ASSE : Entretien avec Frédéric Mendy !

Anciens Verts | Publié le par Joris | 5 commentaires

Frédéric Mendy, joueur formé à l'AS Saint-Étienne et ayant notamment connu la Ligue 2 avec le club mais aussi le titre de champion en 2003-2004 ou encore la qualification en Coupe Intertoto la saison suivante, a accepté de répondre à nos questions. Sans filtre, il se remémore ses souvenirs en Vert et évoque la difficulté de l'antichambre de la Ligue 1. 

Bonjour Frédéric, pour commencer comment vas-tu et que deviens-tu ?

Je suis dans le coin. Je suis allé joué avec Fabien Boudarène à Lure. Après il y a eu la COVID, je suis rentré au pays pour aller voir ma famille. J’ai été ensuite bloqué là-bas par la COVID parce que tous les aéroports étaient fermés. Quand ils ont rouvert, je suis rentré à Sainté et je me suis installé ici. Il y avait toujours la COVID donc je n’ai pas fait grand-chose d’autre.


Es-tu encore un grand suiveur des Verts voire même un supporter ?

Oui. Je vais au stade, je vais voir les matchs. Nous sommes de nombreux anciens Verts à être encore ici, nous avons de temps en temps des matchs de gala dans le coin. Je suis les Verts, je suis un supporter qui a le cœur vert (sourire).


On suppose donc que tu as souffert comme tous les amoureux de l'ASSE cette saison…

Oui j’ai souffert comme tout le monde. Le club de Saint-Étienne est connu partout dans le monde, c’est notamment le cas au Sénégal où je me fais chambrer par des potes (rires). J’ai une académie au Sénégal où je forme des jeunes, qui suivent également Saint-Étienne. Quand ça ne va pas, je reçois forcément des messages. C’est sûr que cette année c’est une année de galère. Tout le monde a souffert, tout le monde !


Y-a-t-il encore une grande communauté de supporters stéphanois en Afrique et plus particulièrement au Sénégal ?

Oui bien-sûr, il y a une grande communauté de supporters stéphanois en Afrique et c’est le cas notamment au Sénégal. Saint-Étienne a des supporters de partout. Au Sénégal il y a une grosse communauté, des familles m’appellent pour me parler des Verts. Quand je rentre au pays, je vois pas mal de gens qui portent le maillot Vert. Quand ils me voient, ils me saluent, on discute et ils sont fiers de Saint-Étienne. Franchement, cela fait plaisir. C’est pour ça que quand je vais au Sénégal, j’amène des maillots et je les distribue aux fans de Sainté.


"Il a manqué de tout ! On ne peut pas dire que quelque chose a marché quand il y a une descente en fin de saison"

Selon toi qu’est-ce qui a manqué à Saint-Étienne pour se sauver cette saison ?

Il a manqué de tout ! On ne peut pas dire que quelque chose a marché quand il y a une descente en fin de saison. À tous les niveaux cela a été un échec. Rien n’a marché cette année, il faut dire la vérité. C’est l’ensemble qui n’a pas marché. On ne peut pas dire que les dirigeants ou encore les joueurs ont bien fait, au contraire. Si un club descend, c’est que l’ensemble du club n’a pas fonctionné correctement. À l’inverse, quand tu réussis, tu dis que tout a marché. Il faut avoir les "couilles", excusez-moi du terme, de le dire. Après il y en a toujours qui cherchent des excuses, mais elles sont bidons.


Toi qui a connu la Ligue 2 pendant trois saisons avec les Verts, quel jugement portes-tu sur ce second échelon du football français ?

La Ligue 2 est beaucoup plus physique que la Ligue 1, c’est en tout cas ce que j’ai pu constater personnellement. En Ligue 1 ça joue, on a le temps de contrôler. La Ligue 2, on a moins de temps et d’espace, c’est beaucoup de duels. Cela joue moins qu’en Ligue 1. La Ligue 1 c’est plus technique. En Ligue 2 il y a des clubs qui jouent bien, par contre il y a aussi des clubs qui ne font que balancer. La Ligue 2 c’est vraiment le combat. Quand je regarde la Ligue 2, je ne peux pas m’empêcher de zapper parce que ça ne joue pas trop (rires).


On imagine que l’adaptation est donc compliquée et qu’il est difficile de faire l’ascenseur en remontant directement ?

C’est très compliqué. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui sont parvenus à réaliser une telle performance. Regardez Lens, quand ils sont descendus, sont-ils remontés de suite ? Non. Pour Toulouse même question, même réponse. Je ne dis pas que c’est impossible mais c’est très difficile. C’est possible lorsque l’on recrute des bons joueurs expérimentés en plus de quelques jeunes pour former un très bon groupe. La Ligue 2 est un championnat pas facile.


Tu évoques le recrutement, justement pour toi quelles sont les clés pour le réussir ?

Comme je l’ai dit, il faut recruter de très bons joueurs qui ont à la fois de l’expérience en Ligue 1 et en Ligue 2. Je rajouterais aussi quelques jeunes pour faire un bon groupe. Je pense qu’il faut recruter dans tous les secteurs de jeu. Il faut également doubler les postes.


J’ai regardé Saint-Étienne cette saison : les gens avec qui je regardais les matchs me disaient : "C’est pas possible !" On me disait souvent que certains joueurs n’avaient pas le niveau. Dans les tribunes, je m’endormais. Ce n’est plus comme à notre époque où ça jouait davantage même lorsque l’on perdait. On essayait de faire plaisir aux supporters. Cette année, les supporters ont souffert, du début à la fin du championnat.


"Quand des gens sont énervés, ils ne contrôlent plus leur colère [...] Cela se passe de partout, pas qu'à Saint-Étienne"

La saison s’est terminée dans le chaos. Comprends-tu la colère des supporters ?

Oui je la comprends largement. Après, saccager le stade je dis également qu’ils n’ont pas le droit de le faire. Mais, quand des gens sont énervés, ils ne contrôlent plus leur colère. C’est ce qu’il s’est passé. Ils étaient énervés, ils n’ont pas contrôlé leur colère, cela se passe de partout, pas qu’à Saint-Étienne. Après il y a eu des grosses conséquences avec des jeunes et des enfants qui ont été gazés. Personnellement, quand je suis énervé, je ne contrôle plus rien. Je deviens un lion, ma famille le sait, on ne peut plus m’arrêter (rires). 


Les supporters demandent notamment à Roland Romeyer et Bernard Caïazzo de vendre le club. Est-ce que c’est la solution pour toi qui a également connu plusieurs présidences à l’ASSE ?

Si les dirigeants ont décidé de vendre le club cette saison, je pense que ce serait positif pour le club et les supporters qu’ils le fassent. Je pense que tout le monde veut que Saint-Étienne remonte au plus vite. Tout le monde le veut : supporters, dirigeants, joueurs. Personnellement, je pense donc que si les dirigeants ont décidé de vendre et que c’est dans l’intérêt du club, des supporters et de la ville, qu’ils le fassent !


Quelles relations avais-tu avec les deux présidents Roland Romeyer et Bernard Caïazzo ?

Moi j’avais une bonne relation avec les deux présidents. Roland Romeyer c’est comme mon papa. Je m’entendais avec tout le monde, avec Bernard Caïazzo aussi.


 "Je pique un ballon pour Bridonneau qui fait l’appel en profondeur, il arrive et fait une retournée et rohlala (sic). Quelle action popopo (sic)"

En 2003-2004, tu es passeur décisif pour Bridonneau pour le but du titre, d’une merveille de ballon piqué, racontes-nous

Avant le but du titre, je vais te parler de celui qui nous fait monter en Ligue 1. On joue à Niort et j’inscris le but victorieux d’un piqué également. Mes enfants n’arrêtent pas d’en parler (sourire). 

Pour le but du titre, c’était face à Châteauroux lors du dernier match. On a un pénalty que Cartoche’ transforme (ndlr : Patrice Carteron). Châteauroux égalise ensuite. À la fin du match, on mettait la pression. À la suite d’une touche d’Hellebuyck, je prends le ballon je fixe un peu la défense et je pique un ballon pour Bridonneau qui fait l’appel en profondeur. Damien (Bridonneau) arrive et fait une retournée et rohlala (sic). Quelle action popopo (sic). Même lui quand il a marqué il ne savait même pas quoi faire (rires). Le stade, je ne sais pas s’il était à guichets fermés, mais c’était blindé ! On sentait que les supporters, la ville, tout le monde était derrière nous. Il ne fallait pas qu’on gâche la fête. Et Dieu merci, la fête a été superbe. On est parti place de l’hôtel de ville avec des tee-shirts, on a chanté avec les supporters, je m’en rappellerai toujours. À chaque fois que je retourne à l’hôtel de ville, cela me rappelle toujours ce jour-là. Les gens étaient contents, ce sont des moments inoubliables !

Est-ce ton meilleur souvenir en Vert ?

Oui c’est mon plus beau souvenir. Même s’il y en a eu en Ligue 1 avec la qualification la saison suivante en Coupe Intertoto notamment. Mais en Ligue 2, on avait une équipe… Je regarde parfois les matchs sur Youtube, c’était incroyable ! En formation, j’ai vécu des très beaux moments également : on a été champion de France, on a gagné la Gambardella, le tournoi de Saint-Joseph aussi.


"Saint-Étienne c’est mon club de cœur, tout ce que j’ai gagné, je l’ai gagné là-bas en jeune et en pro [...] Je peux même dire que je suis l’enfant du club"

Crains-tu un intérêt moins fort des supporters stéphanois en Ligue 2 ?

Non je ne pense pas. Quand on est supporters des Verts, on aime les Verts qu’on soit en Ligue 1 ou Ligue 2. Les supporters sont toujours là. En Ligue 2, Saint-Étienne avait les meilleurs supporters. Même quand on se déplaçait, les supporters étaient toujours là ! Saint-Étienne c’est mon club de cœur, tout ce que j’ai gagné, je l’ai gagné là-bas en jeune et en pro. Dans les autres clubs, je n’ai rien gagné. Je peux même dire que je suis l’enfant du club. Je suis arrivé à 14 ans ici, j’y ai fait ma formation, je suis passé pro ici. C’est pour ça que je dis que j’ai toujours le cœur vert. De temps en temps, je vais voir des dirigeants comme Gérard Fernandez, c’est comme mon papa, c’est lui qui m’a coaché en moins de 15.


Justement, en ce moment, il est très compliqué de pouvoir se déplacer pour voir son équipe avec beaucoup d’interdictions de déplacement et de restrictions, qu’en penses-tu ?

Je suis un peu partagé. D’un côté je suis d’accord et de l’autre je ne le suis pas. Il y a des supporters qui ne sont pas responsables et ils payent aussi. Que l’on sanctionne les responsables, oui, mais pas les autres. 


Tu as encore des contacts avec des anciens stéphanois ?

Oui avec les anciens Verts pour des matchs de gala. Il y a également des joueurs qui sont dans le coin comme Pascal Feindouno, Loïc Perrin que je vois parfois pour discuter. Je vois encore Fred Emile également, Hubert (Largeron) le kiné et Laurent (Bensadi) par exemple.


Quel regard tu portes sur Laurent Batlles le nouveau coach stéphanois ?

Je ne le connais pas trop en tant que coach, mais je l’ai connu en tant que joueur. C’était un super joueur. Il a fait monter Troyes donc il a l’expérience de la Ligue 2 et de la montée, c’est toujours positif. C’est d’ailleurs pour cette raison entre autre qu’ils l’ont pris je pense.


Un petit pronostic pour la saison des Verts ?

S’ils recrutent des très bons joueurs qui ont de l’expérience en plus de jeunes, je pense qu’ils peuvent remonter de suite. Ce ne sera pas facile mais ils peuvent le faire. S’ils ne le font pas… La Ligue 2, attention ! Ils vont galérer. 

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