Saint-Etienne, Bastia et Tarantaise

Pros | Publié le par Occitan Vert | 3 commentaires
Je m’en souviens très bien, c’était en juillet 94. J’étais à la recherche d’un bouquin, (sur l’ASSE), à la bibliothèque municipale de St Etienne, quartier Tarentaise. Une employée me conseilla de m’adresser au magasinier, il irait me le chercher aux archives. Quand je me suis retrouvé face à lui, je suis resté stupéfait ! ! Devant son regard interrogatif j’ai simplement demandé :
« Vous n’êtes pas M. René Ferrier ? ».
« Vous m’avez reconnu ? » avec un grand sourire.

RenĂ© FerrierComme si ça ne lui arrivait pas souvent. Bien sûr que je l’avais reconnu, il était de ceux que l’on enviait étant enfant, Pierre Garonnaire était allé le chercher à Cusset, dans l’Allier, ou un synthétique porte son nom désormais. C’était en 1955, l’année suivante il participera au titre de champion de la CFA. Il restera 10 ans à l’ASSE. Champion de France en 1957, avec Abbes, Domingo, Rijvers, Mekloufi, N’Jo Léa, les Tylinski, des gamins pour la plupart.
Il était des premières heures de l’ère Rocher. Coupe de France en 1962 mais descente en D2. Titre et remontée l’année suivante pour un sacre immédiat en 64. ! Vous le croirait ? Ce Monsieur, qui se morfondait, disait-il, à la bibliothèque, avait été 24 fois international, ce qui était déjà bien à l’époque, et même, capitaine de l’Equipe de France.

Je n’avais pas que des bons souvenirs de lui, et je ne me suis pas privé de le lui dire, au cours des conversations que nous aurons par la suite. Il était (avec Herbin) du naufrage du 1er Euro en 1960 ! L’équipe de France avait été sortie en ½ finale devant la Yougoslavie 4-5 après avoir mené 4-2 à un quart d’heure de la fin ! C’est à la radio que j’avais suivi le match ! Il était aussi présent à Sofia, l’année suivante, quand un arbitrage scandaleux, honteux, nous priva du mondial au Chili.
Pire ! En 62, c’est lui qui, en Coupe, avait qualifié l’ASSE face à ma ville natale, Sète. C’est vrai qu’elle évoluait en PH. Ça il ne s’en rappelait même pas ! Moi si, j’étais présent au 1er match (1-1) ! C’était un excellent milieu de terrain, un travailleur, bon technicien. Il quittera le club en 1965, pour terminer sa carrière à Bastia, ou il joua 4 saisons, et avec qui, il remporta un titre de D2.
Il m’avait avoué qu’il en avait marre de bosser là, pour le SMIC, et qu’il attendait impatiemment la retraite. D’un autre côté, il appréciait et était reconnaissant, qu’on lui ait trouvé ce job. « Tout le monde est sympa avec moi » disait-il. Il n’en aura pas profité longtemps de la retraite. Il s’est éteint l’année de gloire du football français en 1998, presque dans l’indifférence générale. Il allait avoir 62 ans. Il avait été, selon lui, mis à l’écart, par le monde du football. Il n’allait jamais à Geoffroy-Guichard se contentant de suivre les matchs sur son « transistor » ! Il faut dire que son après-carrière fut délicat et pas toujours irréprochable. Il le savait ! Ferrier ne rimait pas souvent avec Perrier, mais cela n’empêche pas le respect.
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