Edito: le roi des nuls

Pros | Publié le par Franck | 0 commentaire
Pour une fois que l’on voit les Vert diffusés sur Canal +, il ne fallait pas se louper. Et on a été (bien) servi (ASSE-Bordeaux 2-2, 16e journée de Ligue 1).Certes, nous avons offert aux abonnés une belle deuxième mi-temps, avec trois buts et du spectacle. Mais pour l’AS Saint-Étienne, il s’agit (encore) d’une mauvaise publicité offerte, avec un scénario récurrent. Alors que nous fûmes en tête du championnat au soir de la septième journée, nos protégés courent désormais après un succès depuis 9 matches en championnat! Avant la venue de Bordeaux, le coach forézien Christophe Galtier préférait se concentrer sur l’objectif annoncé en début de saison en concert avec ses dirigeants: le maintien. L’entraîneur stéphanois a une petite idée sur le nombre de points à avoir pour éviter se vivre une deuxième partie de saison compliquée : « Cette année, ça va être difficile de juger en terme de points, tant ce championnat est bizarre. Comme c'est parti, je ne suis pas sûr qu’une équipe de Ligue 1 puisse se maintenir avec 42 points. On sera plus près des 44. Ce qui sera important, ce sera en terme d'écart par rapport à ce qui se passe en dessous. Mais j'ai souvent observé que lorsque vous basculez avec 27 points à la trêve, vous vivez une seconde moitié de championnat moins stressante. Donc, prendre deux victoires durant les quatre prochaines journées, ce serait bien, même si l'idéal serait 8 points. Et je pense que des écarts conséquents seront creusés à ce moment-là… » (Christophe Galtier). Oublié (définitivement ?) le début de saison fracassant et cette place de leader de Ligue 1, qui avait remis les Verts au coeur de l’actualité du football français. En même temps que Dimitri Payet est rentré dans le rang, le club stéphanois en a fait de même et s’englue peu à peu dans le ventre mou de la L1. Or, pour Jérémie Janot, lors de la conférence à la veille du match face aux hommes de Jean Tigana : «...les Stéphanois gèrent sereinement cette situation, même si une victoire dimanche à Geoffroy Guichard serait évidemment la bienvenue. On avance petit à petit, on fait des matches nuls, on prend des points. Mais c'est vrai qu'il faudrait valider tout ça par une victoire à domicile dimanche. Les Girondins sont en regain de forme. Ce ne sera pas la même équipe que celle que l'on a affrontée en Coupe de la Ligue. Ce sera difficile avec une nouvelle fois des conditions climatiques qui risquent de l'être également. On annonce du vent et de la pluie. » Pourtant, le début de rencontre contre les Girondins fut attrapé par le bon bout. Les Verts ont d’emblée affiché un jeu agressif.Mais le manque de spontanéité condamna les Verts à ne pas faire réellement trembler son hôte. Le début de rencontre fut incontestablement heurté entre deux équipes dans l’obligation de faire un résultat positif. Sauf que les bonnes intentions de départ des Stéphanois ne durèrent pas. Le match s’équilibra rapidement. Les deux équipes ont surtout tenté d’intimider l’autre, par une présence physique sans faille. Au cours du premier quart d’heure, il est indéniable que Saint-Étienne fut plus en mouvement que les Girondins. Bon dans la récupération, le jeu forézien a vraiment gêné Bordeaux, sans malheureusement faire bouger d’une oreille le tableau d’affichage. Les Verts furent donc volontaires, leur pressing fut prégnant, mais le tout manquait d’efficacité. Et comme on s’y attendait, la première occasion des Girondins fut transformée en but! Le laxisme derrière a d’ailleurs inquiété tous les observateurs (Patrick Bruel en tête). C’est un scénario récurrent, celui d’une équipe en proie à tous les doutes. L’ASSE, cette saison encore, à l’instar des deux précédentes, est devenue un livre : « Comment se compliquer la vie en deux volumes ». Ce qui nous éloigne d’une équipe de haut niveau comme Bordeaux, c’est que nos Verts galopent, sans la moindre efficacité, alors que les Girondins cueillent le fruit, un peu à leur guise, quand bon leur semble. Ça, on ne sait pas faire. On est même encore loin d’en être à ce niveau. Cela paraît de plus en plus facile de marquer (en premier) un but à Geoffroy Guichard. Cette équipe stéphanoise s’est une fois encore montrée volontaire, mais impuissante? D’où vient ce sentiment et ce don constant de se mettre dans les pires difficultés? Ce don de toujours répéter les mêmes erreurs? L’AS Saint-Étienne en devient un club lassant, par cette maladresse à répéter sans cesse des scénarios affligeants. En accumulant les mêmes erreurs (les Verts ont encaissé un premier but sur leur pelouse à chaque fois sur ses 5 derniers matches : Marseille, Caen, Lorient, Auxerre, et Bordeaux !). L’ASSE bafoue ainsi des règles élémentaires de respect de ses fans. C’est donc au terme d'une première période globalement terne que Bordeaux (serein et bien en place) menait au score, sans avoir eu à forcer son talent. Les Verts, pas assez incisifs, se sont ainsi laissés endormir par le faux rythme imprimé par leurs adversaires au cours des 45 premières minutes. Aussi, après avoir inversé la vapeur en seconde période, les Stéphanois ont finalement laissé échapper la victoire dans les derniers instants, confirmant tout ce que l’on dit d’eux depuis la victoire dans le 100e derby. « En seconde période, j'ai eu le sentiment que Bordeaux était pas loin du K.O. Nous avons eu les balles de 3-1, de 4-1, malheureusement, nous n'y sommes pas arrivé par manque de lucidité ou par maladresse.» (Galtier) Un constat d'autant plus frustrant qu’Emmanuel Rivière aurait pu offrir à Bergessio une balle de break à la 83e minute de jeu. « Après deux matchs nuls à l'extérieur, ce genre d'oubli fout en l'air tout le travail d'une semaine. Je lui ai dit ce que j'avais à lui dire (à Manu Rivière), mais ça fait parti de l'apprentissage. Je lui ai fait remarquer qu'avec plus de lucidité et plus d'altruisme on peut faire gagner l'équipe, et je ne sais pas si c'est volontaire ou pas, mais il faut être plus lucide et plus partageur. » L'issue du match (l’ASSE menée 0-1 remonte à 2-1 en seconde période, pour finalement se faire bêtement rejoindre à 2-2), et le but encaissé à la 89e, auront fini par donner raison à un Galtier agacé : « Quand on est attaquant, on est tributaire des ballons que les partenaire vous donne, il faut donc aussi savoir donner à son tour surtout quand c'est un but qui peu vous offrir le break.» (Galtier). Il est certain que Rivière va cogiter un moment à la suite des déclarations de son coach. Aussi, sur ses 9 dernières rencontres de championnat, Saint-Étienne a enregistré 6 matches nuls et 3 défaites (0 victoire). L’ASSE était encore hier soir le roi des nuls. ENCORE UN TEST MANQUÉ Cette rencontre d’hier soir était (encore) un test pour recoller au peloton de tête. Les Verts ont perdu bêtement 4 points à domicile depuis le début de saison : - le penalty manqué face à Caen (1-1) à la dernière minute de jeu par Dimitri Payet; - la victoire qui s’offrait à nous hier face à Bordeaux (2-2), puisque l’égalisation arrive sur un coup de pied arrêté à la dernière minute. Sans cela, et avec ces 4 points perdus lamentablement en poche, nous serions classés 4e en compagnie de Lyon et Marseille... L’AS Saint-Étienne poursuit donc sa glissade dans un 2e championnat en train de se former, et pour lequel le club forézien en est devenu le leader. Après 16 journées écoulées, on note en effet une première cassure au classement: Saint-Étienne (11e) a désormais 2 points de retard sur le 10e (Montpellier). Un mini championnat se forme donc, avec 9 équipes (du 11e au 19e) jouant le maintien. Il n’y a que l’ASSE pour croire que le classement resterait homogène pendant longtemps. Les Verts vont bel et bien livrer un mini championnat pour le maintien.Bravo aux dirigeants et à Christophe Galtier qui nous ont asséné cela en plein rêve en septembre dernier ! Maintenant on les croit, et on les écoutera même avec une plus grande attention si un jour futur nous remontons sur le podium. On n’est plus parmi les meilleures équipes du championnat, et ça sent de plus en plus l’odeur fétide de la bagarre pour le maintien. On se répète: mais tant que nous n’aurons pas d’attaquants dignes d’une bonne équipe de Ligue 1, le scénario du « maintien perpétuel » défilera sous nos yeux saison après saison. En première période hier soir, c’est Carlos Bocanegra qui se crée les 2 meilleures occasions! Cela en dit long sur le travail offensif des Verts. Sako et Payet sont certes là pour percuter, dribbler, provoquer, faire la « bonne » passe. Rivière est certes là pour user la défense centrale adverse... mais il reste qui pour enfiler les perles ? En 1ère mi-temps, Emmanuel Rivière n’a eu qu’une seule occasion: une frappe sur Carrasso. L’ambiance de notre ligne d’attaque est devenue bien tristounette avec Sanogo en éternel blessé, avec Bergessio dans l’habit du buteur... qui ne marque jamais, avec Rivière dans le rôle du grand espoir qui est en train de faire pschitt. Accordez tout de même que Bordeaux qui marque sur sa seule action dangereuse, ça conduit à se poser de nombreuses questions sur le niveau de l’équipe cette saison encore ? Chaque match se ressemble : - de bonnes intentions; - on ouvre la marque à l’extérieur mais au final on perd ou on fait match nul; - on encaisse un premier but à domicile et ensuite on court après le score jusqu’à arracher au mieux un point. Plutôt lassant. Voir un match des Verts en ce moment, c’est comme regarder un bon thriller, où le suspense se résume aux clichés habituels des films américains (excellents dans le genre). Tel un « Scary movie », la fille blonde court en nocturne dans son jardin, poursuivie par un détraqué masqué, habillé en noir de la tête aux pieds! On ne croit plus à l’effet de surprise tant le scénario semble se décliner d’avance. Le peuple vert n’est pas lucide, ni pessimiste, encore moins réaliste. Non, le peuple vert est devenu fataliste. Ce club nous a habitué à tant de méfiance à son égard, que l’on en devient fataliste, froid, sans rechercher vainement des émotions qui ne reviennent que par de courts épisodes. Qui ne comprendrait pas que Loïc Perrin, Blaise Matuidi, Dimitri Payet rêvent d’autre chose. En effet, que leur offre ce club depuis deux mois en demi? Rien. Le déluge après un court bonheur. Que du navrant après avoir tutoyé les sommets. Sainté joue au toboggan: monter des marches péniblement pour redescendre en quelques secondes sur ce lisse métal dédié aux enfants. L’égalisation bordelaise (on s’en doutait tellement...) à la dernière minute démontre bien à quel point la belle machine verte du début de saison s’enraye semaine après semaine. Notre grave problème d’attaque est un calvaire, qui dure mais n’émeut pas grand monde chez les dirigeants. Les Verts savent (contrairement aux deux dernières saisons) mener au score, mais une fois le tableau d’affichage dépucelé, ils cafouillent leur jeu, reculent et craquent, à domicile comme à l’extérieur. Bordeaux a pris un point hier soir sur la pelouse de Geoffroy-Guichard, sans rien montrer. C’est fort !L’ASSE a fait le siège des Girondins en 2e mi-temps pour des cacahuètes. Depuis 9 journées, Saint-Étienne a un parcours de relégable: 6 points (en 9 journées) sur 27 possibles! Même Arles-Avignon (lanterne rouge) a fait mieux sur la même période: 7 points. Hier soir, ce qui fut criant, c’est de constater à quel point nos deux attaquants Rivière et Bergessio sont faibles de la tête. En outre, Gonzalo Bergessio ne sait pas toujours contrer un ballon... Le comble ? Albin Ebondo (latéral) contraint de se transformer en buteur finisseur! Idem pour Bocanégra (latéral) qui inscrit le 2e but stéphanois de la tête (déjà dangereux en première période à deux reprises sur corner). Des latéraux qui font parler la poudre. Cette situation perdure depuis le début de saison: nos buteurs viennent des ailes, du milieu, rarement de la pointe! On a tout de même noté de bien meilleures intentions stéphanoises et des actions plus tranchantes en seconde mi-temps. Saint-Étienne a tout essayé pour forcer le destin et le (bon) scénario dans cette partie, en vain. Sur son aile, Sako est un danger permanent. Ce joueur éclate au grand jour. Ce qui est frustrant au possible, c’est d’avoir loupé le break à deux reprises : d’abord la frappe croisée de Blaise Matuidi, puis le face-à-face Rivière-Carrasso très mal négociée par l’attaquant stéphanois. Rivière n’a pas été tueur : il tente un lob alors qu’on attend de lui autre chose. Au choix : - une passe à Bergessio; - ou au pire des cas un dribble sur le gardien de but bordelais. Pourtant, les Verts furent plus impliqués et appliqués en 2e période. Or, la volonté ne suffit pas. Il faut aussi du talent pour forcer la mise et s’offrir un vrai destin de vainqueur. Et que dire de cette faute idiote de Bayal à la 87e minute qui conduit au 2-2 ? Il faudra progresser sur ce type de scénario : Bayal peut s’éviter ce type de tacle par derrière inutile. C’est réellement un signe de fragilité constante. Dans cette seconde période, on est passé par tous les états, sauf que l’on a payé sec une première mi-temps en dessous du niveau requis. Pourtant, les Verts avaient bien appris leur leçon : « Lucidité... », avait répété Loïc Perrin avant le coup d'envoi. « Quand on mène au score, il faut tenir ! » (Loïc Perrin). « Je suis déçu. Je suis très déçu car nous étions venus pour gagner, et nous ne repartons qu'avec un nul. C'est dommage. Je crois que la sortie de Lamine Sané à la mi-temps nous a fait beaucoup de tort, car j'ai été obligé de replacer Ben Khalfallah arrière droit et ce n'est pas son poste. En seconde mi-temps nous avons trop subi, nous n'arrivions pas à ressortir le ballon. Mais nous sommes coutumiers du fait, nous ne jouons qu'une mi-temps, cette fois ce fut la première. Nous avions la possession de balle en première période, nous n'avons pas été en difficulté. Mais la blessure de Sané, a posé problème car c'est lui qui était au marquage de Bocanegra sur les coups de pied arrêtés. Le fait de repartir avec un seul point, ça nous satisfait moyennement. Pour Sochaux ? Oui, je vais avoir des problèmes, mais des problèmes j'en ai depuis le début de la saison, le souci c'est que ce sont toujours les défenseurs qui se blessent.» (Jean Tigana) En attendant, Christophe Galtier ne le (et ne se…) cache plus. Il a donné son feu (vert) aux dirigeants stéphanois pour prolonger son contrat d’entraîneur de l’AS Saint-Étienne. L’ancien adjoint d’Alain Perrin affiche un réel bonheur de diriger les Verts et n’a qu’une envie, continuer l’aventure à la tête d’un club qui retrouve un peu de stabilité depuis un an : « Je sais dans quel club je suis. L’ASSE est un grand club, très médiatisé. Beaucoup de personnes aimeraient occuper mon poste. Je l’ai, je ne veux pas le lâcher. Je suis d’humeur à prolonger mon bail. Je l’ai dit à mes dirigeants. C’est très clair dans ma tête. Les discussions vont dans le bon sens. Nous en avons eu une, lorsque nous aurons la deuxième, tout sera finalisé. Je ne vois pas comment il en irait autrement. Il n’y aura pas de problèmes financiers ni de durée du contrat. Honnêtement, je crois que tout sera rapidement réglé. » (Christophe Galtier) En souhaitant que l’opération maintien le soit à la même allure.
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