Edito: Trop belle pour toi

Pros | Publié le par Franck | 0 commentaire
A l’instar du titre de film de Bertrand Blier, la coupe de la ligue était encore trop belle pour des Verts en proie à de grosses difficultés depuis plus d’un mois. Sans ses cadres (Matuidi, Monsoreau et Payet), l’ASSE ne ressemble à plus grand chose. On en a encore fait l’amère expérience hier soir (Auxerre-ASSE 2-0, ¼ de finales de la coupe de la Ligue).Tel le lièvre et la tortue, fable de Lafontaine, les Auxerrois font une saison de tortue et les Verts une saison de lièvre. Rien ne sert de courir il faut partir à point. Il ne sert à rien de se précipiter si on est sage et prévoyant. Toute chose demande du temps. Il faut s’y consacrer autant que nécessaire. Il ne faut pas sous-estimer une tache et la faire tardivement à la hâte. C’est la morale ouvrant la fable Le lièvre et la tortue de La Fontaine. Alors les Foréziens ? Hâtez-vous, mais lentement. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. C’est exactement ce que l’on vit depuis trois mois. En septembre dernier, qui aurait parié que les deux équipes allaient bientôt se croiser au classement (Auxerre n’est plus qu’à 3 points derrière) ? En tout cas, hier soir, l’ancien leader stéphanois (6e journée) et l’ancien avant-dernier auxerrois de L1 (6e journée, 9 points de retard alors sur Saint-Étienne) ne méritaient déjà plus ces anciennes appellations ! L’AJA n’a pas eu besoin de forcer son talent pour effriter une pauvre formation stéphanoise aux abois depuis quelques semaines. Il est urgent que Saint-Étienne retrouve son jeu en même temps que Galtier recouvre sa voix. En chute libre depuis plus d’un mois, les Foréziens sont en train de s’écrouler à chacune de leur sortie. Le trou devient même de plus en plus béant. On se demande bien où tout cela va nous mener au printemps prochain.En tout cas, le jeu indigent affiché hier soir en inquiète plus d’un. On était tous intimement convaincus que le discours sur le maintien (alors qu’on était leaders !) n’était que de façade et qu’au fond d’eux, Christophe Galtier et ses dirigeants rêvaient secrètement d’être la grande surprise 2010-2011 (tel Montpellier la saison dernière). Au final, le réveil est difficile après un si beau mais si court rêve au sommet des cimes. On les vus plus beaux qu’ils ne l’étaient ?L’histoire du film « Trop belle pour toi » est l'histoire d'un homme qui a épousé une femme qui a l'air d'être sa maîtresse et qui tombe amoureux d'une maîtresse qui a l'air d'être sa femme.Ce mélange de genre revient à dire que l’ASSE avait bien démarré son championnat, et elle vient de perdre la coupe de la Ligue sans la moindre réaction. En quelques sorties, on a retrouvé toutes les faiblesses des saisons passées : aucune inspiration offensive, aucun liant en milieu de terrain, une défense passoire, une fébrilité d’ensemble, un jeu inquiétant, une stérilité dans l’envie générale, un bloc équipe disparu, un mental en jus de chaussette.L’excellent début de saison de Matuidi, Payet et Monsoreau (absents à l’Abbé Deschamps hier soir) n’explique pas tout. D’autres arguments prédominent ce matin. Les Verts ont certainement tourné en sur-régime pendant deux mois. Ils ont profité de l’effet de surprise quelques temps. Désormais, le temps ensoleillé laisse place petit à petit à un temps de labeur dur à encaisser pour des supporters si frustrés de bons résultats depuis trois décennies. Pris au piège sur deux penaltys, un à chaque début de mi-temps, les Verts ont tenté de réagir (on fait mine de réagir devrais-je plutôt dire), en dominant la dernière demi-heure. Face à des Bourguignons qui tournent à plein régime depuis un mois, la mission des Verts apparaissait comme difficile, d’autant que l’ASSE était privée de son meilleur buteur, Payet, forfait de dernière minute. Une absence qui s’ajoutait à celles de Loïc Perrin, Matuidi, Bayal, Sanogo, Andreu. Avec une défense remaniée et inédite (Bocanegra et Marchal dans l’axe), l’équipe stéphanoise s’appliquait d’abord à trouver ses marques sur la pelouse auxerroise. Sans jamais être en danger, la défense stéphanoise craqua malheureusement sur un coup du sort. Marchal détourna involontairement de la main, un centre de Contout. L’arbitre désigna le point de penalty. Au retour des vestiaires, les Stéphanois affichaient un visage plus conquérant. Or sur contre-attaque, Contout s’échappa avant d’être bêtement crocheté dans la surface de réparation par Guilavogui.M. Ledentu n’hésita pas et accorda un second penalty, transformé lui aussi. Les Verts jetaient leurs dernières forces dans la bataille, en vain. Ce ne fut pas suffisant pour inversera la tendance. « La vitesse n’a de sens que si la sagesse la guide » (James Poe). Les Verts sont de nouveau perdus, sans boussole et sans guide, la coupe de la Ligue encore trop belle pour eux. UN LEURRE On ne reconnaît plus grand monde sur le terrain en ce moment côté stéphanois.Le bon début de saison de l’ASSE était donc un leurre, un de plus depuis 30 ans !Prenons les joueurs un par un au vu de leur prestation d’hier soir : • Janot : il a fait le boulot comme d’habitude, sans pouvoir faire grand chose ni d’exploit sur les deux penaltys. Il n’est fautif sur aucun but encaissé. Ainsi, que pourrions-nous lui reprocher ? • Néry : après une éclosion fort intéressante, ce jeune latéral gauche marque le pas en même temps que le reste de l’équipe. Sa régularité est en train de vaciller. Mais il est trop jeune pour se lancer aujourd’hui dans une conclusion hâtive à son sujet. Il est même certain que nous reparlerons de ce jeune joueur, qui a les faveurs d’un Robert Herbin ! • Bocanégra : il a été contraint (bien qu’il préfère ce poste…) d’évoluer dans l’axe de la défense. Il a logiquement manqué de jus (retour de blessure) et de vivacité. Ses placements de qualité n’ont pu combler le reste. Il apporte bien plus en latéral qu’il serait souhaitable de ne plus lui redonner les clés de la défense centrale à l’avenir. • Marchal : il a affiché (c’était déjà le cas samedi passé face à ses anciennes couleurs lorientaises) une nervosité surprenante. Il est plongé dans un doute qui persiste. Il n’est plus dans le coup, toujours fautif, rarement rassurant. Il est en train d’accumuler les erreurs, chose qu’il ne faisait pas depuis 7 ou 8 matches. Il est certainement dans une mauvaise passe. Ce sont ses premières difficultés sous le maillot vert. C’est là qu’on va juger le joueur : à sa réaction dans les jours prochains. • Ebondo : comme Marchal, il va mal en ce moment. C’est sa période de doute à lui aussi. On s’en serait bien passé. Comme va-t-il s’en sortir ? Il n’apporte plus rien offensivement alors qu’il était précieux depuis le début de saison sur ce plan-là. Il est en difficulté, pour combien de temps encore ? • Sako : il a surnagé au milieu du reste de l’équipe. Il percute, il est puissant, il apporte offensivement. Mais seul il ne peut pas tout faire ! Avec des pointes (Bergessio et Rivière) aussi mauvaises, vous ne pouvez pas faire d’exploit chaque fois. Il avait en effet réussi à palier les manques samedi dernier (égalisation face à Lorient). Avec un ou deux bons attaquant(s) il serait pesant. Seulement pour les « bons attaquants » de pointe cette saison, vous repasserez ! • Landrin : après un début de saison intéressant et même surprenant (on ne l’attendait plus à ce niveau), il est en train de baisser pavillon. Ce qu’il apporte dans l’entrejeu est sans intérêt. Il court, il sue mais c’est bien tout. Il va rester un remplaçant cette saison. • Batlles : nerveux et dépassé par le jeu rapide du milieu de terrain auxerrois, il est passé à côté de son match. Il ne faut pas le cramer, on en aura besoin tout au long de la saison, notamment pour apporter ce qui est nécessaire à une jeune équipe jouant…le maintien. • Guivalogui : sa fougue lui porte trop souvent préjudice. Il faut plus de concentration à ce jeune milieu récupérateur. On sent le potentiel, on hume le bon niveau du joueur, mais on n’en profite pas assez par manque de canalisation. En concurrence avec N’Daw, on est vite limité avec un tel banc lorsque Matuidi manque à l’appel… • Rivière : il est complètement hors sujet, et ce, depuis belle lurette ! Il est en train de réaliser sa pire saison sous le maillot vert. Il est bon nulle part. Il se cherche, il cherche, on le cherche, il est dans le mauvais wagon. Il était en passe de devenir la révélation de la saison dernière, mais la revalorisation de son contrat l’été dernier lui a fait perdre pied. On se demande bien ce qu’il peut apporter dans les semaines à venir. Même le très jeune Saadi, bien que brouillon, a plus de chose à montrer en ce moment sur un terrain de football ! Rivière est comme un élève déjà condamné au redoublement : il est au fond de la classe, le cartable sur la table, les affaires non sorties. Il attend peut-être la sonnerie de fin de cours pour s’en aller ? • Bergessio : on en est train de voir toutes les limites de ce joueur. Il fallait attendre de le jauger sur deux saisons pour être certain de notre analyse. Là, c’est sûr : il ne pourra plus grandir et prendre encore 10 cm ! Sa croissance (dans tous les sens du terme) est finie ! Il ne sera jamais un finisseur de la tête. Il ne sera jamais un joueur de profondeur ! Il ne sera jamais un joueur de surface ! Il sera toujours ce taureau combatif, maladroit, jouant dos au but redescendant chercher des ballons dans les périodes creuses, lorsque courir dans le vide commence à lui peser. Bergessio est en train de passer à côté d’une carrière en Europe. Qui voudrait d’un joueur aussi peu efficace ? Un retour en Argentine ? Ça en prend malheureusement le chemin… Hier les absents n’avaient pas tort, pour une fois.La ligne d’attaque des Verts est un ENORME chantier. Ce chantier avait été masqué en début de saison, par la révélation Dimitri Payet. Tel un avion de chasse, Payet avait tout détruit sur son passage, éclipsant la nullité de Sanogo, la faiblesse de Rivière et la combativité (sans le moindre apport) de Bergessio.Aujourd’hui, tout s’écroule et l’on voit au grand jour les fissures de nos problèmes offensifs.Au vu du chantier, l’ASSE n’est pas prêt de remonter sur le podium de si tôt ! « Nous sommes peut-être mieux entrés dans le match que les Stéphanois. Le penalty marqué par Benoît Pedretti nous a mis dans de bonnes conditions pour la suite. Nous avons bien géré physiquement la première période comme ces derniers temps avant une seconde plus difficile à l'image de ces dernières semaines également. C'était plus facile pour nous d'attendre nos adversaires et d'essayer de contrer. Nous avons fait la différence au début de chaque période. Il fallait faire attention au potentiel offensif de Saint-Étienne. Nous craignions ce match par rapport aux qualités physiques des Stéphanois. Nous sommes actuellement dans une bonne dynamique. Ces penalties, nous ne les aurions peut-être pas provoqués il y a deux mois. La motivation des joueurs compense la fatigue. Disputer une demi-finale à domicile serait super sympa.» (Jean Fernandez entraîneur d'Auxerre) « Etre mené rapidement au score nous a été préjudiciable. La première période a été pauvre mais la seconde a été de meilleure facture malgré ce coup du sort qu'a été le second penalty. Nous avons commencé alors à nous lâcher, à avoir plus d'audace et d'enchaînements en attaque. Nous aurions pu revenir à 2-1 pour espérer mais cela n'a pas été le cas. Nous avons manqué d'efficacité. C'est dommage mais c'était mieux après la mi-temps. La coupe de la Ligue nous tenait à coeur mais on ne peut pas reprocher un manque d'investissement des joueurs ce soir. Il faut se reconcentrer sur le championnat. Il faut rectifier le tir mais ne pas être dans la panique. Il faut rester lucide. Il y a la déception d'une élimination mais il n'y a pas de malaise. Il faut insister et cela va passer. Nous avons 18 points en championnat et nous étions en quarts de finale de la coupe de la Ligue. Nous sommes dans une période difficile. Il faut faire le dos rond.» (Christophe Galtier) Un leurre est concrètement de la nourriture mise pour attirer un animal que l'on chasse, que l'on pêche ou que l'on piège (un appât).Le peuple Vert s’est bien fait avoir !Un leurre est ce qui trompe. Leurrer, c’est donc tromper, abuser quelqu’un en faisant miroiter à ses yeux quelque vaine espérance. Saint-Étienne leader de Ligue 1, ce fut le plus beau bogue de la saison ! Un leurre qu’il nous faut digérer ce matin. L’ASSE a été un leurre par de belles promesses. L’AS Saint-Étienne reste depuis 30 ans une illusion, un mirage, un miroir aux alouettes, de la poudre aux yeux, un attrape-nigaud, une imposture. Trente ans !
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