À la recherche de Ryad Boudebouz

La principale problématique face à Troyes a concerné les sorties de balle. Positionnés dans un 3-5-2, les Stéphanois ont eu beaucoup de difficultés à transpercer le bloc visiteur. Ils n’ont pas non plus pu profiter des qualités de Ryad Boudebouz. Le meneur de jeu étant trop éloigné des premiers relanceurs Verts. 

Boudebouz démarre la rencontre en numéro 10, très haut, presque comme un attaquant, au même niveau que Khazri et Bouanga. L’Algérien tentait souvent d’être trouvé sur un côté pour pouvoir amener le danger par le centre grâce à sa qualité de passe et sa technique. Là, le problème était le manque de présence dans la surface et de joueurs performants dans les airs. 

Pendant toute la première période, Boudebouz est resté dans cette position, à hauteur des deux autres attaquants. Mais sa justesse technique pour toucher ses partenaires a manqué à l’ASSE. Plusieurs fois, ce sont les trois défenseurs centraux qui ont essayé de s’occuper de relancer proprement. C’était aussi la consigne : "Nous trouvions que c’était suffisant qu’on ressorte le ballon avec nos trois défenseurs centraux face à une seule pointe. C’est ce qu’on a mal fait. On s’est fait que des passes latérales", soulignait Pascal Dupraz à la fin du match. Mais ces derniers ont peiné dans cette tâche. Le fait que Ryad Boudebouz se positionne entre les deux attaquants plutôt qu’entre Camara et Gourna a donc pénalisé la relance stéphanoise. A l’image de Thioub qui joue long par manque de solution, même chose pour Moukoudi cette fois, et à plusieurs reprises. Ces tentatives aboutiront vers une perte de balle. C’était aussi le cas pour Nadé, qui a quelques fois manqué de solution à la relance, et qui a été forcé de prendre des risques. L’une d’elles a failli entraîner une perte de balle très dangereuse (70’). Tout cela ne coïncidait pas non plus avec la volonté de Bernardoni de relancer court ce soir-là. A noter que la sortie sur blessure de Falaye Sacko en tout début de match a été préjudiciable pour les Stéphanois. Le défenseur malien proposant souvent des solutions vers l’avant.

Résultat : beaucoup de passes latérales et donc une possession stérile. Avec 63% de possession, l’ASSE n’a tiré qu’à deux reprises de plus que les Troyens (10 tirs à 8). Le manque d’occasion s’explique par le peu de ballon touché par le numéro 7 des Verts. Par exemple, Eliaquim Mangala a touché 42 ballons de plus que Boudebouz (106 contre 64). Face à Metz, le défenseur français n'en avait touché que 46. Un symbole évident de l’utilisation du ballon par les Stéphanois.

La tâche n’a pas été facilitée par les joueurs de l’ESTAC. Face à un 5-4-1 avec un bloc bas et bien en place, il était d’autant plus difficile de trouver des solutions. A tel point que même Ryad Boudebouz a été parfois contraint de jouer en retrait plutôt que de se risquer à une passe ou une course progressive.

En deuxième mi-temps, l’Algérien a un peu plus tenté de prendre le jeu à son compte. Après l’heure de jeu, il demandait davantage le ballon entre les lignes troyennes. C’est d’ailleurs ici qu’il récupère un bon ballon qu’il glisse ensuite à Mahdi Camara, qui provoque le pénalty (65’). Boudebouz prendra ensuite ses responsabilités pour égaliser (1-1 67’). C’est après la sortie de Thioub pour l’entrée d’Arnaud Nordin que le numéro 7 jouera plus bas, souvent sur la même ligne que les deux autres milieux de terrain. De cette façon, il a pu aller chercher les attaquants en usant de sa qualité technique. Chose qui manquait aux Stéphanois depuis le début de la rencontre. 

En revanche, en fin de match, quand l’ASSE poussait et que Troyes était bien regroupé, Ryad Boudebouz ne proposait pas tout le temps. Ce qu’a en revanche bien fait Adil Aouchiche après son entrée en jeu. Là encore, les joueurs de l’ESTAC ont contraint les Stéphanois à jouer latéralement. 

Le manque de créativité et de jeu vers l’avant a pu porter préjudice aux Verts face à des Troyens bien en bloc. Avec un Ryad Boudebouz positionné plus bas sur le terrain, l’ASSE aurait pu profiter de sa qualité technique et de sa vista pour trouver des partenaires devant. Le meneur de jeu stéphanois le dit lui-même : "J'ai envie de toucher des ballons et de prendre le jeu à mon compte." A voir comment il sera utilisé par Pascal Dupraz dans les journées à venir.

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