Le surprenant parcours de Wesley Fofana à l'ASSE

Anciens Verts | Publié le par Paul. R | 18 commentaires

Dans un portrait dressé par Assane Thiam pour Vista, Wesley Fofana s’est livré dans un document vidéo de près d’une heure. Un entretien sincère où il revient forcément sur son passage à l’ASSE ponctué d’un renvoi, d’une renaissance et de son départ controversé de Saint-Étienne. 

Wesley Fofana : "Des détections dans les clubs, il y en a eu beaucoup ! J’ai fait Monaco, Toulouse, Nice, Montpellier, Auxerre, Marseille, Saint-Étienne et Lyon, il y en a eu beaucoup, toute la partie sud, j’ai tout fait. Ils ont tous dit non (rires) ! Tous à part Saint-Étienne. J’ai fait une deuxième détection avec l’ASSE, à la base ils n’avaient pas donné suite mais ils reviennent me voir à Air Bel. Je pars trois jours sur Saint-Étienne et là on va dire... C’est le rêve. Tout se passe super bien, je suis convoqué dans un bureau et on me dit ‘on descend avec toi à Marseille, on va chez tes parents’. On arrive dans ma famille, mon grand-père n’y croyait pas, tout le monde était très surpris. Il a pris la décision de dire on attend (rires). Moi j’étais là, j’ai dit : ‘on attend rien du tout, on signe tout de suite !’ Ce qu’il faut savoir à ce moment là c’est que dans ma tête, il n’y a que l’OM, j’ai fait tous les tests chez eux depuis les U11, mais il n’y avait rien de concret, mais je voulais attendre l’OM. Ils ne sont jamais arrivés, Saint-Étienne me proposait un contrat aspirant, ça aidait aussi un peu la famille.


"À Sainté j’ai eu la chance d’avoir Mahdi Camara et William Gomis"

Mes débuts à Sainté ça a été très difficile, Saint-Étienne c’était pas évident, c’était la vraie bagarre. Je suis arrivé dans un environnement "centre de formation", très cadré avec beaucoup de règles, c’était difficile pour moi. Tout le monde est là pour réussir, il faut se faire respecter. À Sainté j’ai eu la chance d’avoir Mahdi Camara et William Gomis, qui est décédé, pour m’aider. Ce sont des mecs du sud, j’étais le petit jeune quand je suis arrivé, j’avais pas un rond dans les poches, une fausse paire de chaussures, ils m’ont gardé avec eux, ils m’ont permis d’avoir confiance et de ne pas arriver sur la pointe des pieds. Quand tu marches avec les grands, on te regarde d’une autre façon. Dans la ville aussi, ils m’ont fait découvrir des endroits importants. Je suis encore très proche de Mahdi Camara, et William voilà, ce sera pour la vie (Ndlr : William Gomis est décédé tragiquement en 2018, tué par balles).

J’ai eu peur de ne pas réussir, il y a aussi l’aspect scolaire qui joue beaucoup. Tu n’es pas bon à l’école, il n’y a pas de foot dans les centres, tu es puni. Tous les jours c’était un combat contre moi-même. Plus les mois passaient, moins j’arrivais à me faire aux règles, j’étais loin de chez moi, toutes mes bêtises, j’ai payé cash, Saint-Étienne a pas été très bon avec moi sur ce point, j’ai même été viré pour mon mauvais comportement à l’école. Il y avait des kilomètres entre mon cadre à Marseille et celui que je découvrais à Sainté, c’est une réalité. J’ai d’abord pensé qu’au terrain, je n’avais pas compris que c’était plus global un centre de formation.


J’ai 15 ans, je fais quatre mois à l’ASSE et je me fais virer !

Quand je me suis fait virer, le retour à Marseille a été un choc pour moi et ma famille mais je l’ai pris de la bonne manière. Le premier jour où je je me suis fait virer, je suis parti à Air Bel pour m’entrainer, j’ai quinze ans et j’avais fait seulement 4 mois à l’ASSE. Tout le monde me regardait comme si j’avais déçu les gens, ma famille, les gens du quartier, les potes. J’avais eu ma chance et j’avais tout foiré. C’était le moment le plus dur de ma vie, je suis revenu à zéro après des efforts et des sacrifices. C’était impossible que je vive ça, donc je suis parti partout pour jouer au foot, je m’entraine dans un club avec les seniors, et je pars faire un essai à Bastia. On est à l’aéroport, le directeur du centre de formation de l’ASSE appelle : ‘vous ne pouvez pas faire d’essai à Bastia, son contrat n’est pas encore résilié’. On fait machine arrière, retour à Marseille, on discute avec Saint-Étienne, soit le contrat est résilié et je récupère l’argent de ma fin de contrat aspirant, soit je reviens. Dans la tête de ma famille, il fallait que je parte de Marseille, même si je ne devais pas jouer à l’ASSE pour les trois prochaines années. En gros va apprendre le foot et va voir c’est quoi l’école. En deux mois, Saint-Étienne me reprend.

Quand je reviens, je suis totalement différent. J’ai compris ma chance, pourquoi je me suis fais virer, pas de souci. Je suis une autre personne, ok, je ne suis pas bon à l’école, mon comportement ok, je mets des choses en place dans ma tête. J’installe une routine, être le premier à l’entrainement, je deviens un homme, ça m’a mis une vraie baffe. À mon retour je m’entraine seul, je cours, je ne touche pas la balle. J’étais triste, je pleurais dans ma chambre mais je ne pouvais pas lâcher, c’était ma seule solution. ‘Pour eux’ ça commence à ce moment-là, je ne pouvais pas décevoir les gens de mon entourage (Ndlr : Pour eux est le slogan de Wesley Fofana, son moteur dans la vie, il l’utilise notamment sur ses réseaux sociaux). S’il faut courir six mois, je cours six mois, mentalité de chien. Ils commencent à payer mon contrat aspirant, je savais qu’il allait arriver un moment, il fallait que je reste nickel jusque-là. Irréprochable, aucune erreur. Ce moment arrive... je retourne avec les U16, je joue quelques matchs et puis match face à l’ETG en U17 nationaux. Le coach vient dans ma chambre, ‘demain tu joues en U17’. C’est ma deuxième chance, je suis de retour dans le game. 


Je fais la saison avec les U17, on fait finale chez les jeunes contre le PSG et la saison d’après je rencontre coach Sablé avec les U19, je suis surclassé. J’ai 16 ans et il se passe beaucoup de choses cette saison là. Je fais mon premier entraînement pro avec Oscar Garcia, tu touches un peu les choses, t’es pas encore arrivé mais tu commences à entrevoir tes objectifs. Ensuite il y a eu la Gambardella et ce premier contrat pro.


L’ancien défenseur stéphanois boucle sa page autour de l’ASSE avec le récit de son départ, qui avait fait beaucoup parler à l’époque, certains supporters lui reprochant de quitter le club pour de l’argent : "Après la finale de Coupe de France contre le PSG, Leicester arrive. Je suis encore un petit jeune, je ne pouvais pas encore imaginer un club anglais à ce moment-là. J’ai toujours aimé ce championnat, mais quand c’est arrivé, j’étais pas prêt et je ne m’y attendais pas. Quand ça arrive il ne faut pas être faux, il faut dire la vérité, tu as une offre qui arrive sur la table, c’est un club avec un bon projet mais aussi financièrement tu sais aussi que ça y est, il n’y a plus de problèmes. À Saint-Étienne, je gagnais bien ma vie, il ne faut pas se mentir mais à Leicester, tu rentres dans une autre dimension. Tu investis, tu peux acheter des maisons pour ta famille, tu peux mettre tout le monde à l’abri, vraiment tout le monde. Je parle de toute ma famille, mes amis, ceux qui sont là depuis le début. C’est ce que j’ai essayé d’expliquer, qu’on dise que je ne pense qu’à l’argent, ça ne m’a pas touché, les gens prennent les choses comme ils veulent. Je suis joueur de foot, c’est ma passion mais c’est aussi mon travail, c’est ce qui me fait gagner ma vie. Quand l’offre arrive sur la table, tu réfléchis à tout ça, mais si tu te blesses ? Tu y penses, ok tu restes avec ton salaire de Saint-Étienne mais c’est pas pareil que de se blesser avec le salaire de Leicester. En plus je me blesse réellement avec Leicester après une belle saison, celle de la confirmation. En un claquement de doigt, tu peux revenir à zéro."

Retranscription Evect.fr

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