Les querelles entre présidents peuvent-elles empêcher la vente ?

Club | Publié le par Tibo | 48 commentaires

Cela ne date malheureusement pas d'hier, les dissensions sont nombreuses entre Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, les deux actionnaires principaux de l'AS Saint-Étienne.

Une direction bicéphale qui a dû adopter un modèle particulier pour permettre la gouvernance du club depuis plusieurs saisons comme l'explique sur Ecofoot, Didier Poulmaire, avocat d'Affaires et Président de Poulamire Avocat & Fiduciaire : "L’adoption d’une structure dualiste, c’est-à-dire avec directoire et conseil de surveillance, n’est pas la forme la plus fréquemment choisie au niveau des sociétés commerciales en règle générale, et encore moins dans les clubs de football professionnel. C’est plutôt la formule du conseil d’administration avec un président à sa tête qui est la plus usuelle. La structure dualiste peut se justifier lorsqu’on souhaite clairement répartir les rôles entre un dirigeant opérationnel, qui prend la présidence du directoire, et un actionnaire plus contrôleur, qui prend la tête du conseil de surveillance."

Cette structure a géré tant bien que mal le club, au gré des désaccords entre les dirigeants et des luttes d'influences : "Il est évident que lorsque des désaccords surviennent entre le directoire et le conseil de surveillance, ceux-ci font entrer la société exploitant le club dans une situation de tension qui peut même déboucher sur une crise. Dans le cas de l’ASSE, on peut quand même remarquer que la cohabitation des deux actionnaires dans leur rôle respectif a plutôt été bien gérée pendant de nombreuses années." note tout de même cet expert. 


Mais si les tensions entre les deux hommes se sont estompées durant les années Galtier, le départ du récent entraîneur Champion de France a entraîné un retour de flamme à ce niveau-là. Pour Didier Poulmaire : "La communication récente des deux actionnaires sur la volonté de vendre peut être vue comme l’aboutissement de cette période de tension voire de divergence profonde sur l’avenir du club. Sans compter que les deux actionnaires ne sont pas dans la même situation professionnelle et personnelle, et que leurs attentes respectives en relation avec l’avenir du club peuvent donc diverger sensiblement."

Les difficultés du club à trouver un nouvel actionnaire peuvent-elles dès lors s'expliquer par cette difficile gouvernance bicéphale ? La réponse est non selon l'Avocat : "Je ne suis pas convaincu que les tensions dans la gouvernance puissent expliquer les difficultés éventuellement rencontrées pour vendre le club. L’ASSE est plutôt une très belle marque du football français et dispose de nombreux atouts pour séduire des investisseurs. Lorsqu’un acquéreur procède à l’achat d’un club, la gouvernance est entièrement modifiée et sera constituée des personnes clés mises en place par le nouvel actionnaire propriétaire.  Donc les tensions passées ne sont pas, à mon sens, susceptibles de dissuader un acheteur de faire l’acquisition de Saint-Étienne."

Pour ce dernier, le problème est sans doute ailleurs, notamment sur le prix de vente ou les exigences spécifiques des dirigeants : "les difficultés de vendre le club peuvent trouver leurs explications dans d’autres paramètres importants pour une telle opération : la question de la valeur donnée au club par ses propriétaires, la manière dont le prix de vente a été fixé par les vendeurs et les benchmarks avec des cessions récentes, en distinguant l’avant-COVID et l’après, ou encore des conditions spécifiques posées par les vendeurs telles que le maintien d’un dirigeant dans l’organigramme futur, peuvent être des freins réels dans le processus de vente."


Source : Ecofoot

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