Claude Puel : la rigueur a un visage

Pros | Publié le par Evect | 37 commentaires
Avec plus de 600 matchs professionnels à son actif en tant que joueur, et plus de 800 en tant qu'entraîneur, Claude Puel semble être l'homme fort et expérimenté dont l'ASSE a besoin pour se relancer. Portrait.

Né dans une terre de rugby, à Castres, au tout début des années 60, Claude Puel baigne rapidement dans le football. Dès l'âge de neuf ans, il intègre l'Etoile Sportive Castraise. Progressant pendant sept ans au sein du club, le jeune Claude quitte alors le cocon pour rejoindre le centre de formation monégasque. Réputé pour sa condition physique, le milieu récupérateur sera l'homme d'un seul club : l'AS Monaco. Disputant plus de 600 matchs avec le club du Rocher, il connaîtra les honneurs de la sélection Espoirs, mais jamais des A, alors que le carré magique français fait parler dans le monde entier. Surtout, il remporte deux championnats (1982 et 1988) et une coupe de France (1991). S'il ne participe que peu au succès chipé aux Verts en 1982, avec seulement onze matchs, il est un acteur prépondérant du titre suivant, au milieu d'une équipe all-star (Jean-Luc Ettori, Patrick Battiston, Manuel Amoros, Glenn Hoddle, Omar Da Fonseca ou encore Mark Hatteley) déjà dirigée par Arsène Wenger.

"Un titre dès la première saison"

Achevant cette belle carrière à l'âge de 35 ans, il se plonge immédiatement dans l'apprentissage du métier d'entraîneur. Placé à la tête de l'équipe réserve dès 1996, il devient ensuite l'entraîneur adjoint de Jean Tigana, qui sera licencié en début d'année 1999, lui offrant le siège d'entraîneur principal de l'équipe fanion. Terminant la saison à une honorable quatrième place, le néophyte peut tout de même compter sur l'une des plus belles équipes monégasques des vingt dernières années la saison suivante. Outre les deux champions du monde Fabien Barthez et David Trézéguet, Léonard, Marquez, Sagnol, Riise, Christanval, Gallardo, Giuly, Eloi, Prso et Simone font partie de cet effectif qui remportera le championnat, mais échouera en quart de finale de Coupe UEFA face au Majorque de Diego Tristan et Stankovic. S'en suit un été tumultueux et de nombreux départs, ajoutons à cela l'affaire des faux passeports concernant Contreras, et voilà l'AS Monaco dans la panade en championnat, et éliminé au premier tour de Ligue des Champions. Mis à la porte en fin de saison, il rebondit un an après Lille.

"L'homme à tout faire du LOSC"
Sans doute la plus grande réalisation du coach castrais jusqu'aujourd'hui. Alors que Michel Seydoux prend en main le club nordiste un an avant, la dynamique insufflée sous l'ère Halilhodzic doit perdurer, et ce dernier s'y attèlera pendant six saisons. Entre analyses vidéo au retour des matchs et participations aux séances d'entraînements, Claude Puel est partout, et amène ses hommes en Ligue des Champions. Décrochant une deuxième place en 2005, les Dogues découvrent le top niveau en 2006, avant d'arracher un huitième de finale face à Manchester en 2007 : une performance unique depuis. Multipliant les bonnes performances, il tape dans l'oeil de l'OL. Un premier échec des négociations en 2005, puis l'intensité des relations entre les clubs des deux frères Jérôme et Michel Seydoux, aboutissent à son arrivée chez le voisin honni durant l'été 2008.

"Un passage à l'OL en demi-teinte"
Il succède à Alain Perrin, parti sur un doublé Coupe-Championnat, et se voit offrir un poste de manager général par Jean-Michel Aulas qui voit en lui « le nouvel Arsène Wenger ». Seul hic, la greffe ne prend pas, et les Lyonnais lâchent leur titre de champion à des Girondins séduisants. L'inter-saison permet de réaliser les arrivées de Michel Bastos, Lisandro Lopez et Bafetimbi Gomis, mais rien n'y fait, les Rhôdaniens ne reprennent pas leur trône. La tension s'accentue alors que pour la première fois de son histoire, le club a atteint les demi-finales de C1, sorti par un Bayern intouchable. C'est dans ce contexte qu'intervient le premier derby marquant de son histoire, le 100e, perdu à Gerland. Ire des supporters puis menaces à son domicile, et Claude Puel est débarqué par Jean-Michel Aulas, en fin de saison 2010-2011.

Une nouvelle fois, le Castrais doit patienter une saison pour retrouver un banc de touche, et se pose sur les bords de la Méditerranée. Bâtisseur dans l'âme, il passe quatre saisons chez les Aiglons. La première souriante, puis deux années plus compliquées, avant de renouer avec les succès lors de son ultime saison, porté par Hatem Ben Arfa et Valère Germain. Malgré la réussite globale, Claude Puel est régulièrement décrié pour avoir poussé ses deux enfants Paulin et Grégoire en Ligue 1, où ils ne s'imposeront jamais.

"L'expérience anglo-saxonne aura duré"
Parti en bon terme avec Jean-Pierre Rivère, il part tenter sa chance Outre-Manche. A Southampton tout d'abord, où il termine la saison huitième, mais en prenant la porte à cause d'un nombre de points insuffisant, un jeu proposé moins spectaculaire, et (surtout?) des relations compliquées avec Dusan Tadic. Adoubé par le milieu anglo-saxon, il ne peine pas à retrouver un poste, puisque dès le mois d'octobre 2017, Leicester le contacte pour remplacer l'infortuné Craig Shakespeare qui avait du prendre la suite de Claudio Ranieri. Là encore, le vestiaire aura raison du coach tarnais, comme il a eu raison du technicien transalpin. En témoigne la sortie récente de Jamie Vardy dans l'Équipe : « On s’entendait bien, mais j’avais l’impression que le rythme de ses entraînements était trop lent, au point que c’était compliqué pour nous d’être rapides et agressifs durant le match. C’était comme si on préparait un marathon et que le jour du match on nous demandait de courir un 100 mètres. » Toutefois, contrairement à certains, Claude Puel aura su tenir à flot les clubs par lesquels il est passé dans un championnat hyper-compétitif.

Démis de ses fonctions cet hiver, il n'a certes pas trouvé de banc cet été, mais s'est enfin laissé séduire par le projet stéphanois qu'il intègre dans un rôle de manager général, assisté de Xavier Thuilot en tant que directeur général. S'il y a une phrase à retenir pour qualifier Claude Puel tel un bon prof, dur mais juste, c'est celle de Christophe Pignol : « ce n'est pas du tout un dictateur. À Monaco, même s'il m'a envoyé en équipe réserve, il m'a toujours témoigné du respect ». Si l'entraîneur avouait à Lyon Mag avoir changé, il est indéniable que le besoin de compétition l'anime en permanence : « quand j’étais joueur, j’étais intolérant vis-à-vis de mes partenaires : je ne comprenais pas qu’une défaite ne les rende pas malades. Aujourd’hui, j’ai mûri et j’ai compris que tout le monde n’est pas comme moi. »
keyboard_arrow_down Commentaires (37) keyboard_arrow_down