Et si ce n'était pas toujours la faute des supporters ?

Pros | Publié le par Thomas | 50 commentaires
Après vous avoir relaté ce matin rapidement les incidents entre supporters et forces de l'ordre qui ont éclaté devant le Parc des Sports d'Annecy, je prend un peu de temps pour vous conter ma journée, à la première personne, qui aurait pu être fort sympathique.
Afin de profiter de cette jolie ville qu'est Annecy, le départ de Saint-Etienne est programmé peu avant 10h, sans place en main, comme pour la plupart des déplacements. Après quelques détours pour récupérer des amis et compléter la voiture, direction la Haute-Savoie et son beau paysage. Un peu plus de deux heures de route plus tard, me voilà dans la préfecture de la Haute-Savoie entouré de mes amis et désireux de profiter de l'après-midi. Il fait beau, les gens sont dehors, je croise plusieurs personnes vêtues de Vert.

Après avoir mangé et s'être accordé un petit tour de pédalo sur le lac d'Annecy  en bons touristes, je continue ma visite autour du Palais de l'Isle en longeant le Thiou. J'aperçois plusieurs fourgons des forces de l'ordre, pour le moment très calmes. Le temps s'écoule et le rassemblement des groupes, Magic Fans et Green Angels, se met en place. Peu avant 19h00, le cortège débute pour parcourir en chantant les 2 kilomètres qui nous séparent actuellement du stade.


ETG - ASSE : Les supporters Stéphanois ont... par ledauphinelibere

Le cordon de CRS se met en place et nous escorte (en faisant de nombreux détours) jusqu'au parcage visiteurs. Certaines personnes des Compagnies Républicaines de Sécurité sont plus stressés que d'autres. Il nous est impossible de déposer nos bouteilles dans les poubelles le long de la route (c'est donc mieux de les jeter par terre) ni de nous arrêter pour détendre nos vessies (on doit attendre d'être dans le stade selon leurs dires) sans prendre un coup de bouclier antiémeute. Comme pour chaque cortège de Saint-Etienne, un grand nombre d'habitants locaux sortent à leurs fenêtres, sourire aux lèvres, pour nous faire signe amicalement ou nous filmer. Et oui, voir des centaines de personnes se déplacer par amour de leur club et de leur ville, ça impressionne toujours. Bref, pour le moment tout va bien malgré une envie d'uriner qui devient pressente (je vous dis tout).  

Arrivé devant le stade avec mes frères de tribunes, Magic Fans et Green Angels confondus, nous pensions comme habituellement entrer dans le parcage visiteur. Un leader annonce au mégaphone qu'il y a 300 places de libre mais que nous sommes 450 dehors, à vouloir rentrer. Problème. L'entrée nous est refusée. Me voilà campé à attendre que la situation trouve une bonne issue. Certains supporters commencent à s'énerver, grimpent sur le portail d'entrée mais ils sont vite calmés et ramenés à la raison par les leaders des deux groupes, qui gèrent la situation pacifiquement. Puis Benjamin Corgnet marque (peut-être trop tôt), une joie éclate en dehors du stade et je fête ça comme si j'étais à l'intérieur de l'enceinte. Le calme ordonné par les têtes pensantes des groupes revient. 

C'est alors que le chaos prend son commencement. Les CRS présents devant le stade lèvent leur matraques et avancent en matraquant et gazant tout ce qu'il y a devant eux. Mouvement de panique, tout le monde bat retraite et recule de plus de 50 mètres avant que ces mêmes Forces de l'ordre ne se calment. Les supporters crachent leurs poumons, les yeux démangent, le gaz lacrymogène a eu son effet désiré.

Puis une autre vague va arriver, avec l'aide cette fois-ci de bombes lacrymogènes. CRS d'un côté matraques en main, gendarmes de l'autre boucliers levés. Guet-apens, prix en sandwich, l'air est absolument irrespirable, saturé de gaz lacrymogène mais aucune issue ne s'offre à nous. Je vois des jeunes filles boiter et un père avec sa petit fille dans ses bras en pleures. Je me demande dans quel pays vit-on. Le calme revient tant bien que mal lorsque les gendarmes nous laissent reculer. 

Mégaphone en main, un leader annonce qu'un miracle s'est produit. Il y a finalement et comme par hasard maintenant assez de place pour tout le monde. Nous avons donc la possibilité de rentrer sans palpation mais sans nos valeurs. Après avoir reçu un certain comité d'accueil, nous décidons de partir car on ne peut pas accepter les agissements des casqués. 2 de mes amis étant restés plus proche du stade, ils ont été forcé à rentrer dans l'enceinte. Je repars avec un grand nombre de supporters, écharpe au cou mais gros sur le cœur de ne pas avoir pu défendre nos couleurs et notre ville comme il se doit et comme on en a l'habitude. Sous la pluie depuis maintenant 30 minutes et d'abord sans encadrement policier, nous retraversons la ville jusqu'au moment où nous tombons sur un groupement de CRS qui nous prend en charge et nous escorte jusqu'aux voitures. Aucun incident provoqué de notre part n'est a déclaré. 

Désormais seul avec 2 autres amis et trempé jusqu'au os, je passe devant une quinzaine de CRS, je les applaudi cyniquement en les félicitant d'avoir fait correctement leur travail (peut-être n'aurais-je pas du, à vous de juger). Je reste poli, aucune insulte ne sorte de ma bouche, de la mienne. Le capitaine du groupe me répond avec pouvoir et derrière sa carapace "oui on est les meilleurs". Je ne peux qu'approuver. Je tourne le dos et un CRS trouve le malin plaisir à me lancer un "Retourne chez toi et va te faire enculer". Cette phrase poétique clôturera ce déplacement chaotique. Bref, je m'en vais, impuissant.

Si je prends la peine de vous raconter tout ça, c’est parce qu’à mes yeux tout ceci commence à faire beaucoup. Lorsqu'un fumigène est allumé, lorsqu'une pelouse est envahie, des lourdes sanctions tombent contre les méchants Ultras qui sont tous des sauvages démunis de raison... Les clubs payent des amendes démesurées, des huit-clos tombent punissant des tribunes entières, des interdictions de déplacement et de stade s’en suivent, etc. Je ne vous ferai pas la liste. Lorsque les forces de l'ordre, elles, abusent de leur pouvoir comme hier soir, comme à Reims l'an passé, comme régulièrement à Paris ou encore lorsque la sécurité d’un stade ou la Ligue de Football Professionnel ne sont pas capables de mettre en place une organisation digne de ce nom, là aucune sanction n'est prise. Et tout parait normal. Comment en 2014 est-il possible que de telles injustices ont lieu dans des enceintes sportives ? Vous demandez aux Ultras de bien se tenir mais quelle crédibilité avez-vous lorsque les représentants de l’Etat eux mêmes ne montrent pas le modèle et agissent en nous traitant comme des animaux ?

J'évoque un dernier point. Aucun média n'en parle. Aucun ! Comment tout ceci peut passer sous silence ? Ces gens doivent payer comme n'importe qui, ce sont aussi des citoyens, comme nous. Soumis aux même règles ? Pas sur. Ce ne sont pas n'importe quel citoyens et si leurs valeurs sont absentes qu’ils changent de travail. Malheureusement il y a de l'incompétence à plusieurs niveaux. Et surement déjà même au sein de notre club tant adoré. Comment celui-ci n’a-t-il pu ne pas encore communiquer ? Comment l’ASSE peut-elle rester de marbre face à l’injustice qu’ont subi ces propres supporters, les empêchant de chanter et de soutenir le club de leur cœur ?  Ces mêmes supporters restent le poumon de ce club, ne l’oubliez pas…


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