Y a t-il un pilote dans l'avion ASSE ?

Club | Publié le par Evect | 77 commentaires

Il y a quelques semaines, les Magic Fans déposaient une banderole à l'entrée de L'Etrat sur laquelle on pouvait lire : "C’est l’histoire d’un club mythique qui tombe d’une division. Les dirigeants, au fur et à mesure de la chute se répètent sans cesse pour rassurer : « jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien » Mais l'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage." 

Un hommage au film culte La Haine de Mathieu Kassovitz, qui fait sens avec la situation du club depuis de trop nombreuses saisons. En crise depuis l’exercice 2019-2020, arrêté de façon salvatrice par l’épidémie de COVID-19. Depuis, l'AS Saint-Étienne a connu de nombreux changements sur son banc, sur le terrain, en coulisses, mais continue inexorablement de chuter et ses dirigeants semblent bien incapables de porter un projet de reconstruction clair et défini. 


En acceptant le poste de président exécutif de l'ASSE en juillet 2021, Jean-François Soucasse a endossé un costume plus large lui permettant d'élargir son champ d'action et d'avoir la main sur la partie opérationnelle du club. C'est lui qui a fait le choix d'introniser Loïc Perrin pour gérer la politique sportive de l'ASSE puis qui a propulsé Samuel Rustem dans le rôle de directeur général adjoint en charges des activités sportives, pour former le fameux triumvirat, cité à longueur de conférence de presse et amené à présider aux destinées du club. Seulement voilà, la chute d'un monument du football français semble inexorable, les mêmes erreurs se répètent inlassablement, résultats médiocres, les mercato eux, sont jugés insuffisants et inefficaces par des supporters qui à défaut d’exprimer avec fermeté leur mécontentement cette saison en soutien à Batlles... s’agacent. Avec 12 victoires en 58 rencontres sur les deux dernières années, l’ASSE connait une des plus grandes périodes de disette sportive de son histoire. À qui la faute ? Médiatiquement, visiblement pas grand monde au sein du club. 

Niveau communication, le front est assuré par les coachs, en l’absence de présidence sur le plan médiatique. Claude Puel avait dû porter sur ses épaules tout le poids de l'échec du club, laissé seul dans la tempête par Jean-François Soucasse qui finissait par prendre la parole dans une radio locale quelques jours avant le licenciement de Puel. Son successeur, Pascal Dupraz, répétait à l'envie le formidable environnement dans lequel il évoluait et ce rapport quasi-fusionnel avec ses dirigeants, évoquant inlassablement la relation optimale entre le triumvirat et le sportif. Le technicien haut-savoyard a ainsi pu jouir d'une totale liberté médiatique, six mois de conférence de presse, où le football n’a pas tellement eu sa place dans les échanges avec la presse. Une omniprésence médiatique néfaste pour l'image du club qui a agacé jusqu'en interne, mais qui a permis de braquer les projecteurs sur le natif d'Annemasse qui est resté, à son tour, seul dans la tempête lorsque le vent a tourné. Entre représentation, spectacle et malice avec les médias nationaux, Dupraz a donné le ton d’une communication non-maitrisée, privée de l’expérience et du réseau de Phillipe Lyonnet, ancien directeur de communication du club, évincé par Jean-François Soucasse à l’automne 2021, les deux hommes ne se supportant plus.

La fin de la période Dupraz se terminait par une fuite médiatique, le club se réfugiant derrière le communiqué des actionnaires de l’ASSE, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, quelques minutes seulement après la descente des Verts en L2, et alors que devant le stade, la gronde des supporters se faisait sentir. Dupraz, n’a jamais assumé la responsabilité sportive de la descente, Soucasse, Rustem et Perrin non plus, où très partiellement, plusieurs mois après le barrage retour face à Auxerre. Nouvel acte manqué de communication.


À l’aube de la saison 2022/2023, Laurent Batlles arrive pour reconstruire, avec une belle cote de sympathie dans le Forez. Un choix attendu par les supporters et une nouvelle page qui semblait pouvoir s'ouvrir. Un début de saison délicat où le coach Batlles a montré très rapidement les limites d’un club où chacun à un mot à dire sur la gestion sportive de l’effectif. La promesse tenue à Green, l’éviction de Charles Abi, des joueurs invités à quitter le club, Batlles a dû composer les deux premiers mois de son mandat avec des contraintes et un mercato conséquent mais encore très timide financièrement, alors que la promesse d’un effectif renouvelé dans son intégralité laissait penser à d’autres perspectives. C’est en tout cas ce qu’on a expliqué aux supporters toute la saison dernière à travers les rares sorties presse de la direction. Ce flou total sur la situation financière du club, souvent présentée comme bonne, voire excellente se répercute avec de maigres investissements sur le mercato d'été, où le club n'a par exemple pas pu s'aligner sur la prime à la signature proposée par Sochaux à Ibrahim Sissoko, attaquant libre convoité et priorité de l'ASSE, ou la récente proposition famélique pour obtenir la prolongation du meilleur buteur et passeur de Ligue 2, Jean-Philippe Krasso poussent à l’interrogation. Avec 23 départs et 11 arrivées, les Verts ont recruté pour 3,5 millions d’euros, loin des annonces de l’été. 

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Les changements successifs sur le banc ont permis de montrer que le mal était bien plus profond. "Tombé sur le flan, giflé des marées", le club peine à se relever dans cette énième crise. Niveau communication, l’entraîneur, pourtant habile dans l'exercice est laissé seul au front, encore ! Seul Loïc Perrin apporte un soutien timide à son entraîneur avec une présence régulière en conférence de presse et quelques échanges avec les médias présents. 


Si le grand ménage espéré avec la descente a eu lieu dans l’effectif professionnel, rien du côté de l’État-major stéphanois... Confirmé ! L'ombre des co-actionnaires du club continue d'errer dans les couloirs de L'Etrat. Avec elle, une influence néfaste qui vient parasiter tout travail de reconstruction de l'ASSE. Conséquence d’une direction bicéphale de près de 20 ans qui a fait des émules et des petits au sein du centre sportif Robert-Herbin. Car ce tableau noir de la situation dressé ne peut que se conclure par le point névralgique des maux de l'AS Saint-Étienne, incarnés par les co-actionnaires du club Bernard Caïazzo et Roland Romeyer. Les deux hommes sont la cible des supporters depuis de nombreuses années, leur mauvaise entente cordiale ayant poussé le club dans une nouvelle ère d'instabilité à tous les étages. Christophe Galtier a été l'arbre qui a caché la forêt durant de nombreuses saisons. Personne après lui n'a été en mesure de composer dans la durée avec cet environnement vérolé. Exilé à Dubaï, Bernard Caïazzo n'a plus mis les pieds depuis deux ans à Saint-Étienne. L'homme d'affaires né à Alger semble enclin à passer la main après s'être montré réticent par le passé... mais pas à n’importe qui et surtout pas aux repreneurs ayant les faveurs de Romeyer. De son côté, Roland Romeyer ne semble toujours pas prêt à couper véritablement le cordon. À trop vouloir protéger ce qu'il considère comme "son club" d'un repreneur mal intentionné, l'homme d'affaires ligérien en a oublié de constater que son navire, "battu par les vagues, rongé par la mer", prenait l'eau de toutes parts, coulant doucement mais sûrement vers le fond, pendant que l'équipage tente désespérément et maladroitement d'écoper pour sauver ce qui peut encore l'être.

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