S. Stassin : "Cet été c'était la folie autour de Lucas, sans exagérer"

Mercato | Publié le par Paul. R | 27 commentaires

Invité de Sacha Tavolieri, le père de Lucas Stassin s’est livré sur le monde du football mais aussi longuement sur l’arrivée de son fils à l’AS Saint-Étienne, tout en évoquant les velléités de départ de Lucas lors du dernier mercato.        

Journalisme ou communication, difficile parfois de mesurer pleinement la différence dans la relation entre Sacha Tavolieri et le clan Stassin. Celui qui aura beaucoup alimenté la rubrique mercato de l’attaquant belge de l’AS Saint-Étienne cet été recevait Stéphane Stassin, père de Lucas et ancien joueur professionnel, dans son émission "En OFF" pour un échange de plusieurs dizaines de minutes autour du football, évoquant longuement la carrière du meilleur buteur de l’ASSE en Ligue 1 la saison dernière et sa situation chez les Verts.


Stéphane Stassin : "J’ai toujours dit à Lucas, je m’en fous de l’argent, le principal c’est ton développement et si un jour tu as peut-être la possibilité de faire une carrière, alors on parlera d’argent. Son premier contrat chez les jeunes à Anderlecht, il n’était pas au courant de ce qu’il gagnait, on ne lui disait rien du tout. Le second pareil, il ne savait toujours pas. Il essayait de savoir, mais on ne lui a jamais rien dit, on cachait les montants quand il signait. Il est parti à Westerlo et là pareil, il n’était pas au courant. Il avait un appartement, une voiture du club et je devais lui verser 1000 ou 1200 euros sur son compte pour faire son mois. Il a juste négocié d’avoir 50% de ses primes (rires), c’est un bon négociateur. Mais voilà, il n’a jamais su son contrat. À Saint-Étienne c’était différent car sa carrière était lancée. Il est adulte, il peut venir dans les discussions et savoir ce qu’il gagne. J’ai toujours expliqué à Lucas qu’une carrière de football c’est aléatoire et éphémère, j’essaye de l’éduquer par rapport à cela dans son rapport à l’argent.

Cet été c’était la folie autour de Lucas sans exagérer. Tous les jours les agents de tous les pays m’appelaient pour travailler avec lui alors qu’il a déjà un agent. À l’usure ils essayaient de me contacter, c’était déstabilisant, tu perds la tête alors que je sais très bien comment ça marche et que ma position était claire à la base. Je pense aux parents qui ne connaissent pas le monde du football, ils doivent parfois perdre la boule. Cet été, c'était franchement une période compliquée. On essaye d’inculquer à Lucas qu’il faut de la stabilité. Je suis convaincu que des agents font très bien leur boulot. Quand tu t’engages avec quelqu’un il faut lui faire confiance, c’est souvent ce que je dis à Lucas, il ne faut pas changer toutes les quatre semaines. C’est la vie de Lucas, je lui donne mon avis mais c’est sa carrière, sa responsabilité. Pour les grandes décisions il me demande mais je ne veux pas interférer, c’est lui qui décide au final.


Quand Lucas arrive à Saint-Étienne dans un club mythique, il était très excité à l’idée de rejoindre le projet. C’est le plus gros transfert de l’histoire du club, Lucas arrive avec une pancarte et une certaine pression. Il y avait un projet de jouer le haut du tableau après quelques années, ça permettait à Lucas de grandir en même temps que le club. Ils ont fait un effort sur Lucas car ils avaient confiance en son potentiel sans pour autant lui promettre de jouer tous les matchs immédiatement. C’était parfait pour nous et Lucas ça lui convenait parfaitement. Ils ont des supporters incroyables à Saint-Étienne, il y a eu un gros engouement autour de Lucas, ils ont pensé que c’était Messi qui arrivait (rires) et c’est normal. Le foot c’est une religion pour eux, c’est leur vie, il y a une énorme attente autour de Lucas car c’est le plus gros transfert de l’histoire. Entre jouer dans un stade de D1 Belgique, et jouer à Saint-Étienne, c’est très différent. Il avait la pression, au début c’était compliqué pour Lucas. On l’a trop souvent ramené, dans les médias, au fait que c’était le transfert le plus cher de l’histoire, sans trop parler de sa valeur en tant que joueur. Il n’a pas voulu le montrer, il a continué de bosser, tout seul à 19 ans, loin de la maison. Il a bien géré, il s’est intégré.


Pour revenir sur cet été, malheureusement Saint-Étienne est rétrogradé en Ligue 2 donc tout le plan de base n’est plus le même par rapport au projet qui avait été mis en place pour son développement de carrière. Il a fallu le digérer. Ce n’est pas à cause de Saint-Étienne, ça n’a rien à voir avec ce grand club. Je comprends les supporters, ils ne veulent pas que Lucas parte et ils n’acceptent pas qu’il évoque le fait de partir. Lucas voulait rester à Saint-Étienne cet été, si l’ASSE était restée en Ligue 1, j’aurais passé un mercato beaucoup plus calme. Quand tu as 20 ans avec son profil, des sollicitations il y allait en avoir, c’est ce qu’il s’est passé avec pas mal de clubs qui le voulait pour poursuivre sur progression. Quand des équipes qui jouent la Champion’s League se présentent, tu réfléchis pour ton évolution, Lucas c’est son métier, il ne faut pas se leurrer, il y a aussi l’aspect financier qui entre en compte. L’argent n’est pas le moteur principal mais il doit aussi penser à lui. Appelons un chat, un chat. 


Saint-Étienne a acheté 10 millions Lucas, il faut être honnête, sa valeur était plus élevée après sa saison en Ligue 1, pour moi autour de 20 millions c’était sa valeur pour partir cet été. Saint-Étienne est dans son droit, dans le football c’est comme ça. En France il n’y a pas de clause de départ dans les contrats, si le club veut le faire partir pour 100 millions, ils peuvent. Ils ont voulu le garder. Lucas n’a jamais parlé dans les médias ou sur les réseaux sociaux, moi je peux, lui il n’a jamais fait de vagues. Il a eu des propositions à 10 fois, 15 fois ce qu’il gagne actuellement, avec la descente, il gagne moitié moins que son salaire de la saison dernière. Il n’a jamais rien dit. C’est un joueur de Saint-Étienne, un joueur de Ligue 2 mais il y a eu un contrecoup. Ce n’est pas une machine, ce n’est pas un robot. Peut-on en vouloir à un enfant de 20 ans d’avoir des ambitions, notamment celle de disputer la Coupe du Monde avec la Belgique ? On peut le blâmer pour cela ? C’est un rêve pour lui. Il n’a jamais exprimé sa colère, il a toujours le sourire, c’est une grande force chez lui. Il aurait pu faire des vagues dans la presse, il aurait pu parler sur le club, il a choisi de ne jamais le faire, il ne dit rien, il bosse.


Sportivement c’est logique ce qu'il lui arrive en ce moment, il ne marque plus en ce moment, c’est normal. Tout cela c’est le contrecoup de cet été, de ce qu’il a vécu. C’est un humain, c’est la première fois que ça lui arrive d’avoir un coup de moins bien. Il s’en rend compte, il m’en parle, il en parle au coach. C’est un mauvais passage qu’il doit faire passer. C’est aussi une bonne chose pour son évolution, c’est très bien ce qui lui arrive, l’équipe gagne, le mec derrière performe, il n’y a pas de Lucas Stassin dépendance. Il y a des solutions avec des joueurs qui peuvent faire gagner l’équipe et faire monter le club, ça c’est top car l’objectif de Lucas, c’est que le club monte, qu’il marque 5 buts ou 40 buts dans la saison."   


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