Mercato : Un marché apathique en L2, pourquoi ?

C'est un marché estival qui a débuté doucement en France et pas seulement. La Ligue 2 BKT n'échappe pas à cette apathie générale. Comment expliquer cette situation, nous avons échangé avec un spécialiste, Guillaume Duriatti, qui nous apporte son éclairage.
Recruteur pour le Racing Club de Strasbourg, puis durant plus de dix ans au Stade Rennais FC pour le centre de formation puis pour l'équipe première, Guillaume Duriatti était cette saison en poste au Football Club de Metz. Comme tout le monde, ce scout international constate que les mouvements se font encore rare avec une explication principale : "La base du problème, c'est toutes les ventes de clubs professionnels. Il y a énormément de clubs en vente en France, en Italie ainsi qu'en Espagne. Il y a ensuite ce fameux système pyramidal existant depuis plusieurs années. Tant que l'argent ne part pas d'Angleterre et d'Allemagne et donc arrive dans les autres marchés, avec des ventes importantes permettant de remplir les caisses des clubs en France pour faire quelque chose. C'est le premier problème.
Le deuxième problème, c'est que les clubs français ne mettent pas assez de moyens dans leur cellule de recrutement. J'étais récemment à Prague, Bratislava ou encore Poznan. En discutant avec les dirigeants locaux, ils m'ont confié que j'étais le premier français à venir superviser un match cette saison. Aucun club français n'est venu voir un match du Sparta Prague ou du Slavia Prague. Il y a pourtant de supers joueurs là-bas, on voit actuellement qu'il y a une belle génération chez les U21 à l'Euro. Idem en Pologne, au Lech PoznaĹ„ par exemple. Par contre, tous les clubs allemands sont là."
Autre chose pointée du doigt par notre interlocuteur, la gourmandise financière des clubs et des agents : "Les clubs sont beaucoup trop gourmands, notamment sur des joueurs avec une seule année de contrat. Ça aussi ça bloque. De l'autre côté, on a des agents qui aujourd'hui disent aux joueurs : "Il te reste un an de contrat, ta valeur transfermarkt est aujourd'hui à 5M€. Si tu pars libre, on demandera une prime à la signature de 2.5M€". Ils font tous comme ça. Tout le monde sait que transfermarkt est utilisé. Mais au départ, c'est tout de même la faute du club, qui doit être capable à un an de la fin de son contrat de dire on prolonge ou on ne prolonge pas. On l'a vu cette saison en France, beaucoup de clubs se sont dits même en Ligue 1, dans six mois j'ai lui, lui, lui ... en fin de contrat. Il va falloir vendre sauf que c'est trop tard. Les clubs étrangers ont bossé, ils ont déjà pris contact. Il y aussi le problème des clubs travaillant exclusivement avec certains agents ou intermédiaires venant se greffer dans les négociations avec des joueurs ayant déjà leur propre agent. C'est quelque chose qui devient très fréquent et qui bloque certains dossiers.
Enfin, un dernier point plus technique concerne le Brexit : "On subit encore les effets du Brexit. Depuis, les clubs anglais sont limités en terme de joueurs hors Angleterre. Ils ont tellement de joueurs en U23 et en dessous étrangers que ces joueurs là ne peuvent pas intégrer la liste des 25 pour la Premier League. Certains sont en fin de contrat cette année, ils vont partir libre mais une autre partie le sera seulement en 2024 ou 2025. Ces joueurs là savent qu'ils ne pourront pas jouer en Premier League, il n'y a pas assez de places. C'est des joueurs qui se retrouvent donc sur le marché. Ce qui créé un embouteillage de joueurs et l'autre problème, c'est que ce sont des joueurs signant des contrats pro jeune à déjà 25 000 / 30 000€ par mois. Comment tu fais en étant un club français pour aller les chercher ? Tu ne peux pas. C'est le cas pour les clubs français mais pas seulement. Il y a plusieurs éléments pouvant donc expliquer cette situation. Ça va bouger, c'est certain mais c'est un début de mercato très calme."