Quand Wesley Fofana était viré de l'ASSE

Anciens Verts | Publié le par Joris | 6 commentaires

Wesley Fofana a tout d'un futur très grand du football mondial. Formé à l'AS Saint-Étienne, le jeune défenseur central a même été appelé par Didier Deschamps lors du dernier rassemblement  des Bleus sans pour autant pouvoir fêter sa première sélection à cause d'une blessure. Hier soir, il était titulaire à Bernabeu face au Real. 

Sa formation du côté du Centre sportif Robert-Herbin n'a pourtant pas été un long fleuve tranquille comme le racontent ses anciens formateurs et coéquipiers pour 90 Football. Wesley Fofana avait même un temps été viré de l'ASSE se souvient Mahdi Camara : "Il s'est fait virer quelques semaines si je me souviens bien et il est revenu un peu plus tard (sourire)."

Une sanction dont se souvient son ancien entraîneur Razik Nedder : "Wesley il avait une détermination au dessus de la moyenne, une agressivité qu'un jeune de 12 ans normalement n'a pas forcément. C'est aussi ce qui a été difficile à gérer dans son parcours (sourire). C'est un garçon impulsif. On ne gère pas Wesley comme le reste d'un groupe. Le problème, c'était les règles : quand il y a beaucoup de règles à assimiler, c'est dur pour lui. L'idée c'était de lui dire : "Attention, tu ne respectes aucune règle." Donc l'idée c'était de lui mettre un coup de pression, de lui faire peur. Je pense que ça a marché aussi. C'est un épiphénomène, cela a été très très court." 


Philippe Guillemet, ex-directeur du centre de formation de l'ASSE, revient également sur cet épisode : "C'était un garnement ! Il était habitué à son club, ses copains. Quand vous entrez dans un centre de formation, il y a des règles à l'école, dans le vie de tous les jours, au football. Cela faisait beaucoup d'un seul coup. (...) L'AS Saint-Étienne lui a amené peut-être ce qui lui manquait. Un club c'est fait pour ça. Même si on a été obligé de sévir, on aimerait avoir beaucoup de joueurs comme lui, en terme de personnalité, d'investissement, d'esprit compétiteur. Après il a décollé, j'espère qu'il va effectuer une bonne, belle et longue carrière !"


Pour Nathan Cremillieux, son ancien gardien en formation, cette sanction a certainement été un mal pour un bien pour Fofana : "C'est peut-être ça qui a été déclencheur pour lui. Peut-être que c'était un mal pour un bien et que cela lui a donné toute la force dont il a besoin aujourd'hui."

Pour Vista il y a quelques semaine, Wesley Fofana avait lui aussi évoqué ces moments difficiles : "J’ai eu peur de ne pas réussir, il y a aussi l’aspect scolaire qui joue beaucoup. Tu n’es pas bon à l’école, il n’y a pas de foot dans les centres, tu es puni. Tous les jours c’était un combat contre moi-même. Plus les mois passaient, moins j’arrivais à me faire aux règles, j’étais loin de chez moi, toutes mes bêtises, j’ai payé cash, Saint-Étienne a pas été très bon avec moi sur ce point, j’ai même été viré pour mon mauvais comportement à l’école. Il y avait des kilomètres entre mon cadre à Marseille et celui que je découvrais à Sainté, c’est une réalité. J’ai d’abord pensé qu’au terrain, je n’avais pas compris que c’était plus global un centre de formation.

Quand je me suis fait virer, le retour à Marseille a été un choc pour moi et ma famille mais je l’ai pris de la bonne manière. Le premier jour où je je me suis fait virer, je suis parti à Air Bel pour m’entrainer, j’ai quinze ans et j’avais fait seulement 4 mois à l’ASSE. Tout le monde me regardait comme si j’avais déçu les gens, ma famille, les gens du quartier, les potes. J’avais eu ma chance et j’avais tout foiré. C’était le moment le plus dur de ma vie, je suis revenu à zéro après des efforts et des sacrifices. C’était impossible que je vive ça, donc je suis parti partout pour jouer au foot, je m’entraine dans un club avec les seniors, et je pars faire un essai à Bastia. On est à l’aéroport, le directeur du centre de formation de l’ASSE appelle : ‘vous ne pouvez pas faire d’essai à Bastia, son contrat n’est pas encore résilié’. On fait machine arrière, retour à Marseille, on discute avec Saint-Étienne, soit le contrat est résilié et je récupère l’argent de ma fin de contrat aspirant, soit je reviens. Dans la tête de ma famille, il fallait que je parte de Marseille, même si je ne devais pas jouer à l’ASSE pour les trois prochaines années. En gros va apprendre le foot et va voir c’est quoi l’école. En deux mois, Saint-Étienne me reprend.


Quand je reviens, je suis totalement différent. J’ai compris ma chance, pourquoi je me suis fais virer, pas de souci. Je suis une autre personne, ok, je ne suis pas bon à l’école, mon comportement ok, je mets des choses en place dans ma tête. J’installe une routine, être le premier à l’entrainement, je deviens un homme, ça m’a mis une vraie baffe
."


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