Clément : "On regardait toutes les équipes dans les yeux"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 3 commentaires

L'année 2023 marque les dix ans du dernier titre majeur de l'AS Saint-Étienne : la Coupe de la Ligue 2013. À quelques jours de ce fameux 20 avril, nous revenons avec plusieurs des acteurs de ce parcours sur leurs souvenirs et anecdotes. Premier épisode aujourd'hui avec le milieu de terrain Jérémy Clément

Bonjour Jérémy, comment as-tu vécu ce parcours alors que nous fêtons cette année les 10 ans de ce titre en Coupe de la Ligue ?
Je l’ai bien vécu quand même. Alors, comment dire… Le jour de la finale, je l’ai mal vécu (Jérémy Clément s'était gravement blessé quelques semaines auparavant face à Nice, ndlr). Parce que j’avais voulu monter avec l’équipe mais en fait quand tu es blessé tu te rends compte que ce que tu veux c’est être sur le terrain. Je me rappelle que la veille du match, quand ils se sont tous entrainés sur le terrain, de les voir préparer une finale ce qui n’arrive pas souvent, j’étais comme un fou. J’étais allé faire des abdos dans la salle tout seul parce que j’avais besoin d’évacuer ma frustration de ne pas être avec eux. Quand tu es joueur de foot, tu veux vivre des finales et les jouer. La Coupe de la Ligue je l’avais déjà gagnée avec Paris donc des finales j’en avais déjà jouées, mais tu te dis que ce sont ces matchs-là que tu veux jouer tout le temps. Je savais très bien que cette opportunité là n’allait pas se représenter, quand je me suis blessé j’avais 29 ans... Les finales je n’en fais pas toutes les années et je me disais que ce qu’ils vivaient là, cette préparation avant une finale, je ne le vivrais plus.


"Je me disais « put***, je n’ai pas de chance, j’aimerais être à leur place, ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont."

Sur le moment, comment l’as-tu vécu depuis les tribunes, as-tu vibré ?
Oui ! J’étais frustré la veille, c’était un peu égoïste mais au final on l’est tous un peu. On pense à soi. Je me disais «put***, je n’ai pas de chance, j’aimerais être à leur place, ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont.» Le jour du match j’étais plus collectif parce que j’avais l’envie que mes coéquipiers gagnent, envie que le club et les supporters gagnent un trophée. C’était quelque part un truc de fou pour la ville, pour le club, pour les joueurs. Pour certains, c’était leur première finale. À part Brandao, Clerc ou moi qui avaient gagné des choses, parmi les autres très peu avaient déjà gagné un titre. J’étais très content pour mes coéquipiers, pour le staff, pour le club, pour les supporters. J’avais vibré.

Cela fait tout de même partie des meilleurs moments de ta carrière avec notamment le trophée que tu soulèves avec Loïc Perrin ?
Tu ne le vis pas pareil quand même. Quand tu es blessé, ce n’est pas la même chose. J’étais content et reconnaissant du geste de Loïc parce qu’il me l’a dit après, il avait déjà imaginé que le trophée il se voyait le soulever avec moi et qu’il y avait déjà pensé plusieurs fois. Je trouve que ce sont aussi de belles images et dans le sport c’est ça aussi qu’on aime, il y a une histoire humaine. Un des beaux moments, c’est la demi-finale qu’on gagne aux pénaltys contre Lille. Flo' Balmont rate le cinquième tir alors qu’on se dit qu’on va passer à la trappe et cinq minutes après on est qualifié ! Comme quoi il faut aussi de la réussite dans un parcours.


"Cette année-là, on regardait toutes les équipes dans les yeux et ça ce n’est pas donné à tout le monde"

Il y a aussi ce quart de finale face au PSG de Zlatan…
Oui, c’était un beau parcours. Bon, on était passé à chaque fois par la petite porte, aux pénos mais bon cela reste des bons moments. On a affronté de belles équipes et à cette époque là on rivalisait quand même dans le jeu avec les équipes. J’en parlais avec François Clerc, ce n’est pas qu’on le disait de façon arrogante, mais on se disait qu’on pouvait regarder tout le monde dans les yeux à ce moment-là. Cette année-là, on regardait toutes les équipes dans les yeux et ça ce n’est pas donné à tout le monde. Notamment le PSG où on pouvait rivaliser même s’ils étaient meilleurs. On avait notre mot à dire.

Tu nous parlais des pénaltys, à cette époque il y avait un grand Stéphane Ruffier. C’était quoi un Stéphane Ruffier dans un groupe ?
Il était un peu à son prime... enfin il a été très bon sur la longévité. C’était quelqu’un qui pouvait nous faire gagner des matchs, si ce n’était pas dans les arrêts décisifs qu’il faisait dans le jeu, il le faisait sur les pénaltys. Voilà, cela fait partie des joueurs importants et de la chance que certains gardiens ont. Là pour le coup sur le pénalty de Balmont, il ne fait pas l’arrêt mais il a la réussite du gardien, qui appartient aux grands joueurs.


"Il y a quelque chose qui est marqué, à puissance bien-sûr différente, mais un peu comme les gens qui ont gagné la Coupe du Monde"

Pour finir as-tu une petite anecdote sur ce parcours ?
Franchement, cela fait dix ans je n’ai pas trop de mémoire… Le parcours était beau. On a bien fait la fête (sourire). Je suis content parce que ce trophée récompense un club, un groupe, tout un ensemble d’individus. On va se retrouver parce qu’on est tous invité pour les dix ans de la Coupe de la Ligue. Il y a quelque chose qui est marqué, à puissance bien-sûr différente, mais un peu comme les gens qui ont gagné la Coupe du Monde. Il y a quelque chose qui nous lie avec les autres joueurs, c’est ancré et ça a acté notre histoire humaine et ça pour le coup c’est la plus belle des récompenses.

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