Edito: D’ABORD TIMIDE, PUIS SANS COMPLEXE

Pros | Publié le par Franck | 0 commentaire
La série TV « Timide et sans complexe » date de 1981 (diffusée sur Antenne 2 en 1981), année du dernier titre de champion de France des Verts en Ligue 1. Cette série s'appuyait ainsi sur un duo qui n'a rien de commun : l'un est un agent de change timide, l'autre est un petit escroc exubérant (…et sans complexe). La série n'a duré que le temps de 14 épisodes mais elle est restée dans les mémoires des « télévores ». Elle a eu le mérite de nous faire connaître l’acteur Jeff Goldblum. Les Verts nous ont offert ces deux sentiments hier soir (ASSE-Marseille 1-1, 8e journée) en étant timide devant le champion sortant, et en prenant le dessus en deuxième période, sans complexe. Or, il fallait bien que ça arrive : nous n’avons pas gagné un match cette saison sur notre pelouse, ni inscrit trois buts (tarif maison depuis la reprise du championnat) ! Pourtant les Verts avaient troqué leurs habits de 17e pour une vraie taille patron, car il s’agissait d’un vrai test pour les Verts. Le match fut de bout à bout flamboyant, avec un vrai suspense et une totale émotion. Mais par rapport à Sochaux, Lens et Montpellier, le leader stéphanois a trouvé plus expérimenté que lui. Marseille ne joue pas le titre cette saison encore par hasard. Il y a une semaine, l'AS Saint-Etienne remportait le derby à Lyon, et c’est pour un deuxième week-end de suite que l’ASSE accueillait l’OM dans son bel habit de leader. Les Foréziens restaient sur quatre victoires consécutives. Malheureusement, le néo-défenseur vert était le forfait de dernière minute. Coup dur donc pour Saint-Etienne qui a dû composer sans Sylvain Marchal. Le club n'a pas encore précisé la nature de sa blessure. Sylvain Monsoreau a donc été associé à Bayal. Autre absent dans le groupe par rapport à celui qui s'est imposé à Lyon : Josuha Guilavogui, touché à la cheville lors du derby. Sanogo (cuisse), Andreu (pubalgie) étaient bien sûr forfaits. Retenu à Clairefontaine dans le cadre de ses examens d'entraîneur (DEPF), Christophe Galtier n’a dirigé aucune séance d'entraînement de son équipe avant la venue de Marseille ! C’est Alain Blachon son adjoint qui a assuré l'intérim. La veille, jeudi, on prenait connaissance de la liste des Bleus de Laurent Blanc, avec deux stéphanois appelés (Matuidi et Payet). Deux Verts chez les Bleus, c'est une excellente nouvelle pour l'ASSE qui n'avait pas été à pareille fête depuis (là encore) les années 1980 ! Décidément, tout revient en même temps : - une place de leader - une victoire à Gerland - deux sélectionnés en équipe de France Arrêtez tout et n’en jetez plus, la cour est pleine ! Déjà international espoir (12 sélections, 4 buts), voilà cette fois-ci Dimitri Payet chez les A. Dominique Rocheteau a apprécié ces mots justes et humbles de son joueur réunionnais : Vice-président du Conseil de surveillance de l'AS Saint-Etienne depuis juin dernier, Rocheteau vient d’être nommé au directoire du club. Agé de 55 ans, l'ancien attaquant emblématique des Verts y exercera la responsabilité opérationnelle de l'ensemble de la gestion sportive de l'ASSE. L’Olympique de Marseille était loin d’être le favori dans ce qui fut LE choc de cette 8e journée de Ligue 1. Or, pour José Anigo, « quoi qu’il advienne samedi, les Verts pointeront derrière l’OL et l’OM à la fin d’exercice. Je m’attends à un match dur, très engagé et avec du jeu. Malgré tout, sur la longueur du championnat, je pense que Saint-Etienne sera derrière Lyon et nous car si elle perd des joueurs, elle n’a pas un banc qui lui permettra de continuer le même parcours. Je me trompe peut-être mais une équipe comme Lyon, quand elle se mettra en route, sera en fin de saison devant Saint-Etienne. Il y a des équipes de début de saison qui marchent bien mais il faut prouver dans le temps et ce n’est pas encore le cas. » (Anigo) Des propos tout aussi provocateurs qu’un Aulas en transe devant la tribune Nord de Gerland samedi dernier. Rien de tel pour chauffer à blanc un peuple vert tellement frustré de plaisirs depuis 28 ans. Aussi, auteur d’un début de saison fracassant, Dimitri Payet est sur les tablettes de clubs anglais.En effet, Liverpool a commencé très timidement sa saison, et l’apport de Maxi Rodriguez ne convainc pas actuellement Roy Hodgson, qui l’a déjà placé sur la liste des transferts pour cet hiver. Dans ces conditions pour apporter un peu de sang neuf à une attaque de Liverpool qui en manque cruellement, Dimitri Payet serait déjà dans les plans des Reds, qui proposeraient 8,5 M€ pour faire plier les Verts en janvier prochain. Difficile de croire que l’ASSE serait vendeuse si l’ancien nantais poursuivait sur ce tempo là. Le temps est encore long. En attendant, Liverpool a envoyé des observateurs pour ses deux prochains matchs sous le maillot vert. Mais à un moment ou un autre, Dimitri ne sera plus timide. Il sera sans complexe, et s’en ira. LA DRAGEE HAUTE Les Verts ont su hisser leur niveau de jeu cette fois-ci. Cela n’avait pas pu être (paradoxalement) le cas à Gerland la semaine dernière. Ils ont tenu la dragée haute à Marseille. « Tenir la dragée haute » est une expression qui signifie faire sentir son pouvoir à quelqu'un ou faire longtemps attendre quelqu'un et ne lui procurer qu'une petite quantité de ce qu'il attend. Cette expression date du XVIIIe siècle. Deux écoles s'affrontent quant à son origine : - la première fait simplement le rapprochement avec un ancien jeu d'enfants où ils devaient attraper une friandise suspendue à un fil. Celui qui tenait le fil et tirait dessus selon son bon vouloir pour empêcher les marmots d'attraper trop facilement le bonbon avait sur eux une certaine forme de pouvoir. Tout comme vous, lorsque vous donnez un sucre à votre chien en le lui tenant en hauteur et en le faisant longuement saliver jusqu'à ce qu'il se décide enfin à vous arracher la main. - la deuxième vient aussi d'une friandise, mais destinée aux chevaux, cette fois. La dragie (déformée ensuite en dragée) était une botte de fourrage vert, mélange de froment et de sarrasin, gourmandise dont raffolaient ces équidés mais dont ils ne devaient pas abuser. Pour dresser le cheval et lui apprendre à maîtriser sa gloutonnerie, ces dragies étaient placées haut dans son râtelier, hors de sa portée. Et on ne lui en distribuait ensuite qu'avec parcimonie. Au cours de ce sommet de L1 d’un très haut niveau, les Verts et les Phocéens se sont rendu coups pour coups, ayant chacun sa mi-temps. Menés au score, les Verts ont logiquement égalisé par Laurent Batlles au bout d’une action de grande classe (quelle passe à l’aveugle de Payet côté gauche !). Depuis une semaine, tous les regards (médiatiques) et toutes les pensées des supporters des deux clubs étaient braqués sur ce choc. A la rivalité d’antan entre les deux clubs les plus titrés du championnat (9 titres pour Marseille, 10 titres pour Saint-Etienne) avait succédé une concurrence nouvelle et encore plus excitante : la suprématie actuelle au classement. Le Chaudron avait revêtu ses habits de lumière avec deux magnifiques tifos géants : les Green Angels lançaient : « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est le Forez qui prend l’OM ! » et les Magic Fans déployaient un « Fighting Spirit of Saint-Etienne ». Le coup d’envoi donné par la nouvelle sensation française du sprint, Christophe Lemaitre (supporter de l’OM), triple champion d’Europe, donnait des ailes aux Verts. Un centre de Payet fut repris par Rivière qui devança la sortie de Mandanda mais Azpilicueta sauva les siens sur la ligne ! A peine deux minutes de jeu que le match démarrait sans round d’observation. Les Verts insistaient, alors que l’OM procédait par contre-attaques. Gignac frappa dans le filet droit extérieur de Jérémie Janot. Rapidement, les Foréziens reprenaient les initiatives, on se rendait les coups. Le jeu stéphanois semblait fluide, déterminé et sur un rythme élevé. Après un centre dangereux d’Ebondo puis une percée de Rivière plein axe terminée par une frappe trop molle et trop croisée, Payet obligea Mandanda à la première parade de la soirée sur une frappe tendue. Dans la foulée, Heinze détourna de la main (involontaire) une reprise de Rivière sans que l’arbitre ne bronche. Et c’est finalement Gignac qui fit parler sa réussite. Contre le cours du jeu, Marseille trouva la faille avec la complicité de l’arbitre. M. Bré contra un dégagement d’Ebondo, Lucho en profita pour lancer Gignac (magnifique passe lobée en profondeur) qui, d’une reprise de volée du gauche trompa Janot (27e minute de jeu). Un but difficile à digérer pour tous les supporters stéphanois. Libéré, l’OM prenait le contrôle du jeu et dominait Saint-Etienne dans le dernier quart d’heure de la première période. Valbuena réussit une frappe lobée qui s’écrasa sur la transversale. Au retour des vestiaires, Marseille s’appuya sur ses bases défensives. Tout le Chaudron crut à l’égalisation lorsque Bayal exécuta un coup de tête qui frôla le poteau gauche de Mandanda.Les Stéphanois poussaient en leaders qu’ils sont. Ils avaient raison car ils furent récompensés sur une action de grande classe. D’une passe de maître, Payet décala Matuidi qui centra fort du gauche pour Batlles dont la reprise ne laissa aucune chance à Mandanda. A trente minutes de la fin du match, tout redevenait possible pour l’ASSE. Gignac déborda et réussit tout de même à frapper dans un angle fermé mais Janot fut impeccable. Dans le dernier quart d’heure, le rythme baissait légèrement d’un cran. Sur un corner de Payet, Monsoreau s’éleva plus haut que tout le monde mais sa tête lécha la transversale. Marseille répliqua par un tir de M’Bia détourné par un grand Janot. Dans les dernières minutes, l’ASSE eut une balle de match : sur une action en supériorité numérique, Bergessio accéléra et choisit de frapper sans trouver la réussite. Mandanda claqua un dernier tir de Matuidi qui partait mourir sous la barre (un peu à l’instar d’un Dernis en octobre 2007). Au coup de sifflet final, les deux équipes se congratulaient.La première critique à apporter sur le début de match des Verts, tient à son jeu : ils ont abusé du jeu long, ce qui a stérilisé leurs bonnes intentions. Le jeu forézien était trop bas pour inquiéter l’OM, trop prudent également, parfois attentiste, au fond trop respectueux du champion sortant. Mardi dernier, Marseille avait vu le gouffre qui le sépare du très haut niveau européen (défait à Chelsea 2-0), là c’est Saint-Etienne qui a vu ce qui le sépare encore d’un titre de champion de France. Les Verts savent jouer un football vif et léché par les côtés, avec des centres tendus et/ou longs. Mais il manque une présence physique dans l’axe de la surface de réparation. Rivière n’a pas encore le niveau d’un avant-centre pesant. Cela étant, le but marseillais a cassé les bonnes intentions stéphanoises démontrées en début de rencontre. Le milieu de terrain forézien fut aux abois face au milieu marseillais au cours de la première mi-temps. Les Phocéens étaient alors plus entreprenants, il faut dire qu’ils jouaient gros dans le Chaudron. La main d’Heinze ou la faute de Taiwo sur Payet aurait été sifflée dans la période chanceuse que nous avons traversée depuis 7 matches. Il est vraisemblable qu’il faille revenir au sort ordinaire d’une équipe qui n’aura pas toujours le vent dans le dos désormais. Il faut avoir l’intelligence de dédramatiser ce résultat nul (un résultat en-dessous de ce que l’on attend d’un leader à domicile, dans un choc qui plus est).Il faut aussi souligner la grosse faute de Bayal sur le but de Gignac, mais sans l’aide de l’arbitre la montée de Bayal n’aurait eu sans doute aucune conséquence. Ce résultat nul nous remet à notre place. Car au cas où certains en douteraient, les Verts ne jouent pas une place sur le podium en fin de saison. Après deux fois 17e on recherche une saison avec de la sérénité. Nous tenons là les moyens de progresser calmement mais sûrement. Profitons ainsi de ces 17 points pour progresser et faire grandir notre club. Ne nous arrêtons pas sur un nul face à l’OM. On devra savoir repartir de l’avant à Nice dans quinze jours, non pas pour jouer le titre mais pour se rapprocher de notre objectif de début de saison : un maintien dans la douceur. On s’attendait donc à un match très difficile il l’a été. Les Verts ont eu une grosse débauche d’énergie en seconde mi-temps. Cette 2e période fut presque à sens unique pour les locaux. Les Verts étaient transformés dans le jeu : fini le jeu long, place au jeu léché en passes directes mais plus courtes. Le bilan au moment de cette trêve internationale, c’est une seule défaite en huit matches, et sept journées de suite sans défaite ! Ce qui va moins bien ? On pense au duo Rivière - Bergessio n’y arrive pas. On est sauvé par Batlles, quand ce n’est pas Payet… ce n’est pas une configuration logique pour une équipe qui jouerait en haut du classement pour le titre. Il nous manque un tueur de surface pour franchir un cap. Peut-être qu’Emmanuel Rivière le deviendra ? Les Verts jouent très bien au football, mais ne nous méprenons pas : Marseille sera vraisemblablement devant Sainté à la fin de la saison. Surtout, les Stéphanois n’ont pas lâché, alors qu’ils étaient menés au score. Les Verts ont bien tenu la dragée haute aux Marseillais! Or, pourquoi offre-t-on des dragées lors des mariages et des baptêmes ? Car la dragée a la réputation de favoriser la fécondité. Et Saint-Etienne a accouché d’une très belle équipe cette saison.
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