Le douanier de Glasgow

Pros | Publié le par Occitan Vert | 15 commentaires
Quelle fierté de pouvoir dire « j’étais à Glasgow ! » C’est le privilège de mon âge que tous les jeunes supporters stéphanois connaissent ça un jour. Et pourquoi pas ? Mes moyens étant limités, j’avais profité d’une offre avantageuse, proposée par un bar du centre-ville, (aujourd’hui disparu), pour assister à cet évènement qui mobilisa la France entière.

500 francs (un peu plus de 75€),  place de match comprise, avec quelques sandwichs offerts. Ce n’était pas cher même pour l’époque.

Ah bien sûr, c’était en Bus. 3 jours de congés nécessaires. Les RTT n’existaient pas, et les cars étaient loin d’être aussi confortables qu’aujourd’hui. Peu importe, on y serait allés à pied ! Je vous passe les péripéties du match que tout le monde connaît. Malgré l’immense déception, nous venions de vivre un évènement inouï : Tous les accents de notre pays étaient représentés en Ecosse, tous revêtus de Vert, et pour tous la même fierté : Notre football enfin dignement représenté.

Au moment de quitter Glasgow, après la tournée des Pubs, certains, 2 ou 3,  manquaient à l’appel ! Plus d’1 heure après l’horaire convenu, le chauffeur, décida qu’on ne pouvait plus attendre, il ne fallait pas rater le bateau ! J’ai su qu’ils étaient rentrés quelques jours après, par leurs propres moyens !

Le retour, bien entendu, parut beaucoup plus long. Le coup franc de Roth était passé par là. Mais,  tout ce beau monde se réveilla  dans le bateau justement. Certains, pour des allers retours répétés aux toilettes ! D’autres, beaucoup plus nombreux, pour dévaliser la boutique Duty Free où tous les produits vendus étaient détaxés. Je n’en ai pas vu acheter du pudding ou des statuettes des Horse Guards. Mais scotch, whiskies  et tout ce qui brule, incroyable !!!

Des sacs de sports bourrés et des cartons entiers ! On ne pouvait plus mettre une canette dans la soute de l’autocar. Entre 300 et 400 bouteilles c’est sûr ! On était une quarantaine ! Quelques-uns, très peu, avaient bien pensé qu’il faudrait passer la douane, très sévère à l’époque. Mais bon, les douaniers devaient bien avoir attrapé, comme tant de français, « la fièvre verte » !

Sauf que, celui qui est monté dans le car, à notre arrivée à Boulogne, semblait plutôt avoir attrapé… la gastro.

Il se tenait debout, à côté du chauffeur ! Un regard glacial, les lèvres serrées. La tête d’un type, qui sait qu’il va devoir passer le week-end end chez sa belle-mère. Dans le car, un silence de mort ! Il scrutait les rayonnages au-dessus de nos têtes, puis dévisageait ceux qui étaient en dessous. Tout le monde y est passé, et tout le monde pensait la même chose : « S’il va voir dans la soute, on n’est pas encore à la maison ! ». Plus il nous regardait, plus la gastro semblait le rattraper ! Je commençais  à me demander si on n’était pas tombé  sur un irréductible lyonnais !

Et puis, brusquement… son visage s’éclaira d’un large sourire :

-  « Il y a en a bien un qui me donnera un drapeau des Verts ! »

En une seconde, au moins 30 drapeaux lui étaient proposés ! Il en choisit 2 ou 3 et reparti tout content, très fier de son coup, et accompagné d’un « allez les Verts » général …et  de soulagement ! Lui aussi avait bien attrapé la « Fièvre verte » ! Je conserve chez moi, précieusement, l’affiche qui, dans le bar, annonçait le voyage ! Elle a encore  plus de valeur aujourd’hui, car à l’époque, nous étions tous persuadés, qu’il y aurait, pour nos Verts, d’autres finales et d’autres affiches !
keyboard_arrow_down Commentaires (15) keyboard_arrow_down