Projet Socios : Est-ce vraiment possible ?

Pros | Publié le par Etienne | 26 commentaires

Depuis quelques mois, un mot revient assez fréquemment dans les mots de dirigeants et animateurs de la vie du club. Ce mot c’est « socios », un mot à la base espagnol, qui s’est déporté dans nos langages, sans avoir une réelle traduction.

Mais alors, qu’est ce que c’est concrètement ? Pas ou très peu présent dans les clubs français, un nombre incalculable de fantasmes gravitent autour de cette notion, sans que l’on sache réellement comment le système fonctionne. 

Socios ?

 

Il existe plusieurs types de « socios », mais le modèle le plus répandu est le modèle espagnol. Prenons l’exemple du Real Madrid, 75 000 personnes paient une cotisation de 1000 € tous les ans. En échange, ils ont accès à tous les matchs à domicile, mais pas que. A l’image d’une entreprise dans laquelle on retrouverait des actionnaires, tous ces socios ont un pouvoir décisionnaire sur toutes les actions que prend le club.

 

Cependant, c’est plutôt le modèle de type « Allemand » que semblent privilégier les dirigeants stéphanois. Le système de cotisation ne change pas, les supporters sont propriétaires du club, mais n’ont pas en échange l’accès aux matchs à domicile.

 

Avec un système basé sur le « un homme = une voie », les socios sont appelés fréquemment aux urnes, afin de voter telle modification, d’approuver tel contrat, etc. Ils élisent également tous les quatre ans leur président, celui qui va les représenter auprès de la Ligue, accompagné d’un Conseil d’Administration classique.

 

Le Président élu n’est alors plus le propriétaire du club, simplement le dirigeant, chargé d’appliquer la politique votée par les socios.

 

Quels avantages ?

 

Les avantages de ce système semblent relativement nombreux. Ils permettent de faire rentrer une somme importante d’argent dans le club sans avoir à faire à un investisseur étranger opaque comme c’est le cas dans plusieurs clubs de Ligue 1. De plus, cela accroit la représentativité au sein des directions prises dans le club, et permet à quiconque le veut de s’investir dans la vie de son club, sur le plan financier et politique.

 

Le « projet socios » pourrait également être l’occasion de montrer à la France entière que le « peuple vert » n’est pas seulement un étendard brandit par nos dirigeants quand ils le souhaitent, mais bel et bien une vraie famille, capable de faire entendre sa voix face aux monstres financiers présents dans notre championnat.

 

Possible ou non ?

 

L’ASSE semble être actuellement le seul club en Ligue 1 qui soit réellement capable de monter un tel projet. Selon Roland Romeyer, des études auraient démontré que l’on recenserait entre un et deux millions de personnes supportrices de l’ASSE, ce qui représenterait une base largement suffisante.

 

De plus, la non-volonté de s’associer à un partenaire financier extérieur, comme c’est le cas au Paris Saint-Germain ou à l’AS Monaco, semble forcer les dirigeants stéphanois à trouver des formes « alternatives » de financement, s’ils veulent continuer à progresser dans l’élan actuel, sans trop investir de leur poche.

 

En termes de chiffres, la mise en place d’un tel projet semble également assez flou, puisque les chiffres du club ne sont pas souvent communiqués, et il est impossible de connaître la véritable somme à investir.  Si l’on considère le budget annuel de l’AS Saint-Etienne qui est d’environ 50 millions d’euros, l’investissement semble tout à fait réalisable. Afin de devenir actionnaire majoritaire "absolu", Il suffirait sur le papier que 500 000 personnes (soient 25% des sympathisants stéphanois) investissent à hauteur de 50 € / an. De cette manière, le club serait dans les mains des supporters, et ceux-ci pourraient manœuvrer les revenus restants comme ils le désirent.

 

Toutefois, cela semble relativement difficile à mettre en place. La complexité des systèmes juridiques et économiques responsables de l’ASSE semblent rendre difficile toute transaction. Les fonds actuels qui gèrent le club appartiennent indirectement à Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, car ils sont gérés avant tout par des holdings présentes en bourse.

 

De plus, le projet de réunir 500 000 personnes prêtes à cotiser une somme conséquente chaque année est-il vraiment réalisable ? Une action similaire a été lancée il y a quelques années pour le FC Nantes, mais des brouilles entre les responsables de ce projet et les dirigeants du club semblent avoir avorté le projet. Le projet est donc en attente d’un changement de direction.

 

Et surtout, est-il viable ? Dans la plupart des clubs gérés par des systèmes « socios », la plupart des investissements –une fois que le club appartient à ses supporters- sont réalisés par des banques privées, comme c’est le cas pour Real Madrid. Les banques françaises seraient-elles prêtes à mettre la main à la poche ?

 

Enfin, la mise en place d’un tel projet soulève la question du qui. Qui pour diriger la machine stéphanoise ? Quelle personnalité serait susceptible de représenter tous les socios stéphanois ? La direction actuelle étant en conflit plus ou moins déclaré avec certains groupes de supporters, on peut s’interroger sur sa future place. De plus, dans la plupart des clubs qui fonctionnent avec ce modèle, le président jouit d’une réputation nationale, voire internationale. Souvent à la tête d’empires financiers, ces Présidents n’ont pas à justifier leur crédibilité dans le monde des affaires.

 

Affaire à suivre

 

Quoi qu’il en soit, les dirigeants stéphanois semblent déterminés à essayer de mettre en place un projet de telle sorte. Il y trois semaines, Roland Romeyer déclarait dans l’Equipe que lui et les Associés Supporters avaient entamé des négociations à ce sujet, sans toutefois s’étaler sur le sujet. 

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