Exclu : Janot parle de la formation "On a une école de gardiens qui n'a pas d'équivalent en France"

Formation | Publié le par Evect | 35 commentaires
Après une première partie où il nous a évoqué son départ vers l'AJ Auxerre, le légendaire Jérémie Janot a ensuite longuement évoqué la formation stéphanoise et a tiré un grand bilan de cette saison, gardien par gardien.

Interview de Jérémie Janot (2ème partie) par site_evect

Tu viens d’achever ta première saison en tant qu’entraîneur des gardiens du centre de formation, quel bilan peux-tu tirer de cette année ?

C’est un bilan plus que satisfaisant parce que j’ai récupéré pas mal de gardiens, des bons gardiens. Je pense qu’ils ont tous progressé sous ma coupe. Sur un point de vue collectif, en U16 on termine meilleure défense, en U17 on termine meilleure défense, et en U19 on termine meilleure défense. 

Ensuite, Stefan Bajic quand je le récupère sur sa première pré-sélection il est quatrième gardien en Bleu. Il termine la saison en tant que numéro 1. Quand je récupère Etienne Green, il était doublure de Nathan Cremillieux voir derrière Stefan Bajic. Il signe un contrat à la fin et il est dans les papiers de la sélection Anglaise. Nathan Crémillieux qui n’avait pas fait le tournoi de Montaigu est reparti en pré-sélection et est devenu le numéro 1. Bouallak qui n’avait jamais été international l’est devenu, il est apparu pour la première fois dans le groupe France au mois de juin. 

Et lorsque je vois la progression du petit Corentin Bariol, pur stéphanois un peu comme Etienne Green, je suis hyper-satisfait parce que ce sont des gardiens qui ont été amené à toujours jouer plus haut. Quand Bajic a joué à Saint-Priest il a été extraordinaire, lorsque Corentin Bariol remplace Etienne Green qui a mal à l’épaule et qui a l’intelligence de ne pas vouloir jouer contre le Puy, « Coco » rentre dans l’équipe et ça se passe super bien. Rayan Bouallak a été très bon en début de saison, puis a connu un trou, une blessure. Pendant ce temps-là, Nathan Cremillieux s’est faufilé, il a été très performant, il a fait le championnat d’Europe et ensuite Rayan est réapparu sur la fin et il a été extraordinaire lors du derby devant le sélectionneur Bernard Diomède. 

Après on a eu des garçons malheureux, je pense à Hugo Contardo qui nous a rejoint et qui est malheureusement pour lui, tombé sur des gardiens excellents. Il a beaucoup progressé, j’aurais aimé qu’il reste. Mais il a été très franc avec moi, il m’a demandé du temps de jeu. Je lui ai dit que c’était quelque chose que l’on ne pouvait pas garantir, à aucun gardien de but. Moi je peux te garantir de la sueur, du travail, une progression. Il m’a dit « je vous remercie coach, j’ai progressé il n’y a pas de soucis. Mais je veux du temps de jeu. » 

J’ai un peu les boules pour le petit Alexis Sevestre, gardien petit comme moi, tonique, plein de gaz, beaucoup blessé… Il a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de blessures. On lui a trouvé une porte de sortie, il devrait signer dans un club pro. Donc je suis content. On a bien travaillé, c’est une super année que ce soit au niveau individuel pour mes gardiens ou collectif. Je suis ravi, je suis content il y a une sacrée relève qui arrive ! Honnêtement, il peut y avoir trois à quatre gardiens pros, facile.

Tu viens d’en parler, il y a beaucoup d’internationaux parmi les gardiens. Comment expliques-tu cette réussite ? 

Ça tombe bien que vous me posiez cette question. Il y a un décalage entre ce que moi j’ai vu, et ce que j’ai pu entendre et lire. En 16 ans, Razik Nedder qui est pour moi le meilleur coach que l’on a au centre, premier, 19 points d’avance sur l’OL.
Peut-être la saison prochaine, il faut avoir de l’humilité dans le football ce sera l’inverse.  Mais qu’est-ce que l’on aurait entendu si l’équipe entraînée par Razik avait 19 points de retard sur l’OL ? En 17 ans, on est premiers devant l’OL et les 17 ans de l’OL c’était quelque chose. En 19 on est devant. Ce qui nous a fait mal, c’est que malheureusement, on a le savoir-faire au centre mais il faut aussi le faire savoir. 
On compte dix internationaux et je ne compte pas Jonathan Bamba… Heureusement que l’on travaille mal parce que qu’est-ce que ce serait si on travaillait bien. 

Il y a de très bons jeunes à l’ASSE, les équipes jeunes enchaînent les bons championnats. Mais lorsqu’on regarde les feuilles de match de Christophe Galtier cette année, il y a finalement assez peu de jeunes… Qu’est-ce qu’il manque aux jeunes pour franchir le cap ? 

Ça, ce n’était pas mon problème j’ai envie de dire. J’étais entraîneur des gardiens du centre. Lorsqu’on faisait une équipe le week-end, on avait des réflexions. C’est des choses auxquelles je n’ai pas assisté chez les pros. Donc je ne peux pas discuter des choix. Si j’avais assisté à ces réunions, je pourrais m’exprimer. 

Aujourd’hui, ce que je sais c’est qu’il y a Maïga qui a pointé le bout de son nez. Arnaud Nordin, Lamine Ghezali, Mickaël Nadé, Anthony Maisonnial, Kenny Rocha-Santos… Ça fait six joueurs qui ont pointé le bout. Je ne vais pas faire du Galtier bashing. J’ai eu pas mal de discussions avec lui en fin de saison, c’était un mode de fonctionnement, un mode de management. Maintenant qu’il est parti, on va voir après si le nouveau va mettre les jeunes. Moi je suis persuadé que l’on travaille bien. On est toujours jugé sur les résultats, c’est le sport de haut-niveau qui veut ça. J’étais à l’intérieur, quand je vois le travail de Razik Nedder, de Jean-Philippe Primard, de Ju Sablé, de Lolo Batllès, quand je vois les résultats, les équipes jouer, la qualité de jeu produite…

Aujourd’hui pour toi, qui dispose du plus gros potentiel au sein du centre de formation ? 

Je ne le dirais pas parce que je vais leur mettre une pression supplémentaire. Mais j’encourage simplement les gens à venir voir les équipes de jeunes à l’Etrat. Vous allez voir, je sais que sur Evect vous le faites. 

Mais je ne vais pas leur mettre une pression supplémentaire, en plus ce sont tous mes chouchous. Quand je vois les messages que j’ai reçu, ils m’ont fait chialer les gamins. Au niveau des gardiens, je pense qu’en France nous n’avons pas d’équivalent. Je ne vais même pas juger par rapport à nos internationaux. Je prends juste le cas de Corentin Bariol, qui est entre guillemet, la doublure de Stefan Bajic. Mais il est titulaire dans 95% des centres en 16 ans, je vous le dis. Il est là pour moi le savoir-faire stéphanois. On a une école des gardiens, il n’y a pas d’équivalent en France ! 
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