Néry : "Il faut que l'ASSE se mette dans la peau d'un 20ème de L2"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 4 commentaires

Formé à l'AS Saint-Étienne, l'actuel défenseur du Grenoble Foot 38 évoluant également en Ligue 2 Loris Néry s'est exprimé sur Evect. Ses vertes années, la situation très préoccupante de l'ASSE ainsi que son quotidien grenoblois, le joueur de 31 ans se confie sans détour. 

Bonjour Loris, tout d’abord comment vas-tu et comment vis-tu cette trêve inédite ?
Je trouve que c’est pas mal. Cela permet un peu de souffler quand le froid arrive. On constate souvent que nous les joueurs on en pâtit physiquement, qu’on est un peu plus vulnérables aux blessures et à la fatigue. Cela permet à tout le monde de se ressourcer, d’aller chercher un peu de chaleur dans d’autres pays et de couper un peu. On a repris lundi. On refait une mini-prépa’.

Au contraire de l’ASSE, le GF38 réalise un beau début de saison, quels ont été les mots du coach au moment de cette trêve ?
Il nous a dit qu’on n’avait pas fini les matchs allers et que donc rien n’était joué. On a fait quinze matchs donc il en reste encore pas mal. A contrario de la première partie de saison, la seconde va être longue. Il va encore falloir prendre des points et être encore compétitifs sur cette deuxième partie de saison parce qu’on a fait que quinze matchs et que cela peut vite tourner dans le foot, on le sait. On reste très lucide sur notre début de saison et sur nos performances, on a toujours le même objectif, on va essayer de repartir le mieux possible.

On vous imagine satisfait tout de même de ce début de saison ?
On est bien-sûr satisfait. On ne va pas se mentir, si on nous avait dit en début de saison qu’on serait quatrième à la coupure, on aurait signé de suite. Après on connait les conditions qu’on a à Grenoble qui vont être plus que compliquées l’hiver, le foot ça peut vite tourner. On ne s’enflamme pas, on va essayer de travailler pour bien repartir, pour prendre un maximum de points sur cette deuxième partie de saison.

Personnellement, c’est un peu plus compliqué avec trois apparitions depuis le début de saison, malgré un match complet à Sainté. Comment le vis-tu ?
À titre personnel, c’est vrai que c’est frustrant. Cette année je suis peu utilisé alors que l’année dernière j’ai fait une bonne saison, qu’on comptait sur moi en début de saison. C’est un peu particulier pour le moment mais c’est le foot. Je sais qu’à un moment donné la roue va tourner et je vais me préparer justement pour être prêt lorsque l’on fera appel à moi. Il faudra que je sois présent et que je fasse de bonnes performances pour rester sur la pelouse.  


"Émotionnellement parlant, cela a été vraiment une belle journée (...) C'était vraiment cool de revenir à Geoffroy-Guichard"


Peux-tu nous parler de ce retour dans le Chaudron ?
Cela faisait un petit moment que je n’étais pas revenu à Saint-Étienne étant donné qu’ils étaient en Ligue 1 et moi en Ligue 2. On jouait tout de même quelques fois en match amical contre eux. Le retour dans le Chaudron c’était un moment particulier, un beau moment. Il y avait le retour du public donc il y avait beaucoup de personnes de ma famille dans les tribunes aussi. Émotionnellement parlant, cela a été vraiment une belle journée. En plus, il a fait beau, on n’a pas perdu même si on a eu un match très difficile. C’était vraiment cool de revenir à Geoffroy-Guichard.

Toi qui a affronté les Verts, comment les avais-tu trouvé ?
J’ai eu le ressenti que j’ai depuis le début de la saison. C’est une équipe qui est agréable à regarder et à voir jouer. Les joueurs sont, je pense, contents d’être dans cette équipe parce qu’ils produisent un très beau football. Malheureusement, ce football ne rapporte pas de points. Le constat il est là et il est criant. Ce beau jeu, ce jeu offensif ne rapporte pas assez de points. C’est agréable à voir jouer et à pratiquer aussi. Mais nous on l’a vu face à Saint-Étienne, si on est un peu plus adroits, on peut presque plier le match en début de deuxième mi-temps et en n’ayant pas beaucoup de situations. Donc c’est ça qui fosse un petit peu le niveau de Saint-Étienne.

Tu as ressenti cette fébrilité stéphanoise face à l’ASSE ?
Clairement oui. On marque sur le coup d’envoi quasiment, sur notre première occasion. Après il y a des faits de jeu qui sont contraires. Quand on est dans une spirale négative on sait que le moindre truc va faire que cela va basculer pour l’adversaire et pas pour soi. Cela fait partie du foot. Je ne veux pas donner de leçons à qui que ce soit et je ne me permettrai pas d’en donner à Lolo Batlles ou à d’autres. Mais à un moment donné, je pense qu’il faut que l’ASSE se mette dans la peau d’un 20ème de Ligue 2. Nous on l’a vu l’année dernière, quand on était dans le dur, on s’est remis dans des bases de combat, de premier et deuxième ballon. Même si on était moins séduisants, moins beaux à voir jouer. Mais maintenant il faut qu’ils prennent des points, il va donc peut-être falloir changer quelque chose.

Les Verts ont été moins séduisants sur les derniers matchs mais toujours avec les mêmes maux. Comment l’expliquer ?
Il y a du psychologique et comme je le disais, quand cela fait un an et demi que tu es dans une spirale négative, c’est très compliqué de s’en sortir. Moi je l’ai connu à Valenciennes quand on est descendu, l’année d’après on se sauve à la dernière journée de Ligue 2. À la mi-temps, on était en National… Pourtant on avait une équipe comme Saint-Étienne avec des noms, Le Tallec devant, une grosse équipe… Quand on est dans une spirale négative, les joueurs doutent, sont en manque de confiance, le moindre fait de jeu est contre toi. Les cartons rouges, les poteaux qui rentrent pour eux et pas pour toi… C’est un ensemble de chose qui fait que c’est compliqué d’inverser les choses.

Tu nous parles de cette saison compliquée avec Valenciennes, qu’est ce qui avait permis à VA de se sauver cette saison-là ?
Il y avait eu un supplément d’âme clairement. Je pense qu’il faut qu’ils prennent conscience de la situation. Ils le sont un petit peu mais la Ligue 2 est un championnat très difficile, de plus en plus. Il commence à y avoir de belles équipes. Ce qui fait la différence en Ligue 2, c’est l’efficacité. Aujourd’hui si tu n’es efficace que dans une surface, tu te fais sanctionner. Il faut retrouver des certitudes derrière en prenant moins de but. Il faut changer quelque chose, c’est bien de marquer des buts mais je pense qu’aujourd’hui il faut d’abord qu’ils pensent à ne pas en prendre. Nous c’est comme ça que nous avons raisonné l’année dernière lorsque nous étions dans le dur à la mi-saison, avec le changement de coach. Cela a été compliqué mais on s’est dit qu’on allait jouer un petit peu plus long dans un premier temps en jouant les premiers et deuxièmes ballons, tout en étant costauds derrière pour ramener au moins un point à chaque fois.

En tant que stéphanois de naissance on t’imagine affecté par la situation du club ?
Oui c’est sûr. Quand ils sont descendus de Ligue 1 je me suis que c’était peut-être un mal pour un bien de repartir à zéro, je pensais que la vente allait se faire quand même. Je me disais que c’était de bon augure, que ça allait faire un peu de ménage et qu’ils repartiraient sur un cycle neuf. Mais je vois que la vente n’est pas faite, ça rame un petit peu. Les supporters, c’est compliqué avec la direction. Les résultats ne sont pas là donc ça ne tire pas dans le bon sens. Donc oui, cela affecte forcément, moi je veux voir l’ASSE au plus haut niveau et je ne suis pas le seul. Saint-Étienne est un club mythique du championnat donc on a tous envie de le voir au plus haut niveau.


"C’est toujours pareil, on voit que Romeyer est de retour aux affaires, on a l’impression que c’est bis repetita"


Tu nous parles de la direction. Pour toi les problèmes ne sont donc pas que sur le terrain mais davantage globaux à l’ASSE ?
Bien-sûr, je pense que c’est un tout. S’il y avait eu cette vente, les supporters seraient repartis sur un nouveau mood on va dire, beaucoup plus positif. Là on voit que c’est encore la guerre, c’est compliqué, même s’ils sont derrière leur équipe comme toujours, c’est beau à voir d’ailleurs. Quand tu les vois à l’extérieur faire un parcage plein, c’est magnifique ! Je pense que cela aurait insuffler un nouveau souffle, une nouvelle dynamique. Là c’est toujours pareil, on voit que Romeyer est de retour aux affaires, on a l’impression que c’est bis repetita, c’est un peu dommage.

On parle beaucoup de cette direction bicéphale à l’ASSE, as-tu ressenti des choses particulières lorsque tu étais au club ?
Personnellement j’ai toujours eu la sensation que Roland (Romeyer) faisait ce qu’il pouvait. C’est vrai que Bernard (Caïazzo) on le voyait beaucoup moins. Romeyer on a toujours vu qu’il voulait bien faire mais cela reste des présidents qui restent supporters de leur club avant tout donc c’est parfois compliqué de faire la part des choses entre l’affectif et le monde professionnel. Je pense que cela aurait été bien qu’ils vendent autant pour eux que pour tout Saint-Étienne.

Le retour de Roland Romeyer aux affaires n’est donc pas un bon signe qui est envoyé ?
De toute façon, j’ai envie de dire que cela ne peut pas être bien pire que ce qu’il s’est passé pour l’instant. Ils sont derniers de Ligue 2, il faut que quelque chose intervienne. Peut-être que le fait que Roland remette la main à la patte va déclencher quelque chose chez les joueurs… Je demande à voir mais ça ne peut pas être pire de toute façon.

Tu as joué en pro juste après une période compliquée pour le club, quelles ont été les clés pour sortir de l’ornière à cette période ?
J’étais jeune à l’époque donc je ne me souciais pas beaucoup de l’extérieur. Mais Galtier a eu une grosse part de responsabilité dans ce redressement. Il y a eu un bon recrutement et Christophe était très proche de ces joueurs. C’était un bon coach et on voit aujourd’hui que c’est toujours le cas. C’était un tacticien qui aimait ses joueurs, qui partageait beaucoup avec eux. Quand un coach est proche de ses joueurs, ils le lui rendent sur le terrain.


"Au contraire cela devrait les motiver, en se disant « put*** il y a des gens qui viennent au stade pour nous voir jouer alors qu’on est 20ème. »"


On parle souvent du public de Sainté, peut-il inhiber les joueurs dans une telle période notamment les jeunes ?
Non je ne pense pas. Ce serait moche de tirer sur les supporters. Je pense plutôt que c’est grâce à eux que ce club en est là, que l’histoire du club est telle. C’est aussi grâce à des résultats à l’époque qui étaient au rendez-vous mais Saint-Étienne est aussi connu pour son public, pour sa ferveur. Que ça inhibe certains joueurs, moi je ne comprends pas trop. J’ai débuté jeune aussi à Saint-Étienne, cela ne m’a jamais inhibé même si j’étais dans une spirale positive on va dire, dans une équipe qui tournait un peu mieux. Au contraire, voir 25 000 ou 30 000 personne se blottir dans un stade alors que tu es dernier de Ligue 2, je ne vois pas comment ça pourrait inhiber quelqu’un. Au contraire cela devrait les motiver, en se disant « put*** il y a des gens qui viennent au stade pour nous voir jouer alors qu’on est 20ème. » Cela devrait être un surplus de motivation. C’était un rêve qui était devenu réalité pour moi. J’étais dans les tribunes, je sais ce que c’est d’être supporter de Saint-Étienne. J’avais un surplus de motivation, je savais ce que les gens attendaient et c’était à moi de tout donner sur le terrain, au moins de les rendre fiers. Après tu peux ne pas être bon, tu peux louper des choses, mais le public stéphanois ne te le reprochera jamais si tu donnes le meilleur de toi-même sur le terrain.

As-tu encore des contacts à l’ASSE ou avec des anciens joueurs ?
Oui. J’ai joué notamment avec Lolo (Batlles) et Loïc (Perrin) donc quand je les revois on discute souvent. Il y a les kinés, les docteurs et Fred’ Émile qui sont restés. Sébastien Sangnier aussi qui était à l’époque avec la réserve que j’ai bien connu aussi. En joueur, il n’y a plus personne mais je reste en contact avec des joueurs qui sont passés par Saint-Étienne à mon époque.

Tu évoquais Loïc Perrin, il est désormais coordinateur sportif du club. Le voyais-tu oeuvrer dans un tel rôle ?
À part s’il partait dans un autre club, on savait que Loïc allait avoir une reconversion dans le club. Je trouve que ce rôle lui va bien. Il est clairement dans son rôle. Au fur à mesure, je pense qu’il va de plus en plus s’imposer. Je trouve qu’il fait déjà du bon boulot même si cela ne se voit pas forcément sur le terrain. Je suis sûr que cela deviendra à Saint-Étienne quelqu’un d’aussi important qu’il a été joueur.


"Le style que Lolo' fait jouer à ses joueurs lui ressemble totalement. C’était un joueur qui aimait avoir le ballon, qui sentait le jeu"


Laurent Batlles avait déjà ce leadership d’un entraîneur à l’époque ?
Oui clairement. Surtout pour moi qui était jeune, ils nous ont bien intégré. On est arrivé avec Faouzi (Ghoulam), Idriss (Saadi) dans un groupe où les anciens étaient au top. Que ce soient lui, Sylvain Marchal, Jérémy Clément, Fabien Lemoine etc, ils nous ont parfaitement intégré. On voyait déjà que Lolo (Batlles) deviendrait un entraineur et le style qu’il fait jouer à ses joueurs lui ressemble totalement. C’était un joueur qui aimait avoir le ballon, qui sentait le jeu.

Du côté du GF38 tu es coaché par un autre ancien de l’ASSE, Vincent Hognon, quel type de coach est-il ?
C’est un coach assez défensif. L’année dernière il est arrivé quand on était un peu dans le dur, on a donc été à l’essentiel. Cette année, on a un petit « matelas » on va dire, donc on essaye de proposer un peu plus de choses. C’est un coach qui a des principes assez simples et qui n’y déroge pas selon le classement. On sait à quoi s’en tenir, tous les joueurs savent ce qu’ils doivent faire.

Que pouvons-nous te souhaiter pour cette deuxième partie de saison Loris ?
Jouer un petit peu plus, de ne pas me blesser ainsi que faire la meilleure saison possible collectivement et individuellement. Mais surtout aussi que l’ASSE s’en sorte que je puisse revenir la saison prochaine à Geoffroy-Guichard.

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