Ech-Chergui : "L'anomalie est plus du côté de l'ASSE que de Nîmes"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 9 commentaires

Pendant près d'une heure, Idriss Ech-Chergui formé à l'AS Saint-Étienne et toujours footballeur à 37 ans, a accepté de répondre à nos questions. Il revient notamment sur ses années en vert mais aussi sur celles du côté de Nîmes et se projette sur sa reconversion après sa carrière. 

Bonjour Idriss, comment vas-tu et comment se déroule ta carrière ?
Je suis actuellement dans ma dernière année de foot je pense, en National 2 à Hyères. On est cinquième au classement. On avait un objectif de montée, cela va être compliqué. On est à huit points du premier, avec un effectif de qualité mais on n’a pas été assez constant on va dire cette année pour prétendre à une montée. J’essaie tout de même de prendre encore une année de plaisir. L’année dernière j’ai passé mon BEF, un diplôme d’entraineur que j’ai obtenu et le mois prochain je vais commencer une formation de scooting pour devenir recruteur pour des clubs. J’avais d’ailleurs appelé Loïc Perrin l’été dernier pour essayer de travailler pour Saint-Étienne vu qu’il était responsable de la cellule de recrutement. Il m’avait dit qu’Ilan était en place et qu’on se rappellerait cet été pour faire un point. Moi, cela me plairait vraiment de travailler pour mon club de cœur. Ma famille est toujours sur Saint-Chamond. Ce serait une vraie réussite pour moi de revenir. J’ai été formé avec Loïc (Perrin) de mes treize ans jusqu’à vingt ans. Je veux rester dans le milieu du foot et là je suis installé définitivement sur Toulon.

Le but serait donc de devenir recruteur pour un club, comme l’ASSE par exemple, depuis Toulon ?
Exactement. Par exemple, Morgan Guilavogui qui était vraiment en contact avec l’ASSE d’ailleurs, qui est au Paris FC, comme j’y ai joué pendant quatre ans c’est moi qui avait contacté un peu les directeurs sportifs, le président pour qu’il signe là-bas. Ils en sont très contents. Je m’entrainais avec lui, j’ai vu qu’il avait vraiment les capacités d’évoluer minimum en Ligue 2. Mais maintenant, avec l’évolution qu’il a eu, je le vois largement en Ligue 1 dans n’importe quel club. C’est un joueur efficace, rapide, technique avec une marge de progression. Il a toutes les qualités pour jouer en Ligue 1. J’ai connu Jonathan Bamba au PFC également, je peux vous dire que Guilavogui ça vaut un Jonathan Bamba ! J’essaye de m’occuper aussi des quelques coachs, comme Fabien Pujot actuellement à Goal FC qui est premier au classement. Dès que j’ai des connaissances, qui ont vraiment du potentiel je n’hésite pas. Je vais essayer de m’occuper d’un défenseur central qui est chez nous qui est très très fort, passé au PFC aussi. Il s’appelle Grégoire Pineau. Il a 22 ans et a déjà joué en Ligue 2, gaucher, qui a un très grand potentiel. Si je peux donner des coups de main, j’essaie de le faire.

Coacher, cela me plairait mais j’ai vraiment une stabilité à Toulon. J’ai deux enfants, j’ai ma femme. Dans la vie de footballeur, on est amené à voyager. Cela fait 18 ans que c’est le cas pour moi. La carrière d’un entraineur c’est aussi de bouger donc dans un premier temps, j’aimerais déjà un peu de stabilité. Je ne me sens pas de partir alors que je viens juste d’emménager. Recruteur dans un club, cela me plairait vraiment, je pourrais visionner les matchs dans le Sud de la France.

Tu as été formé à l’ASSE, que retiens-tu de tes années de formation ?
Je retiens les plus belles ! On est tous arrivés à l’âge de 12-13 ans en sport-étude à Tézenas. Il y avait Carl Medjani, Bafé Gomis, Loïc Perrin… On est tous arrivés un peu ensemble. On a traversé derrière tous les échelons des 13 ans, aux sélections de la Loire, Rhône-Alpes… On a évolué ensemble avec de supers entraîneurs comme Rodriguez, Fernandez, Primard. Ce sont vraiment des coachs qu’on a appréciés et qui nous ont fait progresser sur l’aspect mental et technique. Pour moi qui est natif de Saint-Chamond, signer pro à Saint-Étienne c’était un aboutissement. J’ai eu une fracture à la cheville à 19 ans quand j’ai signé pro. À l’époque d’Antonetti, j’avais mis 22 buts en CFA, une très grosse année. Le problème, c’est qu’Antonetti n’a pas été gardé et c’est Elie Baup qui est arrivé en tant que coach. Elie Baup ne m’a pas du tout fait confiance, les jeunes on ne jouait pas du tout que ce soient Bafé, Loïc ou moi. Comme j’avais signé qu’un an, en fin d’année ils m’ont prêté à Bayonne. À la suite de ça, une semaine avant qu’Elie Baup se fasse virer, il m’a appelé pour me dire que je n’étais pas conservé. Cela m’a laissé un goût amer parce qu’Elie Baup est venu une année et n’a pas du tout compté sur les jeunes. Sinon sur les années de formation on a vraiment eu de bons résultats et pris du plaisir. On avait un groupe de qualité. Dès que je peux désormais, je passe au stade à Saint-Étienne. De temps en temps j’appelle Loïc, Bafé. Cela reste mon club de cœur et ça me fait mal comme pour tous les Stéphanois de voir le club en Ligue 2.  


"Elie Baup est arrivé et franchement il nous a mis des bâtons dans les roues (...) mon regret, c'est d'être tombé sur lui"

As-tu des regrets quant à ton aventure de côté de l’ASSE ?
C’est sûr. M’imposer en vert était vraiment mon objectif. En ayant mis 22 buts en équipe réserve, j’espérais plus. J’espérais au moins avoir deux ou trois ans de contrat quand j’ai signé pro mais à l’époque c’était compliqué donc j’ai eu qu’un an. Après Elie Baup est arrivé et franchement il nous a mis des bâtons dans les roues, surtout les jeunes. Le moindre entrainement, on était mis à l’écart. Les jeunes on ne jouait pas, il ne comptait pas sur nous. Je ne dis pas que je me serais imposé directement, mais ça aurait été bien d’intégrer petit à petit les jeunes. Ce n’était pas du tout sa philosophie. Donc mon regret, c’est d’être tombé sur Elie Baup l’année où j’ai signé pro. Antonetti c’était un entraineur qui prenait le temps de venir voir les jeunes, la réserve. On jouait d’ailleurs avec son fils Pierrick donc il venait souvent voir les matchs de la réserve et intégrait souvent les jeunes dans les séances. Elie Baup ne considérait pas les jeunes pros comme des pros. Ce qui m’a vraiment fait mal, c’est qu’il m’a mis des bâtons dans les roues et il m’a dit des phrases qui sont restées gravées pendant toute ma carrière et d’ailleurs on en parle encore avec mes parents. À l’époque j’étais jeune je ne comprenais pas trop mais il m’a dit des phrases qui m’ont traumatisées franchement. Sur le plan humain c’était très dur.

Que se passe-t-il pour toi après l’ASSE ?
Je rebondis d’abord du côté de Sète avec Christian Sarramagna, un ancien vert, une ancienne légende de l’ASSE. Je fais une super saison à Sète, je marque pas mal de buts et je fais pas mal de passes décisives. Je finis dans l’équipe type de National. Derrière j’enchaîne à Nîmes où je connais ma première montée en Ligue 2 avec notamment Robert Malm, Mehdi Mostefa, Horjak aussi un ancien stéphanois. Une vraie belle équipe et une belle année avec Jean-Luc Vannucci. Je suis resté trois ans à Nîmes et ensuite j’ai suivi des conseils d’agents qui m’ont un peu "dérangés" dans mon parcours. J’ai résilié au Nîmes Olympique et on me promettait des grands clubs puisque j’avais fait de bonnes saisons. Cela ne s’est pas fait et je me suis retrouvé en Algérie, à la JS Kabylie. Sur le plan footballistique c’était bien parce que j’ai fait une demi-finale de Champions League africaine contre le TP Mazembe qui avait gagné la compétition. L’année d’après je pars à l’essai à l’impact de Montréal. Au niveau du football, c’était correct, on va dire du niveau National 1 en France. Au niveau de la vie là-bas, c’était extraordinaire. Cela m’a vraiment plu.

Après j’ai décidé de me relancer en France, en National 1 à Martigues. J’ai fait une bonne moitié de saison parce que je suis arrivé en janvier. Cela m’a permis de signer à Luzenac avec le coach Pélissier qui me connaissait un peu. Je suis resté deux ans avec la montée et de super joueurs qui ont tous percés en Ligue 1 ou Ligue 2 comme Boutaïb par exemple. On fait une super année avec le coach Pélissier et la montée nous est refusée.

Comment l’as-tu vécu cette montée avortée avec Luzenac ?
Franchement, cela a été dur. On avait vraiment fait une super saison sportive. Ensuite, le tribunal… Le stade n’était pas homologué. Apparemment notre club n’avait pas envoyé les documents nécessaires pour pouvoir accéder à la Ligue 2... On avait donné un stade de repli qui était le Stadium, le stade de rugby mais ce n’était pas dans les temps et ils ont dit que les calendriers avec les rugbymen coïncidaient donc il y avait des impossibilités. Tout ça ce n’était pas très clair donc nous on est resté au club, on avait repris début juillet les entrainements. En septembre, le procès avait eu lieu, toute l’équipe était au tribunal. On était confiant d’un côté mais la Ligue 2 avait repris sans nous avec Châteauroux qui devait descendre et qui finalement était resté. Ce n’était pas très clair et finalement on n’a pas été repêchés et le club est reparti en plus en niveau amateur. Tous les joueurs qui avaient fait une grosse saison on s’est retrouvé à devoir retrouver un club. Ce n’était pas facile, j’avais eu plusieurs sollicitations en Ligue 2 durant l’été mais comme j’avais signé un contrat en cas de montée à Luzenac, je ne pouvais pas partir.

En septembre, les recrutements des clubs pros étaient déjà fait et j’ai donc signé au Paris FC en National 1. Ils étaient déjà premiers. Je suis arrivé, je me suis imposé et j’ai fait vraiment une belle saison. On est monté. C’était historique pour le Paris FC qui vivait sa première montée en Ligue 2.  L’année d’après on redescend mais on remonte l’année suivante. Je suis resté avec les cadres comme Demarconnay, Lybohy. C’est vraiment un bon souvenir ce club et ce stade Charléty. La dernière année que je passe là-bas, on termine sixième, une belle saison avec un bel effectif. J’avais 33 ans à cette époque et j’avais toujours dit à ma femme qu’on retournerait dans le Sud peu importe le club. Quatre ans à Paris, cela m’avait un peu pesé. J’avais le choix entre Fréjus et le Sporting Toulon, j’ai choisi Toulon car c’était un club qui avait loupé la montée d’un but l’année précédente et je connaissais des joueurs qui y jouaient. C’est un club avec un bon public et une histoire. J’ai signé et on est monté, la cinquième montée de ma carrière. Malheureusement, on est redescendu avec une montée très mal gérée, avec une trentaine de recrue sur l’année et une gestion catastrophique. J’ai refait une dernière année en N2 et après j’ai décidé de rejoindre le club de Hyères avec le projet de Boudjellal.


"À Saint-Étienne, la ferveur est vraiment là. C’est vraiment une ville de foot. J’ai grandi à Saint-Chamond, il y a des city stades tous les kilomètres"


Pour revenir à l'affiche entre Nîmes et l'ASSE, certains comparent les supporters des deux clubs, toi qui a connu les deux, y as-tu vu des similitudes ?
À Saint-Étienne, la ferveur est vraiment là. C’est vraiment une ville de foot. J’ai grandi à Saint-Chamond, il y a des city stades tous les kilomètres. Quand tu es petit à Saint-Étienne, tu as vraiment dans la tête de faire du foot. Les gens ici ils aiment leur équipe et la soutenir même dans la douleur. Si certains ne viennent plus au stade c’est qu’ils sont touchés. Mais la semaine, si tu passes au bar du coin, ça parle de Saint-Étienne et ils veulent le voir plus haut. L’engouement est toujours là. À Nîmes j’ai retrouvé ça. Quand je suis arrivé, on me parlait d’ailleurs du fameux match de Coupe de France entre Nîmes et Saint-Étienne qui Nîmes avait remporté. C’est une ville où quand tu joues le haut du tableau, le stade est plein. En National 1, on avait joué tous les matchs retours à la maison à guichets fermés, 18 000 personnes. Les gens te reconnaissent dans la rue, te saluent. J’ai connu de belles années là-bas, j’étais apprécié et j’ai de la famille à Nîmes aussi. J’ai encore des amis là-bas, notamment des anciens joueurs. Je me suis retrouvé dans la ferveur, le public, le Kop des Gladiators qui poussait, à chaque but on célébrait vers eux. Cela fait chaud au coeur quand tu es joueur et que tu es sur le terrain, ça te pousse.

Justement, les Gladiators ont annoncé boycotter ce match, c’est assez tendu entre la direction nîmoise emmenée par Rani Assaf et les supporters nimois. Suis-tu cette actualité de près ?
Non je n’ai pas vu. Je sais que c’est compliqué. Les supporters ont toujours été très influents à Nîmes notamment vis-à-vis de la direction. On avait des réunions avec les groupes de supporters en début d’année. Eux, c’est un peu comme les Stéphanois. Ils sont tellement vexés contre le président, contre les résultats. Ils n’hésitent pas à monter au créneau, ça c’est sûr, ils se font entendre. À Saint-Étienne cela a été aussi le cas récemment. C’est comme ça dans tous les grands clubs qui ont de grands publics. Il y a souvent des clashs avec la direction, on a pu voir beaucoup de banderoles à Geoffroy-Guichard sur Romeyer et Caïazzo. Les supporters ils payent, ils aiment leur club et ça leur fait mal. C’est la douleur qui s’exprime.

Quel regard portes-tu sur l’ASSE et sur sa situation ? Es-tu surpris par ces années galères ?
Je ne suis pas ça de près, de l’intérieur. Je n’ai pas les ressentis. Après, il y a eu beaucoup d’erreurs de casting avec des joueurs qui sont venus, qui n’ont pas répondu présents et qui n’ont pas fait leurs preuves à Saint-Étienne. Beaucoup de clubs qui sont passés par là, comme Strasbourg par exemple. Des clubs qui ont touché le fond et qui sont remontés.


"L’objectif de maintien cette année va être atteint plus facilement que prévu pour moi parce que je pense qu’il y a eu une prise de conscience"


Es-tu inquiet pour l’ASSE ? Et pour Nîmes ?
Nîmes est sur une période pas très positive alors que Saint-Étienne je les vois vraiment remonter la pente. Batlles, son travail va commencer à payer. Il s’entend bien avec Loïc Perrin, c’est un duo qui est amené à fonctionner mais il fallait lui laisser un petit peu de temps. Je pense que cela va aller de mieux en mieux pour l’ASSE. L’objectif de maintien cette année va être atteint plus facilement que prévu pour moi parce que je pense qu’il y a eu une prise de conscience. Il y a plus d’intensité et d’implication et cela a payé. Ce qui faisait défaut notamment, c’était de prendre des buts à la fin du match. Ils ont un peu gommé ça dernièrement et s’ils arrivent à avoir une solidité défensive… Offensivement, ils ont beaucoup de qualités malgré la blessure de Charbonnier. C’était néanmoins vraiment ce qu’il fallait devant : un battant, un finisseur. Quelqu’un qui est venu avec de grosses intentions, je lui souhaite un bon rétablissement. Mais d’autres joueurs feront la différence et le niveau Ligue 2 il est largement à la hauteur de l’ASSE. Quand les clubs jouent contre Saint-Étienne, il y a quand même une appréhension et les Verts produisent plutôt du beau jeu donc c’est plutôt positif de ce côté-là.

Nîmes, ce n’est pas du tout pareil. L’effectif n’a pas la même qualité que celui de Saint-Étienne. D’ailleurs, je prédis une victoire de Saint-Étienne, peut-être que les Nîmois m’en voudront (sourire). Mais je pense que Saint-Étienne va s’imposer et je leur souhaite. Ce club n’a rien à faire là. En ce qui concerne Nîmes, ils ont connu la Ligue 1 mais ce n’est pas un club historique de Ligue 1. Donc l’anomalie est plus du côté de Saint-Étienne que de Nîmes. Je vois bien Saint-Étienne gagner et je regarderais d’ailleurs ce match. Quand on touche le fond comme ça, on ne peut que rebondir et ne pas reproduire les erreurs du passé. Saint-Étienne remontera en Ligue 1 rapidement, très rapidement.

Les supporters visent souvent la direction bicéphale de l’ASSE : Roland Romeyer et Bernard Caïazzo. Tu les as connu à l’ASSE, quel regard portes-tu sur le sujet ?
J’étais très jeune et quand j’étais en CFA, Roland Romeyer c’était notre intendant. C’est l’année où je signe professionnel où il devient président. J’avais une super entente avec lui, j’étais son petit protégé il m’appréciait beaucoup mais après je suis vite parti. Les gens lui reprochent beaucoup de choses, je ne sais pas trop ce qu’il se passe derrière. Il a beaucoup d’argent personnel dans le club, il s’est beaucoup investi. Après est-ce que c’est l’homme de la situation ? Franchement je ne pourrais pas juger ça. Je suis trop loin, après il faudrait peut-être passer la main. C’est un passionné mais c’est sûr qu’en deuxième division, la valeur du club n’est pas la même du tout. Je pense qu’il ne partira pas tant que le club n’est pas remonté en Ligue 1.

Toi qui connait bien ce championnat, quelles sont les clés pour remonter en Ligue 1 ?
La montée, je ne la vois pas très compliquée. Il faut un effectif solide avec une grosse assise défensive c’es très important. Après il faut un ou deux bons buteurs devant et c’est faisable. Le niveau technique n’est pas très fort, il faut faire des séries. Je pense qu’ils sont bien. Ils ont touché le fond, dans le jeu cela va mieux. Batlles je pense qu’il fait du bon travail aussi. C’est quelqu’un d’investi. Tu ne peux pas reprocher des choses à des coachs quand tu perds deux ou trois matchs… Il y avait un problème de fond. C’est un ancien pro qui doit travailler des heures et des heures, pas que sur le terrain mais aussi en dehors. Il faut laisser le temps à tout cela de se mettre en place.


C’est pareil quand je vois que Loïc est critiqué, cela me fait mal. Loïc est un amoureux de Saint-Étienne, il a le cœur vert, il aurait pu partir 10 000 fois de l’ASSE, il ne l’a jamais fait. Il a tout donné depuis tout petit. C’est quelqu’un d’investi et je suis sûr qu’il ferait tout pour que le club sorte de là. Il ne faut pas se tromper sur les personnes.


"Loïc Perrin dans le foot tu peux le voir partout ! Un mec comme ça au club, il ne faut jamais s'en séparer"

Justement, toi qui l’a côtoyé, t’attendais-tu à le voir dans un rôle de coordinateur sportif de l’ASSE ?

Loïc Perrin dans le foot tu peux le voir partout ! Franchement, je le dis à tous ceux qui me parlent de lui : c’est un mec de famille. Sa famille est extraordinaire, j’ai des souvenirs de ça, sa famille avait fait énormément de choses pour moi. Lui c’est quelqu’un de très intelligent, à l’école il le montrait déjà. C’est quelqu’un de gentil, tu ne peux pas t’embrouiller avec un mec comme ça, c’est impossible ! Il est tellement calme, gentil, souriant, poli. Quand il croise de la famille à moi à Saint-Étienne, il ne change pas de trottoir, il prend des nouvelles. C’est quelqu’un de respectueux, de professionnel, c’est un travailleur. Quand on a fait nos classes à l’ASSE, ce n’est pas lui qui sortait de l’effectif en 13 ans, en 15 ans, en 17 ans. C’était un très bon joueur de devoir au milieu, mais on retenait souvent les buteurs comme Bafé, moi ou Carl Medjani qui était déjà capitaine de l’équipe de France. Lui, il a continué, il a bossé, il a progressé et la carrière qu’il a fait elle est magnifique. S’il n’avait pas eu toutes ces blessures, il aurait encore pu faire une meilleure carrière. C’est un mec, amoureux de Saint-Étienne. S’il était coach, il serait bon parce qu’il aurait un bon relationnel avec ses joueurs. C’est quelqu’un d’objectif et qui connait le foot sur le bout de ses doigts donc un mec comme ça au club, il ne faut jamais s’en séparer.

Du côté de ta formation à l’ASSE, des joueurs t’ont marqué mis à part ceux que tu nous as cité ?
Il y avait Samy Houri également qui avait signé pro aussi mais qui ensuite n’a pas fait une très grosse carrière. Il est resté au niveau National 1 mais c’était une pépite, tout le monde parlait de lui, tout le monde se l’arrachait chez les jeunes. Après il y a eu aussi Nabil El Zhar, qui est parti à Liverpool après Saint-Étienne et qui a fait la suite de sa carrière en Liga. Il y a eu Stephen Vincent aussi qui a fait une carrière en National 1 et Ligue 2. Il y a eu Alexandre Barthe qui avait un an de moins que nous et qui a fait une grosse carrière à l’étranger. Il y avait également Anthony Losilla qui est encore en Bundesliga à Bochum. C’étaient des joueurs qui étaient là, avec nous, qui étaient très forts mais qui n’ont pas percé à Saint-Étienne. Ils ont travaillé : Antho’ Losilla c’était un Loïc Perrin. C’était sa relève avec un an de moins, le même profil : un battant au milieu de terrain qui courait au milieu de terrain, avec une grosse VMA, qui récupérait beaucoup de ballon. C’étaient des mecs de devoir, super gentils.

On avait une belle génération, une bande de potes et on travaillait dur, très dur notamment avec nos différents coachs dont le premier qu’on a eu qui nous a vraiment inculqué les valeurs de l’AS Saint-Étienne : Joël Guitay. Je me souviens encore de ses causeries quand on jouait contre Lyon, la motivation qu’il nous transmettait. Je sais qu’il a arrêté il y a un moment, mais à l’âge de 12 ou 13 ans quand tu a un entraineur comme ça… Il nous a tout appris : les valeurs du foot, la passion de Saint-Étienne.


"Je peux dire que j'ai joué contre Ronnie (Ronaldinho)" 

Un moment doit rester gravé dans ta mémoire : ce match de gala avec l’ASSE face au FC Barcelone de Ronaldinho, peux-tu nous en parler ?
C’est le meilleur souvenir que j’ai. J’étais un peu déçu de rentrer en fin de match comme ça (sourire). À l’époque il y avait des joueurs un peu plus jeunes que moi qui étaient rentrés avant, j’avais été le dernier changement donc j’avais été un peu déçu. On avait gagné deux à un donc c’est un très bon souvenir. À Geoffroy-Guichard, avec Ronnie (Ronaldinho) qui était la star du moment. Cette année-là ils avaient tout gagné il me semble. Il était venu dans notre vestiaire, c’était vraiment un beau souvenir. Tout le monde m’en parle encore aujourd’hui, je peux dire que j’ai joué contre Ronnie (sourire).

Dans le vestiaire, il rigolait, il parlait un peu avec Janot parce qu’il y avait Wanderlei Silva qui était venu au match avec lui (star du MMA, idole de Janot qui avait fait le même tatouage que lui derrière la tête, ndlr). Ils étaient venus dans le vestiaire avec Ronnie, ils rigolaient avec Janot. On était tout content, on avait 18 ou 19 ans et voir Ronnie, s’échauffer comme ça. Je m’en rappelle encore, en débardeur jaune fluo, cycliste avec des grosses cuisses (rires). C’était impressionnant, il avait mis un coup-franc dans la lucarne d’ailleurs. C’est un super souvenir.  


Qu’est-ce que cela fait de passer des travées de Geoffroy-Guichard au terrain ?
J’étais là, je m’échauffais comme un fou. J’ai dû faire des blocs d’intermittents sur le côté pour montrer que j’avais envie de rentrer (rires). J’étais à fond. Je suis quelqu’un qui a toujours eu la réputation d’être très adroit devant le but. Je me disais que si je rentrais et que j’en avais une, il fallait que je la mette et j’étais concentré là-dessus. Je reçois un ballon en profondeur, je rentre sur mon pied gauche et je frappe. C’est la seule occasion que j’ai eue, elle est contrée et cela fait corner. Je ne marque pas là dessus, mais j’attendais que ça. J’aurais aimé jouer un peu plus, trente minutes cela m’aurait vraiment fait plaisir. J’ai gardé le maillot à la fin, je l’ai encore, mon seul maillot de Saint-Étienne (rires).

Tu n’as pas pu récupérer celui de Ronaldinho ?
Non je n’ai pas osé le demander (rires). Je pense qu’il était demandé.

Allais-tu souvent au stade quand tu étais jeune ? Dans les Kops ?
Non je n’ai jamais été en Kop. On avait des places joueurs. Même maintenant, les anciens joueurs on a des places assez facilement. Cela me permet d’aller les voir quand je suis dans la région.


"Mon père me dit encore : « Essayes ! Postules ! » Je lui réponds : « c’est bon papa, tournes la page j’ai 37 ans, ils ne me prendront pas, ils veulent des petits jeunes maintenant » (rires)"

Toujours impressionné par cette ambiance ?
Franchement cela fait plaisir. Même quand je vois les matchs en Ligue 2, je me dis que j’ai envie de rentrer, de jouer (sourire). Mon père me dit encore : « Essayes ! Postules ! » Je lui réponds : « c’est bon papa, tournes la page j’ai 37 ans, ils ne me prendront pas, ils veulent des petits jeunes maintenant » (rires).

Mon père avait vraiment été affecté. Il faut dire ce qui est : j’avais toujours fait partie des meilleurs buteurs en jeunes, et quand tu signes pro avec un coach qui te veut vraiment, Antonetti. Un mois après il se fait virer, Elie Baup arrive et cela a été horrible pour moi. La pire année de ma vie. On n’avait même pas le droit de faire des matchs à l’entrainement. Dès qu’il y avait match à l’entrainement, il nous faisait faire du physique à tous les jeunes. Il m’appelle le 22 mai le jour de mon anniversaire, je m’en souviens encore pour me dire que je n’étais pas conservé. Quelques jours après, il se faisait virer par le club. Il m’a gâcher mon aventure à Saint-Étienne, ma carrière peut-être, une année de plus peut-être où j’aurais tout fait pour jouer. Il a tout cassé ce que j’avais fait depuis l’âge de 12 ans ici. Il ne me calculait pas du tout, me considérait pas. C’est tout juste s’il me disait bonjour. C’est le pire coach que j’ai eu.


"Yo’ (Mollo) c’est un bon mec, dans le travail, c’est un peu le style de Cristiano Ronaldo. Il pourrait rendre beaucoup de services à de nombreux clubs de Ligue 2"

Tu évolues avec un autre ancien stéphanois du côté de Hyères, Yohan Mollo. Quel type d’homme est-il au quotidien ?
Yo’ c’est un bon mec. Surtout, c’est un passionné de foot. C’est un bosseur, il est tous les jours à la salle pour faire du renforcement. Il veut rajeunir on va dire, il garde la forme et il est vraiment affuté. Dans le travail, c’est un peu le style de Cristiano Ronaldo. C’est un fou de travail, un passionné de football et qui pourrait rendre beaucoup de services à de nombreux clubs de Ligue 2. Je lui souhaite. Cela me fait du mal de le voir évoluer en Ligue 2, après il est venu aussi pour se rapprocher un peu de sa famille. Cela fait mal de voir un joueur pro en National 2, il a la mentalité pro et n’a connu que ce monde là. Après la N2, il ne faut pas dénigrer non plus. Si on  mettait beaucoup de joueurs de l’ASSE en N2, certains pourraient ne pas jouer. Ce n’est pas du tout facile. Ce sont des terrains où quand tu fais une passe, le ballon saute dix fois. Tu ne peux pas contrôler un ballon, les synthétiques ont quinze ou vingt ans. La pelouse, tu cours dessus tu te fais des entorses. Elle n’a pas été changée depuis 40 ans. Ce n’est pas le même football du tout. Yohan, c’est quelqu’un qui pourrait encore s’imposer dans un effectif pro en Ligue 2.

Pour finir, que pouvons-nous te souhaiter pour la suite Idriss ?
Surtout une belle reconversion. Ce n’est pas facile. Je passe un message à tous les joueurs qui sont en fin de carrière et qui préparent une reconversion : il faut s’y prendre bien à l’avance, savoir dans quel secteur on veut s’orienter, se former. Il ne faut pas hésiter à reprendre des cours. C’est vrai que quand on est footballeur on est un peu dans un cocon : on pense foot, on se repose, on dort, on mange, on s’entraîne et on ne pense pas à l’après foot. Moi qui ai fait une carrière un peu moyenne en National 1 et Ligue 2, j’ai besoin de travailler après le foot. Ce n’est pas facile de trouver une branche. Je ne me vois pas électricien, maçon, je veux rester dans mon milieu du foot. Sauf que c’est soit coach et les diplômes ne sont pas faciles et il faut pas mal d’années pour y arriver. Soit superviseur mais il faut avoir la confiance d’un club qui nous engage, les places sont très recherchées. Il n’y a pas beaucoup d’optique. Il faut donc me souhaiter de trouver ma voie et si c’est dans le milieu du foot, tant mieux parce que c’est ce que je connais le mieux. Je fais du foot depuis l’âge de 6 ans, j’espère rester là-dedans et m’y impliquer à 200%.


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