L'ASSE, un club exceptionnel... mais qui épuise ses entraîneurs
Discret bras droit de Laurent Batlles à l'AS Saint-Étienne, Emmanuel Da Costa est actuellement à la recherche d'un nouveau challenge, en qualité de numéro 2 si Laurent Batllès l'appelle ou comme numéro 1. Il s'est longuement confié dans une interview accordée à 13heuresfoot.
Au cours de cet entretien, il est notamment question de son passage à Saint-Étienne et de son adaptation au poste de numéro 2 dans le staff de Laurent Batlles : "Numéro 2 à Clermont comme je l’ai vécu, non, mais numéro 2 comme à « Sainté », oui. À Saint-Étienne, Laurent me faisait confiance. Il me laissait exister, notamment dans les séances que je proposais, on était en phase là-dessus, tout en restant à ma place. Je pouvais ne pas être d’accord avec lui, c’est normal, mais nous avions des discussions en tête à tête. J’étais vraiment dans mon rôle d’adjoint. J’avais connu ça au début de ma carrière avec Eric Garcin au FC Rouen, en National. Mon rôle était celui d’un facilitateur au quotidien. Quand il y a eu des moments de turbulences à « Sainté », et comme j’ai du caractère, un peu beaucoup même, certains voulaient que j’intervienne un peu plus. Mais je m’interdisais cela. Je ne voulais pas mettre d’interférence entre Laurent et ce qu’il véhiculait, et moi.
Lors d’un de nos premiers matchs amicaux, contre Thonon Evian GG, sur un de nos terrains d’entraînements, il y a un duel, et je crie « gagne, gagne » et là, Laurent me recadre, « Manu »… Voilà, il fallait que je m’adapte aussi à lui et à la situation. C’est normal. Le rôle d’adjoint, ce n’est pas juste mettre les coupelles. C’est faire réfléchir ton numéro 1. Avoir des débats avec lui s’il le faut, avec intelligence et discrétion. En fait, tu as tous les avantages du numéro 1, sans les inconvénients. Je ne discutais ni avec les médias, de toute façon j’étais réticent à l’idée d’aller devant la presse, ni avec les dirigeants. Moins on parle d’un adjoint, mieux c’est. Je n’avais pas besoin de ça. La seule chose qui pouvait me manquer, ce sont les causeries, et tu sais que j’aime ça ! Mais je prenais du plaisir à travailler."
Son passage à Saint-Étienne est résumé en une phrase : "Exceptionnel. Mais ça te pompe une énergie incroyable". Le technicien résume en quelques mots la spécificité du club du Forez : "C’est exceptionnel. Mais ça te pompe une énergie incroyable. Quand tu vas faire tes courses, les gens te disent : « Il faut gagner ce week-end, hein ! » ou alors « vous êtes nuls ! ». Ils parlent comme ça, ils sont cashs, sans filtre. Je vivais à Saint-Galmier, dans un village très calme, mais tout le monde me reconnaissait quand même, beaucoup plus qu’à Rouen, t’imagines ! À « Sainté », on n’avait pas le droit à l’erreur. Cela pouvait être magique quand tout allait bien, comme la 2e partie de notre première saison, quand on marchait sur l’eau, et la deuxième année, c’était les montagnes russes. Quand on perd 4 ou 5 matchs d’affilée, c’est l’enfer, mais il faut accepter ça, parce que c’est un gros club, populaire. Je comprends aujourd’hui les entraîneurs qui passent dans ce type de club et qui disent qu’ils ne peuvent pas y rester dix ans, cela pompe tellement d’énergie !"