Jean Luc Dogon : "un tremplin pour une génération"

Formation | Publié le par Paul | 12 commentaires

Alors que la saison reprend ce week-end, EVECT est parti à la rencontre de trois coachs de la formation stéphanoise. Premier entretien avec Jean-Luc Dogon, entraineur des U19. 

Comment vous sentez-vous à Saint-Étienne après cette première courte saison chez les Verts ? 

A priori je n'ai pas eu le droit à un hiver trop dur (sourire), tout se passe bien ici, les conditions de travail sont sympas, l'ambiance au sein des encadrants de la formation est bonne. J'ai un groupe de joueurs de qualité, j'aurais aimé que l'on aille au bout du championnat. Nous avions les moyens de disputer les phases finales, cela aurait été sympa pour eux. Après la défaite en Gambardella, il nous restait ce challenge en championnat, les garçons étaient concernés, ça travaillait bien, c'est dommage qu'on ne soit pas allé au bout de la saison. 

"Un tremplin pour une génération"

Vous avez justement remporté ce championnat U19 avec Bordeaux, c'est une réelle expérience pour de futurs pros ?

Pour les joueurs cela apporte beaucoup de confiance, et puis c'est un peu à l'image de ce qui s'est passé à Saint-Étienne avec la Gambardella, c'est un tremplin pour une génération. A Bordeaux aussi, une partie de l'équipe championne a signé des contrats professionnels. Les joueurs aspirent à être des compétiteurs, cela permet d'appréhender une certaine mentalité, celle d'avoir envie de gagner. C'est essentiel s'ils veulent un jour jouer au plus haut niveau, tout part de la formation. 

Pour un coach c'est forcément une satisfaction, nous aussi nous sommes des compétiteurs, c'est important pour les joueurs d'avoir un entraineur qui a envie de gagner.


Votre parcours en tant que footballeur* est un plus pour vos joueurs dans votre rôle d'éducateur ?

Ce n'est pas primordial mais je pense que c'est un plus, on n'est pas obligé d'avoir fait une carrière professionnelle ou d'avoir gagné des titres pour être un bon formateur. Il ne faut pas se leurrer sur le rôle de la formation, si on ne propose rien d'intéressant aux jeunes, on a beau avoir été ballon d'or, il ne se passera rien. Mais indéniablement c'est un plus. C'est toujours plus facile d'en parler aux joueurs, je me souviens toujours de notre victoire en Gambardella avec Laval, dans la transmission, cela apporte forcément.


En une saison, avez-vous réussi à mettre en application vos principes de jeu chez les U19 ? 

Avant de venir à Saint-Étienne, nous nous étions rencontré avec Razik Nedder et Philippe Guillemet. C'était aussi une des conditions pour que je vienne, il fallait que j'adhère à leur projet. Cela correspond parfaitement avec ma façon d'entrainer, je me suis retrouvé dans le projet de la formation. Cette saison, nous avons la deuxième meilleure défense du championnat avec une des meilleures attaques. Être rigoureux derrière, avec de la folie offensivement, c'est le football que j'aime, notamment lorsqu'on se projette vite vers l'avant. 


Comment définiriez-vous votre rôle d'éducateur ?

Notre travail c'est de faire en sorte que les joueurs puissent s'exprimer avec confiance. D'abord sur le terrain, à un poste prédéfini, on s'aperçoit souvent qu'au cours de la formation, les qualités que va développer un joueur ne correspondent pas toujours au positionnement de celui-ci sur le terrain, c'est aussi notre rôle de faire évoluer les joueurs dans ce sens. Le plus gros du travail c'est celui du recrutement, nous, nous sommes là pour les orienter, pour les aider et les accompagner. Si je prends l'exemple d'un Mbappé, vous pouvez lui mettre n'importe qui, il aurait réussi. 

"On a la chance d'avoir un manager qui regarde la formation"

Des joueurs de votre catégorie évoluent désormais avec le groupe pro, c'est une satisfaction ?

Tout d'abord je suis content pour eux, pour les bonnes raisons. Ce sont des bosseurs et des bons mecs, je ne suis pas surpris de l'évolution qu'ils ont eu cette saison. Avec un entraineur ouvert sur les jeunes et sur la formation c'est valorisant, on a la chance à Sainté d'avoir un manager qui regarde la formation, qui s'appuie dessus et qui n'hésite pas à les faire jouer, c'est motivant. Notamment pour les joueurs, car ils se rendent comptent que s'ils bossent bien, avec leurs qualités, ils auront la chance de montrer ça avec les professionnels. C'est presque devenu un luxe, il y a de moins en moins de clubs où cela se déroule comme ça.


Cela donne du sens à la 4ème place du club au classement des centres de formation ?

Globalement cela reflète le travail qui a été effectué par mes collègues depuis plusieurs saisons. Tout progresse au club, les installations, les encadrants, les joueurs, c'est une bonne chose. Le plus dur c'est d'y rester, c'est très bien pour l'attractivité du centre et pour le recrutement. Après, je ne suis pas trop classement personnellement, notamment parce que l'on met beaucoup de choses dedans. Notez par exemple que William Saliba n'apparait pas dans les critères de formation par Saint-Étienne dans l'élaboration de ce classement, ce qui est quand même paradoxal.


Quels seront vos objectifs cette saison avec le groupe U19 ?

Il faudra emmener les garçons au maximum de leurs capacités. Je pense que lorsqu'on est un grand centre de formation, on se doit d'être dans les 3/4 premiers du championnat. On doit avoir cette ambition-là, et puis évidemment, il faudra aller le plus loin possible en Gambardella. L'appétit vient en mangeant comme on dit, d'abord faire un bon bilan à mi-saison et voir ce que l'on peut aller chercher sur la seconde partie de l'année.


*Jean Luc Dogon : (504 matchs chez les pros)

  • Vainqueur de la Coupe Gambardella en 1984 avec Laval 
  • Champion de France de Division 2 en 1992 avec Bordeaux
  • Vainqueur de la Coupe Intertoto en 1995 avec Bordeaux
  • Finaliste de la Coupe de l'UEFA en 1996 avec Bordeaux
  • Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 1997 avec Strasbourg
  • Champion d'Europe des Nations Espoirs en 1988
  • 20 sélections avec les espoirs, 1 sélection chez les A en 1993
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