Qui es-tu Le Coq ?

Club | Publié le par Thomas | 6 commentaires
Exit Adidas, bonjour Le Coq Sportif, l'ASSE retrouve dès cette saison 2015/2016 l'équipementier qui l'a accompagné durant son épopée européenne. Grâce en parti au dernier numéro de Management, Evect vous retrace l'histoire de cette marque conçue il y a plus de 130 ans !

Au début des années 1880, Emile Camuset se lance dans l'importation d'articles de sport made in England, laissant de côté son métier aux chemins de fer. Passionné par le ballon rond et les cycles, il instaure une petite échoppe dans le Café des Sports, tenu par sa tante, dans la capitale de la bonneterie : Romilly-sur-Seine dans l'Aube.

En 1882, il franchit une étape en créant les Établissements Camuset : il produit désormais lui-même ses produits. La marque ne sortira de l'anonymat qu'en 1920, quand le fils du fondateur repris l'enseigne. Ce dernier lance en 1929 la marque Le Coq Sportif, optant pour l'emblème de la France afin de ce différencier des produits britanniques. 

C'est en 1948 que le gallinacé fait son apparition sur les étiquettes des produits mais le triangle l'entourant n'apparaît qu'en 1950, après la fermeture imposée par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Cette forme représente la famille Camuset : Emile et ses deux enfants Roland et Mireille. 

Le notoriété de la marque se façonne au fur et à mesure qu'elle innove. C'est notamment elle qui conçoit le premier survêtement de l'histoire (1939), alors appelé "le costume du dimanche". Elle est aussi à l'origine du premier maillot en jersey pour les cyclistes. Grâce à cette dernière invention, Le Coq devient fournisseur officiel du tour de France en 1951. Le monde s'ouvre alors au Coq ! Il devient la marque des champions comme l'écrit Roland Camuset dans un livre sur l'histoire de la marque qu'il dirigea jusqu'en 1974 : "Nous signons des partenariats avec les plus grandes fédérations internationales , fournissons les plus célèbres champions français et internationaux : Johan Cruyff, Eddy Merckx, Michel Platini, Michel Jazy, Jean-Claude Bouttier. Le Coq Sportif triomphe partout, gagne des Tours de France, des Coupes du monde de foot, des Tournois des Cinq Nations, des Internationaux de tennis et des médailles olympiques. Au début des année 1970, il a même remporté une victoire médiatique en étant la première marque sportive à faire de la publicité à la télévision !".

Alors comment Le Coq a t-il pu tomber du toit du monde ? Au début des années 1970, la marque est aussi puissante qu'Adidas, son grand rival, à la différence qu'elle est à l'agonie sur le plan financier. La faute à un projet de fusion de ses usines en un seul immense site, à Romilly-sur-Seine. Pour ce projet, la marque a réalisé un (trop) gros emprunt quand ses concurrents débutent la délocalisation. Le choc pétrolier qui augmente le coût des matières premières vient aggraver la situation au point de prendre une décision délicate : mettre la clé sous la porte ou trouver un partenariat financier. 

Vous connaissez l'option qui a été choisie ! Le Coq devient Allemand et l'enfant d'Adidas en 1974. Cette association franco-allemande fonctionnera parfaitement les premières années avec encore des victoires internationales : Coupe du monde de foot en 1982 (Italie) et 1986 (Argentine), Roland-Garros avec Yannick Noah (1983). "La marque était très populaire car elle équipait à la fois les plus grandes vedettes et les petits clubs amateurs. Et elle consacrait autant d'attention au maillot de l'équipe de foot d'Avignon qu'à celui de Maradona" explique David Pécard, aujourd'hui responsable du secteur industrie textile.

Mais la parfaite relation sera fortement affaiblie lorsque Horst Dassler, le patron d'Adidas décède et que Nike se développe à grande vitesse. Le Coq deviendra secondaire pour le groupe et le site de Romilly ferme ses portes en 1988. Adidas rétrocède les droits d'exploitation puis entièrement en 1995 à l'américain Brown Shoe. S'ensuit une descente aux enfers malgré plusieurs tentatives de relance. Le Coq est déplumé et ne chante plus. 

Il va miraculeusement retrouvé sa voix quand un fonds d'investissement inconnu résidant en Suisse, Airesis et un célèbre entrepreneur, Robert Louis-Dreyfus en font la gageure. "Il existait un fort déséquilibre entre sa notoriété et son chiffre d'affaires" déclare le patron d'Airesis, Christophe Morize. Avec des anciennes gloires (Noah, Rives) et des stars montantes (Loeb, Michalak) en guise d'ambassadeurs, Le Coq veut capitaliser sur son passé. En 2009, la marque revient en France et pas n'importe où : dans le site historique et mythique de Romilly-sur-Seine. "Pour entrer, il fallait se frayer un chemin à la machette. On a reconstruit le bâtiment à l'identique avec les matériaux d'époque. Mais on a complètement modernisé l'intérieur et on a posé de grands plafonds en verre pour faire entrer la lumière" explique David Pécard. 

Le retour sur le Tour de France en 2012 et dans le monde du football en 2015 est un véritable "come-back" pour Frédéric Tain, spécialiste de l'économie du sport : "Ils jouent la carte populaire et ont une vraie stratégie d'entrepreneur, à la différence d'autres légendes des années 1970 comme Fila et Tacchini.

Depuis 10 ans, le coq a multiplié son chiffre d'affaires par 4 et dépasse les 100 millions d'euros. Les chaussures (fabriquées au Portugal et en Asie) représente les 3/4 du chiffres d'affaires. L'objectif du groupe est de développer le textile afin d'arriver à 50/50 avant 2020. Chaque année, 35 000 pièces textiles sont produites et entre 700 et 800 modèles uniques (prototypes) prennent formes dans l’atelier de Romilly par les 40 salariés du site.

Le Coq Sportif et l'ASSE cherchent chacun à regagner les sommets. Et si l'association des deux faisait des merveilles ?

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