À quoi joue l'ASSE avec son centre de formation ?

Formation | Publié le par Paul | 20 commentaires

Si la préoccupation sportive de l'ASSE cristallise l'attention, un autre secteur du club est en danger, celui de la formation. À l'arrêt depuis plusieurs mois, l'avenir de cette dernière est mis en péril par un désintérêt total du sort de ses principaux acteurs : les éducateurs. 

En l'état actuel des choses, et à partir du 30 juin, l'ASSE n'aura plus aucun entraineur sous contrat pour ses équipes de jeunes, presque aucun adjoint non plus. Exit donc les Huard, Bédénik, De Jésus, Nedder, Moreau, Zambelli et Dogon. À noter que le directeur du centre de formation, Philippe Guillemet, est également en fin de contrat. Seuls Simon Bourgin (adjoint U19), Sylvain Gibert (U16), Sébastien Sangnier (recherche et développement) et Aurélien Rémoué (Préparateur physique) ont un contrat pour la saison prochaine.


À quoi joue le club ?

Des échanges sont habituellement organisés à un an de l'échéance des contrats, par souci de clarté sur les intentions de chacun mais aussi pour permettre à tout le monde d'organiser son avenir professionnel sereinement.

Une situation connue depuis le début de la crise du Covid-19, alors qu'une dizaine de membres des équipes jeunes sont en fin de contrat à l'issue de la saison 2020/2021. 

Hors depuis la rentrée c'est le silence radio du côté de l'état-major stéphanois et de sa direction. En charge du sportif, le manager général, Claude Puel, n'a pour le moment rencontré personne pour échanger sur le futur des salariés dont la situation contractuelle devient préoccupante. 

Si la gestion en bon "père de famille" est souvent mise en exergue pour qualifier le fonctionnement de l'ASSE, une fois de plus la réalité du quotidien est tout autre. L'ASSE néglige, encore, ce qui fait l'essence même de son club, sa structure et ses hommes.


Une situation qui fait écho à celle de Jérémie Janot en juin 2017. Sans nouvelles de sa direction, il avait alors accepté la proposition d'Auxerre, avant que l'ASSE ne lui fasse part de son désir de le voir rester à son tour... trop tard. Depuis "Spider Janot" évolue loin du Forez et de l'Étrat.

Le club s'expose donc une nouvelle fois au départ d'un staff qui mérite davantage de considération. 


Une vraie identité stéphanoise

Si la formation stéphanoise a mis longtemps pour retrouver ses lettres de noblesse, elle fait partie depuis quelques saisons des centres les plus performants sur le territoire national.

Quatrième derrière le PSG, Rennes et Lyon, l'ASSE fait les choses dans le bon ordre. Des structures améliorées, des entraineurs diplômés, un recrutement qualitatif, le club a mesuré les efforts qu'il avait à accomplir pour retrouver son rang.

Jean-Louis Gasset et Claude Puel ne sont pas totalement étrangers à ça d'ailleurs, accompagnants via les éducateurs une transition vers le monde professionnel plus poussée de ses pépites. Un rôle dont Julien Sablé*, initiateur du projet "mine verte" est le parfait relai au sein du groupe professionnel. 

Une volonté aussi depuis maintenant 3 saisons de la part du staff de la formation de faire gagner du temps de jeu à un ou deux échelons supérieurs à ses jeunes talents. William Saliba, en son temps, mais aussi Lucas Gourna la saison dernière en sont le parfait exemple.

Initialement capitaine des U17 en septembre 2019, le jeune prodige du milieu a ensuite enchainé les rencontres en U19 puis en N2. L'objectif ? L'aguerrir et servir le dernier étage du club, le groupe professionnel. Sur l'exemple de Gourna, sans interruption du championnat en mars 2020, son éclosion aurait pu être encore plus précoce en L1.

Une politique ancrée dans les esprits et dans l'identité souhaitée par les éducateurs du centre. Au début de la saison 2020/2021, 50% de l'effectif professionnel sous contrat à l'ASSE était issu de son centre de formation. 


Saliba, Fofana, une génération qui rapporte gros

Paradoxalement, et avec la crise des droits TV que connaît le football français, l'ASSE ne doit son salut financier que par la vente des pépites de son centre. Saliba en 2019, Fofana en 2020 et dans une moindre mesure avec la vente de Vagner Dias, ce sont près de 75 millions d'injectés dans les caisses de l'ASSE. Une économie nécessaire au bon fonctionnement du club, sur laquelle l'ASSE va encore devoir s'appuyer pour se sortir d'une crise qu'elle subit partiellement après l'échec de la conciliation avec Mediapro.

Nordin, Moueffek, Gourna, Rivera, Abi et Camara sont autant d'actifs sur lesquels le club pourrait faire une croix pour sa survie financière.


Le seul titre ces dernières années

Alors que l'ASSE court après des titres, trop rares depuis 40 ans, le centre de formation, lui, met en valeur le club. Vainqueurs de la Gambardella en 2019, les joueurs et le staff avaient d'ailleurs été salués comme il se doit par le Chaudron lors de la réception de Toulouse le lendemain du titre acquis au Stade de France. Un accueil fier des deux Kops de Geoffroy-Guichard pour des "gamins" tatoués ASSE à vie. 


Une campagne de coupe d'ailleurs largement suivie et relayée par des supporters qui ont appris à connaitre les joueurs que l'on nomme désormais ceux de la "génération Gambardella". Une réussite sportive et humaine portée par le projet de tout un club au travers de ses éducateurs.

Ces mêmes éducateurs que l'on néglige aujourd'hui et dont le contrat prend fin dans un peu plus de 4 mois. Décidément l'ASSE n'est pas un club comme les autres.


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* "L’objectif, c’est de former de très bons joueurs en leur inculquant nos valeurs. Le projet porte un nom symbolique auquel je tenais : il s’appelle la mine verte. Ce qui veut dire que la formation devra nous permettre de sortir des diamants. C’est tout un processus à mettre en place. Des choses à faire perdurer, d’autres à améliorer." Julien Sablé 2017.

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