Jérémie Janot : "La concurrence ne m'a jamais dérangé"

Anciens Verts | Publié le par Judi | 5 commentaires

Deuxième volet de notre échange avec le Spiderman Forézien qui nous explique comment il a commencé à tisser sa toile dans le but stéphanois.

Au terme de cet apprentissage, comment s'est déroulée votre intégration dans le monde professionnel ?
"Ce qui se passe, c'est que lorsque je deviens gardien de la réserve en 1995, je commence à m'entraîner avec les pros. Je me rappelle d'un entraînement la saison précédente avec Joseph-Antoine Bell, Robin Huc Grégory Coupet. Et là, je prends une claque. Je suis un gamin, et je suis devant un mythe avec Bell. 42 ans, et jamais un gardien ne m'a mis minable comme lui. Tu vas te doucher, et le mec torse nu, c'est un gladiateur. Ce jour-là j'ai mesuré le travail qu'il fallait pour être un gardien professionnel. Et ensuite, dès que je pouvais, j'allais les voir pour apprendre. Greg part à Lyon, Gilbert Ceccarelli prend la suite. Il ne démérite pas, mais il y a eu plusieurs défaites de suite, et quand c'est comme ça, c'est le gardien qui trinque, ça aussi je l'ai appris avec l'expérience. Quand le gardien saute, l'entraîneur n'est pas loin aussi."


"On me dénigrait"


On vous a toujours mis des gardiens pour venir vous chercher, de quelle manière l'avez-vous géré ?
"Tu es tout le temps en concurrence à ce poste. Personne ne peut être installé avec un chèque en blanc, et prendre le club en otage quelque part. Dans de très rares cas le numéro 2 devient numéro 1. C'est toujours le numéro 1 qui perd sa place. Tu peux être le meilleur numéro 2, si le numéro 1 fait le job, il n'y a aucune raison que les choses changent. La concurrence ne m'a jamais dérangé en soit. Ce qui me dérangeait, c'est quand on faisait venir un autre gardien, et qu'au lieu de le valoriser lui, on me dénigrait. Ce qui est important, c'est d'instaurer une concurrence saine dès le départ, en fixant des règles. Maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, je comprends certaines choses. Quand tu fais des choix, forcément ça déplaît. Celui qui dit oui tout le temps, il n'a jamais de problème, mais quand il faut dire non, c'est là que ça se complique."




Selon vous, il est plus simple que les rôles soient définis. Pour autant, il y a un contre-exemple avec le Barça.
"Quand il y a un numéro un et un numéro un bis, ce n'est pas clair. À un moment donné, Arsenal faisait aussi cela avec Cech et Ospina, Paris aussi, cela crée des trucs compliqués. Ce sont des grands clubs, et il est régulièrement évoqué la fraîcheur mentale des gardiens. C'est quelque chose que je peux comprendre, mais il faut prendre en compte aussi les automatismes avec les défenseurs qui se créent. J'ai aussi un peu de mal à croire qu'un gardien qui ne joue pas un ou deux matchs de championnat, et se retrouve d'un coup dans un match de très très haut niveau en Ligue des Champions, parvienne à se replonger tout de suite mentalement. À mon sens, il faut avoir un numéro 1 que l'on rassure, en lui expliquant qu'il ne sautera pas à la première erreur, mais qu'il doit savoir que derrière il y a un mec qui va tout donner pour s'imposer. Je pense que l'émulation se crée comme cela."


"Ça me sert dans mon nouveau métier"


Vous avez connu un peu cela Jody Viviani qui vous a pris votre place.
"Il y a une espèce de règle qui est plus ou moins connue. Quand un gardien se blesse en compétition, lorsqu'il revient, généralement, il doit rejouer, car il ne perd pas sa place pour contre-performance, mais sur blessure. Pour le coup, en plus, c'est après une victoire sur Rennes. Quand je reviens, donc, Jody est performant, et c'est vrai qu'il ne mérite pas de sortir. Il finit la saison, on accroche l'Europe. Cependant, je pense que je mérite de démarrer la saison suivante, tout en étant sous pression avec les performances de Jody, ce qui est normal. Résultat, que s'est-il passé ? Douze premiers matchs, une majorité défaites et j'ai repris ma place. Je savais que ça allait se passer comme cela. Ça me sert dans mon nouveau métier. Par exemple à Valenciennes, il y a eu le même cas avec Penneteau et Ndy Assembe. Le premier se blesse, le second fait un intérim extra-ordinaire, Penneteau est compétitif, il revient mais sans droit à l'erreur."

Selon vous, ce genre de choix doit revenir au coach ou à l'entraîneur des gardiens ?
"C'est toujours le choix du coach au final, mais ça peut se faire en consultation avec l'entraîneur des gardiens. Ce rôle est défini par le coach. Certains ont besoin seulement de quelqu'un pour échauffer le gardien, et d'autres qui échangent là-dessus comme Francis Gillot ou Olivier Guégan."


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