Bayal : "Je suis un vrai stéphanois, ça ne changera pas"

Mustapha Bayal Sall a marqué de son empreinte le passé récent de l'AS Saint-Étienne. Le colosse sénégalais qui a fait son retour sur sa terre natale reste très attaché au club du Forez, comme il l'a confié dans un entretien passionnant avec Farid Rouas dans l'émission Farid and co.
Dans un premier temps, celui qui a porté le maillot entre 2006 et 2016 évoque son amour du club et son intégration expresse, facilitée par plusieurs joueurs : "J'ai toujours du sang vert dans les veines, ça ne bouge pas. Ça ne pourra jamais bouger. Quand j'ai quitté mon ancien club, l'US Gorée pour venir en France, ce sont eux qui m'ont accueilli, aimé. J'ai pratiquement effectué toute ma carrière à Saint-Étienne. Je suis un vrai stéphanois, ça ne changera pas.
Je n'ai pas eu de problème d'adaptation, je me suis intégré directement. En étant au Sénégal, en jouant ici dans ce championnat, cela m'a beaucoup aidé. Lorsque je suis arrivé en France, je me suis intégré très vite. J'avais trouvé d'autres Africains dans le club (Gomis, Dabo, Diatta). Ils m'ont beaucoup aidé pour mon adaptation."
Celui qui a fait son retour au sein de l'organigramme de son club formateur évoque les difficultés du club mais aussi la double présidence, qui n'en n'était pas une pour les joueurs : "C'est difficile d'expliquer pourquoi Saint-Étienne n'a plus rien gagné depuis 2013. J'ai remporté qu'un seul trophée avec Saint-Étienne, on s'est qualifié plusieurs fois consécutivement en Ligue Europa. C'est devenu ensuite un peu plus compliqué. La manière dont le club travaille ça a changé la donne. Il y a beaucoup de pression à Saint-Étienne, pour y jouer, il faut avoir un mental de fer, avoir peur de rien et mouiller le maillot, parce que les supporters aiment les joueurs qui mouillent le maillot. Tout le monde ne peut pas jouer à Saint-Étienne, c'est dur (...). À Saint-Étienne, il n'y a que le football. Ce qui réunit le Peuple Vert, c'est le football. Si ça ne gagne pas, ça créé des problèmes mais si ça gagne, c'est quelque chose de magnifique.
Ça fait des années que le poids du passé bloque les joueurs. C'est compliqué de comprendre ce qu'il faut faire. On a perdu beaucoup de temps. C'est un club qui ne mérite pas d'aller en Ligue 2, c'est un club qui mériterait d'être en Ligue 1, rien que pour les supporters que l'on a. Il y a le président Romeyer et le président Caïazzo. Nous les joueurs, on ne s'occupait pas de ça parce qu'on voyait tout le temps le président Romeyer. On considérait Roland Romeyer comme le président du club parce que c'est lui que l'on voyait lorsque c'était dur et lorsqu'on gagnait. L'autre président, Bernard Caïazzo, on ne le voyait que sur les gros matchs, lorsqu'il y avait une belle affiche. Sinon, on ne le voyait jamais, il ne venait jamais à l'entraînement. On ne le reconnaissait pas comme président. Je ne pense pas que cette présidence à deux têtes soit le problème."
Désormais âgé de 38 ans, Bayal a connu de nombreux derbies et a su très rapidement comprendre l'enjeu de cette rencontre, ce que ce match représentait pour les supporters : "Lorsqu'on a fait la réunion trois jours avant le derby, les supporters sont descendus à l'entraînement. Lorsqu'ils nous ont dit "nous on préfère gagner le derby, plutôt que le championnat de France". Là je me suis dit, le derby est important, il faut le gagner. Dès que je suis arrivé à Saint-Étienne, je me suis converti en stéphanois. Je me défonçait tout le temps mais lorsqu'on jouait le derby, j'étais autre chose. Je connaissais l'histoire de Saint-Étienne, ils m'ont fait comprendre l'histoire. J'ai tout de suite connu ce peuple vert, on dirait que je suis né là-bas. Quand je jouais les derbies, j'étais comme eux. On joue, on se bat, on ne lâche rien ! S'il y a des bagarres, on les fait ! Dès qu'on a trouvé comment battre l'Olympique Lyonnais, après Lyon était faible contre nous."
Dernier point évoqué par l'ancien vert, sa relation avec Loïc Perrin avec qui il a formé une paire solide durant plusieurs saisons. Bayal porte également un regard sur son nouveau rôle dans le Forez : "Lorsque je suis venu à Saint-Étienne, Loïc Perrin m'a bien accueilli. C'est l'enfant du club. J'étais derrière lui et c'est lui qui me guidait sur beaucoup de choses. Le coach a vu que l'on formait une bonne paire. On n'avait pas besoin de se parler, juste se regarder dans les yeux et on savait tout de suite ce que l'on voulait dire. On était une très bonne paire à Saint-Étienne. On est des frères.
On est toujours en contact. Il arrive à se faire à sa nouvelle casquette de directeur sportif, mais ce n'est pas facile. Il faut maîtriser beaucoup de choses, ça se fait sur plusieurs années. Ce n'est pas un poste facile."