P. Barthélemy : La pyrotechnie cristallise les tensions

Pros | Publié le par Paul | 6 commentaires
La semaine dernière nous avions rencontré Pierre Barthélemy, avocat des supporters pour une interview en lucarne opposée. Une discussion riche et passionnée autour de sa culture Football. Aujourd'hui nous revenons sur une partie que nous n'avions retranscrit que partiellement tellement elle était complète, celle sur les supporters.

Pierre, vous vous positionnez comme la personnalité qui combat les inégalités en terme de répression à l'encontre des supporters, notamment grâce à votre travail d'avocat avec l'ANS (Association Nationale des Supporters). Existe il selon vous un compromis possible entre les tribunes et les instances de football ?
Tout à fait. Si il n'y avait pas cet espoir, cela fait quelques temps que j'aurais arrêté. Une association comme l'ANS est en train de trouver son créneau et cela implique beaucoup de travail et de monde. Il y a de la matière pour travailler.
Il existe des positions qui sont inconciliables, notamment sur la pyrotechnie qui aujourd'hui cristallise toutes les tensions entre les instances et les tribunes. Il y a beaucoup de travail à faire par le dialogue, les choses évoluent favorablement depuis que tout le monde est en mesure de se mettre autour d'une table pour discuter.
Les différents interlocuteurs s'aperçoivent qu'ils ont pas mal de points en commun et que tout ce qu'ils croient les opposer, ne les opposent pas obligatoirement. Cela nécessite du temps, ce sont des discussions sur le long terme, mais le dialogue existe, il faut s'en réjouir. C'est dans l'intérêt de tous, pour améliorer la vie en tribune. Certes tout ne sera pas résolu, mais il faut être confiant et laisser le temps et la chance au dialogue de s'installer. 

Des décisions comme la mise place place d'un référent supporter et l'expérimentation du projet "Tribunes debout" sont autant d'actions qui tendent vers une conciliation, qu'en pensez vous ?
Le projet SLO (référent supporter) met un peu de temps à se mettre en place. C'est un outil encore perfectible et malléable dans le sens où il n'existe pas encore un référent supporter type. Chacun s'adapte localement au contexte de son club.
C'est un interlocuteur offert aux tribunes qui permettra à terme une meilleure circulation de l'information entre le club et les supporters. Cela permettra d'éviter beaucoup d'incompréhensions qui résultaient d'une mauvaise communication, voir un refus de communiquer. C'est une excellente nouvelle.

Les tribunes debout, c'est la validation de la création de l'instance nationale du supporterisme. C'est un projet qui a été porté par les supporters, présenté de manière constructive aux instances et aux ministères, qui a emporté l'adhésion de tous.  C'est bien d'avoir vu que les supporters étaient écouté sur le sujet. Tout ceci s'est mis en place très rapidement dès les premières réunions de travail. C'est très rassurant sur le fait qu'il n'y a pas une opposition par principe entre les supporters, les instances et les autorités. Dès qu'il y a consensus, tout le monde avance. 

Globalement le dialogue se noue de toute part. Au niveau national notamment, grâce à l'ANS qui sensibilise les parlementaires à la question des supporters. Ainsi il est de plus en plus fréquent que des questions parlementaires apparaissent pour demander plus de précisions et de détails sur la vie des tribunes. On peut d'ailleurs souligner la récente réponse ministérielle à l'une de ces questions avec la création d'un débat en décembre 2018 au sein de l'instance nationale du supporterisme sur la question de la pyrotechnie dans les stades. c'est un grand pas en avant tant la discussion pouvait être à ce jour fermée sur la question.  

De plus la LFP par l'intermédiaire de sa nouvelle présidente, comprends qu'il faut désormais s'asseoir à la table des supporters avec l'esprit plus ouvert. Ces échanges sont incontournables. Il y aura des désaccords, on n'avancera pas sur tous les sujets, mais la discussion a le mérite d'exister, c'est prometteur. 
Enfin, c'est la même chose du côté du ministère de l'intérieur avec la nomination depuis deux ans du commissaire Mordacq à la tête de la DLNH (Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme) qui a permis de nouer davantage de dialogue. C'est positif, même si une fois encore, je le précise il subsistera toujours quelques désaccords. 
D'autre part, les effets concrets sur le terrain localement ne seront pas forcément immédiat, il faudra attendre plusieurs mois, voir plusieurs années pour que la qualité du dialogue à l'échelle nationale puisse donner du sens dans le quotidien des supporters en local.

Retrouvez la totalité de l'interview audio de Pierre Barthélemy, et (re)découvrez notre échange en lucarne opposée à cette adresse. Vous pouvez également suivre Pierre sur ses réseaux sociaux

keyboard_arrow_down Commentaires (6) keyboard_arrow_down