édition du championnat de France de D1.

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La saison suivante, 1988-1989, une innovation majeure  arrive : désormais une victoire rapportera trois points. L’ASSE perd El Haddaoui, Dimitrov, Ferri, et Peycelon qui vont voir ailleurs. Quelques arrivées, dont celles de Laurent Fournier, international français, de Mohammed Chaouch international marocain en provenance de Casablanca et du défenseur suisse Alain Geiger pilier de la sélection helvétique. Pascal Beaufreton gardien de but de la réserve depuis un an apparait dans le groupe en vue du remplacement de Jean Castaneda qu’il détrônera définitivement en février. L’embellie de la saison précédente sera loin d’être confirmée. La première moitié de championnat catastrophique, avec deux victoires et 12 défaites, sera heureusement partiellement compensée lors de la phase retour. L’ASSE devra toutefois se contenter d’une modeste 14ème place. Élimination dès les 32èmes en Coupe de France à l’OGC Nice de Thierry Oleksiak et El Haddaoui. Marseille est sacré champion pour la cinquième fois et remporte la coupe face à Monaco.

Lors de l'exercice 1989-1990, un «historique» quitte le Forez. Jean Castaneda rejoint Marseille après 360 matchs sous les couleurs stéphanoises. Une autre figure du club change d’air. Patrice Garande rejoint le RC Lens. Peu de recrues. Yvon Pouliquen excellent milieu récupérateur arrive de Laval et un attaquant néerlandais Robert Witschge quitte l’Ajax pour le Forez. La Coupe de France aurait pu faire oublier une décevante 15ème place en championnat. Hélas les Verts seront éliminés en demi-finale sur leur pelouse par le Montpellier de Cantona et Laurent Blanc. Le Marseille de Bernard Tapie remportera son deuxième titre consécutif et Lyon fait son retour en D1 après six saisons passées à l’étage inférieur.

En 1990-1991, le président Laurent mécontent du spectacle proposé par les hommes de Robert Herbin décide de mettre fin à leur collaboration. Christian Sarramagna l’adjoint est nommé à la place du «rouquin».
On renforce l’effectif avec les arrivées de Kastendeuch, Cyprien, Laurey, et d’un international tchécoslovaque qui laissera sa trace dans le club, Lubomir Moravcik. Beaufreton parti à Istres, Ceccarelli prenait place dans les cages. Fournier, Chaouch et Geiger, s’exilent sous d’autres cieux. Encore une fois l’ASSE termine dans le ventre mou du championnat (13e) après avoir été à plusieurs reprises en position de relégable. Auxerre mettra fin au parcours stéphanois en Coupe dès les 16èmes de finale.

C'est lors de cette saison que se déroule un épisode qu'on appellera "l'affaire de la canette". Au mois d’octobre, l’ASSE recevait Marseille et une nouvelle affaire allait éclater entre les deux clubs. Alors que les joueurs phocéens venaient de quitter leur bus et se dirigeaient vers les vestiaires, Jean-Pierre Papin l’attaquant vedette de l’OM recevait sur la tête une canette de bière expédiée depuis la foule des spectateurs présents aux alentours. Geste inadmissible bien-sûr, avec pour conséquence immédiate le forfait du buteur phocéen, hospitalisé pour examen suite à un léger traumatisme crânien. L’ASSE remportera le match, mais la Ligue donnera la rencontre à rejouer après la réclamation des Marseillais. En réalité, des rumeurs qui seront confirmées plus tard, révélèrent que la canette (à moitié vide) avait atterri sur le dos et pas sur la tête de JPP qui avait accusé le coup à contre-temps, et que donc, de traumatisme crânien, il n’y en avait jamais eu. La victoire verte qui suivra (1-0) sera annulée par les instances et le match rejoué se terminera sur un score nul (1-1). Finalement tout le monde y trouvait son compte, un point de plus pour les Provençaux et double grosse recette pour l’ASSE. Seule la réputation de Papin, sans doute manipulé par ses dirigeants, en prenait un coup. Marseille sera champion et Monaco remportera la Coupe.

La saison 1991-1992 marque l'arrivée d’un des meilleurs gardiens passés au club, le camerounais Joseph-Antoine Bell. Didier Tholot vient renforcer le secteur offensif. Tous deux étaient à Bordeaux. Légère amélioration avec une dixième place pour les Verts, éliminés de la Coupe en 8ème par le Gazelec d’Ajaccio équipe de D2. Marseille sera champion. La saison sera marquée à jamais par le drame de Furiani, et l’écroulement d’une tribune installée à la hâte pour une demi-finale de la Coupe devant opposer le champion en titre au SC Bastia. 19 personnes perdront la vie ce jour-là, et l’on dénombra plus de 2300 blessés.  

L'exercice suivant, 1992-1993, sera une des meilleures saisons de l’ère Laurent, et pourtant ce sera la dernière. Jacques Santini succède à Christian Sarramagna parti à Martigues qu’il conduira au titre de champion de D2. L’ASSE termine septième, trahie par son attaque, 17ème du championnat alors que la défense avec notamment, Deguerville, Cuervo, Kastendeuch, Cyprien et occasionnellement, Moreau, Gros et Primard sera la deuxième de D1 avec 26 buts encaissés, un seul de plus que l’arrière-garde de Bordeaux. Il n’y aura pas de champion en 1993. Marseille, pour corruption lors d’une rencontre à Valenciennes, sera déclassé. L’ASSE échouera aux portes de la finale en Coupe, sortie par le FC Nantes vainqueur de la demie disputée à Geoffroy Guichard (0-1).

Lors de la saison 1993-1994, sous la pression de Casino, André Laurent quitte le club après dix ans de présidence. On lui reproche le déficit affiché et ses contacts avec le sulfureux homme d’affaires libanais, Charly Chaker. La famille Guichard, revient aux manettes en installant, Yves, petit-fils de Geoffroy à la présidence. Jean-Michel Larqué sera son Manager Général. On comprenait mieux pourquoi, celui-ci, ne s’était pas privé auparavant, de critiquer fréquemment, la gestion du président en place. L’émission hebdomadaire de TF1, «Téléfoot», la seule traitant du football à cette époque, était sa tribune préférée. On ne lésine pas sur les moyens. La somme faramineuse, (vue la situation du club), de 30 millions de francs, serait dit-on dépensée. Roland Wolfarth, renard des surfaces allemand arrive du Bayern, et Laurent Blanc en perdition à Nîmes rejoint également le Forez. La signature d’un défenseur central, aussi talentueux soit-il, était surprenante, avec la charnière, Kastendeuch-Cyprien ce n’était pas une priorité. Finalement ces deux recrues et celle du Polonais, au nom imprononçable, Piotr Swierczewski effectueront un séjour stéphanois plutôt satisfaisant, mais ils n’apporteront pas une plus-value significative aux prestations et aux performances antérieures de l’équipe. En effet, les résultats seront loin des objectifs des nouveaux dirigeants. L’ambiance dans le club n’est pas au beau fixe. C’en est trop pour le descendant de la famille Guichard qui semble-t-il n’était pas de la même trempe que son père Pierre. À la surprise générale, il quitte le club alors qu’il reste deux journées à disputer. Deux banquiers, désignés par le club des sponsors (créé par André Laurent) arrivent. Jean Boulais directeur du Crédit Agricole qui se désistera rapidement et Michel Vernassa, directeur de la Caisse d’Epargne Loire-Drôme-Ardèche, qui aura la lourde tâche de redresser la situation. Larqué s’en va, Santini est prié d’en faire autant, les caisses sont vides, la coupe est pleine !


Parcours de l’ASSE lors de la présidence André Laurent :

  • 1983-84 : D1 : 18ème, rétrogradée en D2 après barrages
  • 1984-85 :  D2 : 2ème du groupe B, battue en barrage d’accession - Coupe : Quart de finale.
  • 1985-86 :  D2 : 1ère du groupe A – Vice-championne - Coupe 8ème Tour
  • 1986-87 :  D1 : 16ème - Coupe : 16èmes de finale
  • 1987-88 :  D1 : 4ème - Coupe : 32èmes de finale
  • 1988-89 :  D1 : 14ème - Coupe : 32èmes de finale
  • 1989-90 :  D1 : 15ème - Coupe : Demi-finale
  • 1990-91 :  D1 : 13ème - Coupe : 16èmes de finale
  • 1991-92 :  D1 : 10ème - Coupe : 8èmes de finale
  • 1992-93 : D1 :  7ème - Coupe : Demi-finale

Présidence Yves Guichard : 

  • 1993-94 : D1 : 11ème - Coupe : 32èmes de finale


Publiés tous les jeudis, retrouvez l’ensemble de nos épisodes sur la grande histoire de l’ASSE :

👉 Retrouvez le premier épisode de cette mini-série (1933-1960)

👉 Retrouvez le second épisode de cette mini-série (1961-1970)

👉 Retrouvez le troisième épisode de cette mini-série (1970-1974)

👉 Retrouvez le quatrième épisode de cette mini-série (1975-1976)

👉 Retrouvez le cinquième épisode de cette mini-série (1976-1981)

👉 Retrouvez le sixième épisode de cette mini-série (1982, de la fièvre verte à la caisse noire)

👉 Retrouvez le septième épisode de cette mini-série (1983-1987)

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