Entre humilité et excitation, Jérôme Bonnet évoque la montée en D1

Féminines | Publié le par Corentin | 5 commentaires

Arrivé en 2017 pour remplacer Hervé Didier lors de la descente de l'ASSE en D2, Jérôme Bonnet avait pour but de retourner en D1. Quatre ans plus tard, il a rempli son objectif. L'entraîneur stéphanois s'est confié à EVECT sur cette accession au plus haut-niveau.

Comment vis-tu cette montée en D1 ?

Cela représente beaucoup de bonheur, beaucoup d'envie et beaucoup d’enthousiasme. C'est un grand soulagement également parce que c'est un objectif qu'on nous avait fixé il y a maintenant 4 ans. Il a été certes perturbé par le Covid. C'est super intéressant et gratifiant pour l'ensemble des joueuses et du staff d'avoir atteint cet objectif. On sait tout le mal qu'on s'est donné et tous les sacrifices que le staff et les filles ont fait pendant toutes ces années. Quand ça se concrétise, on est soulagé de ce côté là mais le plus dur commence. On sait qu'il y a du travail à faire. Je pense que les filles n'ont qu'une envie : s'installer en D1 et prouver qu'elles ont le niveau pour y rester. 


Est-ce le meilleur cadeau d'anniversaire de ta vie ?

De ma vie, j'en sais rien (rires) ! Mais le timing de la décision a fait que ça  tombe en même temps que mon anniversaire. Forcément, quand on a un tel cadeau, on ne peut être que content. En tout cas, ça m'a donné une émotion très particulière. C'est quelque chose qu'on attendait et qu'on est content d'avoir. Comme toute chose espérée, quand on l'a, on est heureux. Je ne pense pas que j'aurais d'autres cadeaux d'anniversaire comme celui-là dans ma vie. C'est un anniversaire particulier qui me marquera forcément.


"Le premier objectif en D1, c'est de se maintenir"

Penses-tu avoir ressenti les mêmes émotions que si tu avais remporté le championnat ?

C'est vrai que cette montée a un goût particulier. D'un côté, c'est mérité pour l'ensemble de notre travail fait conjointement avec le groupe, le staff et toutes les personnes qui œuvrent autour de nous pour atteindre cet objectif. Mais cela a un goût particulier dans le sens où effectivement on n'a pas eu cette adrénaline du dernier match. Il devait se faire, il me semble, à la maison pour aller chercher une victoire qui allait nous propulser en D1. Toutes les émotions qu'on peut avoir en match, on ne les retrouve pas sans le vivre. J'aurais aimé pour certaines joueuses qui mettaient un terme à leur carrière, qu'elles puissent fêter ça dignement. On ne peut pas dire qu'on serait peut-être aller au bout des choses mais il manque cette émotion de partage avec les supporters. Ce sont des choses que l'on a pas eu et que l'on aura pas. Mais on prend les choses comme elles sont : année particulière, décision particulière mais décision malgré tout méritée.


De nombreuses joueuses ont quitté le club, d'autres départs sont-ils à prévoir ?

Normalement, il n'y aura pas d'autres départs. L'idée est de construire une équipe avec l'effectif que l'on avait. On aurait voulu garder l'effectif de la saison dernière. Si les décisions avaient été prises plus tôt, on aurait pu garder certaines joueuses. Je pense à Gabrielle Lambert et d'autres comme Cheyenne Shorts. Ce sont des joueuses qui étaient venues pour un projet d’accession en D1 mais qui au final avec le Covid ont pris d'autres orientations. Ce que l'on peut comprendre. Si on avait eu ces décisions un mois plus tôt, on aurait pu forcément garder d'autres joueuses. Des joueuses comme Ninon Blanchard, Morgane Martins et Coralie Digonnet, ce n'était pas lié à la montée mais à une mise en indisponibilité par rapport à leur travail. Chose que Ninon a obtenu et que Morgane a eu, elle aussi, mais tardivement. Elle a pris une décision le plus tôt possible pour éviter d'être en difficulté par la suite.  Alors que le championnat était terminé et qu'on restait en D2, Coralie Digonnet a préféré prendre une décision pour son futur. Cela aurait été peut-être différent, si elle l'avait su plus tôt. On ne sait pas. A quelques jours près, je pense que Morgane Martins aurait pu rester dans l'effectif. Il y avait des joueuses auxquelles on ne pouvait pas garantir du temps de jeu comme Julie Marichaud. Elle a été au club pendant 4 ans. Elle s'est investie et a été travailleuse. Elle n'a pas suffisamment de temps de jeu pour pouvoir s'imposer. C'était important pour elle d'en avoir. C'était la fin d'un cycle avec également le départ de Charlotte Gauvin. Pilar Khoury est partie pour un choix sportif. Sa décision lui appartient et je la respecte totalement. 

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Comment ce recrutement se déroule-t-il cet été ?

Pour moi, c'était de regarder déjà les besoins en D2. Maintenant, on est sur des besoins de D1. On a fait un recrutement avec des joueuses de D1 qui ont de l'expérience en D1. C'est la volonté de renforcer notre groupe, qui est de qualité, avec des joueuses d'expériences avec des qualités pouvant s'imposer en D1. Il y a un fossé entre l'intensité de jeu, l'impact et le rythme de la D2 à la D1. Il faut combler ce fossé entre les deux divisions.


Appréhendes-tu la découverte de la D1 en tant que coach ? Est-ce que cela change quelque chose pour toi ?

Forcément, quand on arrive dans quelque chose que l'on ne connaît pas, il y a un peu d'appréhension. Je n'y vais pas timidement mais avec de l'humilité. Je connais les points sur lesquels il faudra travailler. Je sais aussi tout le travail que cela va engendrer. En fait, ce n'est pas de l’appréhension mais de l'excitation. C'est excitant de sortir de sa zone de confort et d'aller chercher autre chose. C'est bien pour les filles car pendant plusieurs années, on travaillait sur un projet de jeu basé sur de la possession. Forcément, on l'aura moins cette saison. On va travailler d'autres points qu'on n'avait pas l'habitude de travailler. On va pouvoir aussi travailler différemment car les filles seront beaucoup plus disponibles, plus tôt dans la journée. Cela va engendrer beaucoup de changements. On avait commencé à faire des modifications sur le fonctionnement et l'organisation durant toutes ces années. On va faire désormais des réajustements. Ce n'est pas une nouvelle manière de travailler mais on reste dans la continuité de ce que l'on faisait. On va s'appuyer sur les très hautes compétences que l'on a dans le staff pour continuer le développement de l'équipe. L'équipe vient en D1 avec beaucoup d'humilité mais avec l'envie de montrer tout le travail qu'elle a fait, ne pas renier les principes de jeu que l'on avait en D2 et une volonté de respecter le jeu et de montrer l'étendue de la qualité de l'effectif qui sera renforcé.


Concernant le staff, y aura-t-il des changements au sein de celui-ci avec cette accession dans l'élite ?

Sandy Guerin (adjointe) repart au niveau de la formation. Elle avait émis le souhait de repartir chez les plus jeunes pour continuer à développer, de manière beaucoup plus intensive, la formation. Dans le staff, il y a l'arrivée de Ludovic Chirat qui vient en tant qu'adjoint numéro un. On va avoir aussi la venue de Kévin Gimenez qui arrive comme préparateur mental. Il était avec les U19 cette année. Il va poursuivre avec elles mais viendra aussi en D1. On fonctionnera toujours avec notre entraîneur de gardien, Suzy Pasquier notre analyste vidéo, Pierre-Hugues Igonin au niveau de la préparation athlétique et Hervé Faure qui sera notre intendant et qui fait également les spé attaquantes. Il y a en plus des diététiciens et la structure médicale que l'on va encore plus renforcer avec l'arrivée d'un nouveau médecin qui viendra en complément de Rémi Philippot et de deux kinés. Cela nous permettra de bien développer cette structure médicale et le parcours de soin pour les joueuses éventuellement blessées. 


Pour terminer, quels sont les objectifs du club en D1 ?

Le premier objectif en D1, c'est de se maintenir. C'est l'objectif que l'on nous a fixé et qu'on fixera aux joueuses. Il faut aussi assurer une stabilité du club à ce niveau-là avec un processus de développement et de structuration encore plus important. On est au début de l'aventure. On en a fini une et on commence une nouvelle. A nous, de nous mettre dans les conditions optimales avec les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs.

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