đŸ’„ Mollo : "Gratuitement je reviens à l'ASSE !"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 41 commentaires

L'ancien attaquant de l'AS Saint-Étienne Yohan Mollo a accepté de nous accorder un peu de son temps pour évoquer sa situation personnelle ainsi que celle du club. Celui qui a proposé ses services à Loïc Perrin cet été n'a pas oublié les Verts et reste dans l'incompréhension face à la situation très préoccupante que connait le club actuellement. 

Peux-tu nous donner de tes nouvelles Yohan ?
Je joue désormais au Hyères FC en National 2. Je suis dans un groupe avec des jeunes qui ont joué dans ce championnat et dans celui de National 1. C’est un niveau que je découvre un peu. Comme vous l’avez certainement vu on a réussi à faire un joli parcours en Coupe de France cette année. On va jouer contre l’OM le 8 janvier. Je joue latéral droit maintenant. J’ai cette faculté à vite m’adapter et cela se passe bien, je n’ai pas de problèmes sur le plan défensif. J’ai une bonne relance par rapport à l’expérience que j’ai offensivement. Je peux dépanner un peu à tous les niveaux. Le match dernier, j’ai même joué défenseur central. Dans le football, quand tu es intelligent tu peux jouer à tous les postes.

À Hyères on doit attendre ce match face à l’OM avec impatience, c’est un peu un derby ?
Honnêtement, la priorité c’est le championnat. En championnat, même si on a fait dix matchs sans défaite, on a du mal à enchaîner les victoires. Ce match-là face à Marseille c’est la cerise sur le gâteau dans le sens où ça vient récompenser le travail de la saison. L’objectif c’est d’aller le plus loin possible mais notre objectif principal reste d’avoir de bons résultats en championnat.

Tu évolues avec un autre ancien stéphanois à Hyères, Chergui, il a encore de beaux restes ?
Oui franchement ! Au début de saison c’était un peu difficile pour lui sur le plan athlétique mais là honnêtement il montre des choses intéressantes, il revient bien sur le plan physique. On voit qu’il a de la qualité.


"Pour moi l’ASSE c’est un peu une incompréhension. Je n’ai pas l’impression qu’on défende l’institution"


On suppose que comme les supporters de l’ASSE tu souffres en ce moment ?
Pour moi l’ASSE c’est un peu une incompréhension. Je n’ai pas l’impression qu’on défende l’institution. Comme on parle beaucoup de business, de l’achat, de la revente dans le football, je n’ai pas l’impression que les valeurs du club soient retranscrites dans la mentalité. Quand on joue dans un club comme Saint-Étienne, les attentes sont différentes. Ce n’est pas pareil que lorsqu’on joue dans un petit club, il y a plus d’exigence. Il y a une attente de résultats. J’ai l’impression que certains joueurs sont un peu freinés par ça, je ne sais pas si c’est mental… Ce n’est pas juste de l’ordre physique le football, c’est aussi mental.

On parle justement de l’éventualité d’un préparateur mental à l’ASSE…
Non, ça c’est se trouver des excuses ! Je suis désolé mais moi je suis quelqu’un qui a une force de caractère énorme et même si à un moment donné mentalement tu es perdu, tu sais ce que tu as à faire sur un terrain. Tu connais les valeurs qu’il faut retranscrire. C’est très simple le football. Cela ne sert à rien de mélanger les choses, de se trouver des excuses. Tu es face à tes responsabilités et il faut les assumer point barre ! Si tu n’es pas capable de les assumer, tu n’as rien à faire dans ce club.


"Si j’étais à la place des joueurs, je ne prendrais même pas de vacances et je serais tous les jours en train de bosser"


Comment peux-tu expliquer cette période catastrophique pour l’ASSE ?
C’est juste un problème d’intensité. Quand une équipe en face de toi a plus d’impact, est plus agressive, que les uns se battent pour les autres et que techniquement cela suit un petit peu, elle a forcément les résultats qui suivent. Quand tu as une équipe un peu divisée, qui techniquement ne s’entend pas trop, qui ne se bat pas assez… Il faut se battre plus, donner plus, c’est comme ça que les résultats arrivent. La base du football c’est la niaque et l’envie, après il y a également une base de talent. Bien-sûr qu’au football on a besoin de talent. Néanmoins, je pense que le talent on peut le palier avec la détermination.

Toi qui a connu l’ASSE de l’intérieur, penses-tu qu’actuellement que le problème est uniquement sportif ou plus global ?
Un problème ailleurs, je ne sais pas. Je connais Loïc (Perrin) en tant qu’homme, c’était mon capitaine et je lui resterai loyal. C’est quelqu’un qui sur le plan humain a de bonnes valeurs. Concernant son job, je ne suis personne pour le juger. Loïc (Perrin) a fait confiance a des joueurs et pour le moment ils ne lui rendent pas. Si j’étais à la place des joueurs, je ne prendrais même pas de vacances et je serais tous les jours en train de bosser parce que Loïc il te donne la chance, l’opportunité de jouer pour un club prestigieux, il faut le lui rendre. C’est comme ça que cela se passe la vie. Ce n’est pas juste une question de mauvais choix. Le joueur mis en place, il faut qu’il donne plus, point barre. Il n’y a pas de négociation possible !


"Il faut que quand les gens viennent payer leur billet, ils se disent : « put*** le mec, il ne nous chie pas dessus ! Le mec il est là, il se la donne»."


Justement tu nous parles de Loïc Perrin, le voyais-tu dans ce rôle de coordinateur sportif ?
Loïc c’est quelqu’un d’équilibré sur le plan psychologique, je l’aurais bien vu entraîneur. Ce n’est pas un méchant donc je pense qu’à un moment donné cela n’aurait pas été facile pour lui dans le management. Travailler pour le club, c’était écrit parce que c’est un enfant du club et tout le monde l’adore. Loïc a fait l’unanimité au sein du club.

Tu as connu de belles années à l’ASSE de l’extérieur qu'y avait-il avant qu’il n’y a plus maintenant ?
Moi même au niveau où je suis, j’ai appelé Loïc et je lui ai demandé, parce que s’il avait besoin d’aide, pour moi ce n’était pas une question d’argent ou quoi que ce soit. Même si c’est pour un pari, venir aider l’équipe, donner de la niaque, essayer d’imprégner quelque chose… Avec ce que je vois sur le terrain, je ne comprends pas. Ce qu’il manque c’est de se battre de la première à la 90ème minute. Que tu harcèles le porteur, que tu sois agressif, que tu montres que quand les gens viennent payer leur billet, ils se disent : « put*** le mec, il ne nous chie pas dessus ! Le mec il est là, il se la donne». Il y a aussi l’aspect technique où il faut arriver à enchaîner deux, trois ou quatre passes. Mais je pense quand tu arrives à un certain niveau, tu es capable de le faire. Je pense que c’est mental parce que ces joueurs-là auparavant, si on les a recruté, c’est qu’ils étaient performants dans leur club. Si ces joueurs-là ont joué à ce niveau, c’est qu’ils ont les qualités. Je pense qu’ils ont besoin d’un petit déclic, mais je ne suis pas entraîneur, je suis personne.


"Moi je l’ai dit, gratuitement je reviens à l’ASSE !"


Tu nous dis avoir proposé tes services à l’ASSE, serais-tu prêt à revenir s’ils venaient à refaire appel à toi cet hiver ?
Moi je l’ai dit, gratuitement je reviens à l’ASSE ! Tout le monde sait que je n’ai rien à faire en National 2. Je suis revenu ici pour ma famille parce que j’ai eu des problèmes et que je voulais me rapprocher d’eux. Ce n’est pas une prétention, mais je sais que je peux jouer à ce niveau, tranquille. Parce que je sais que j’ai les valeurs et que j’ai tout simplement la mentalité pour. Ce n’est pas une question de vouloir demander à quelqu’un de l’argent. Dans la période dans laquelle je suis, ce serait un privilège, un honneur. Si je n’étais pas prêt, que je n’avais pas les capacités, jamais je n’aurais proposé mes services. Aujourd’hui, je suis en pleine possession de mes moyens et si le club avait eu besoin d’un coup de pouce, avec plaisir j’aurais été là. Après le football fait qu’aujourd’hui, on s’intéresse peut-être à des joueurs qui sont un peu plus jeunes. Moi je sais que des fois j’ai la rage parce que cela me fait mal en fait. Tu as la chance de pouvoir jouer pour cette équipe, et tu montres rien ! C’est ça qui m’interpelle. Est-ce qu’ils se rendent compte de la chance qu’ils ont ?!

Un retour te semble envisageable ou la porte est restée complètement fermée ?
Honnêtement, quand on parle de Yohan Mollo en National 2, le faire revenir… Mais me faire revenir, cela ne coûte pas d’argent. C’est un pari, cela ne sera pas une faute de recrutement parce que je ne coûterai pas d’argent. Ce serait vraiment pour essayer d’apporter quelque chose de positif, essayer de pousser l’équipe, apporter une certaine mentalité. J’ai proposé mes services et les gens prennent des décisions. Je les avais contacté cet été. Comme je leur avait dit, s’ils avaient voulu jauger mon état physique, athlétique, je pouvais venir pour une ou deux semaines gratuitement. Juste histoire de leur montrer que je peux apporter une valeur ajoutée à cette équipe. Je peux le faire, mais après cela dépend de la confiance qu’on veut m’accorder. Je peux concevoir qu’on veuille prendre un joueur au-dessus ou un joueur de la division. Tout le monde sait à quel point j’aime cette équipe, à quel point mon histoire est liée à ce club parce que mon passage m’a marqué à vie. Tout le monde connait ma mentalité et ce que je suis capable de donner. Je suis sûr de ce que je peux apporter. Ce n’est pas frustrant car je ne regrette pas mon choix, car ce choix c’était d’être près de ma famille. Mais après dans la vie si j’ai des opportunités, je les saisirai. J’ai eu des offres en National mais je n’y suis pas allé car cela ne m’intéresse pas.

Mis à part avec Loïc Perrin, tu as encore des contacts à l’ASSE ou avec d’anciens joueurs ?
On ne s’est jamais oublié que ce soit avec Jonathan Brison, Brandao, François Clerc, Loïc Perrin, Jérémy Clément… Il y a du respect parce qu’on était un groupe de potes. Même si on n'allait pas tous les jours manger ensemble, on avait des affinités sur le terrain et on s’entendait bien.

Un autre de tes anciens clubs connait une situation très préoccupante, l’AS Nancy Lorraine, désormais en National 1. As-tu peur que l’ASSE suive le même chemin ?
Un moment donné il y a le nom et il y a ce que tu fais avec. Ce n’est pas avec le nom que tu gagnes des titres, que tu gagnes des matchs. Toutes les équipes du championnat aspirent à évoluer donc si tu ne te bats pas et que tu ne proposes pas quelque chose de plus, tu ne montes pas. On peut s’appeler le Real Madrid, le Bayern Munich, Saint-Étienne ou Nancy, si on ne met pas les ingrédients pour gagner, on ne gagne pas. C’est inquiétant déjà de voir l’ASSE en Ligue 2.


"Quand tu passes par ces ambiances-là, cela reste à vie"


La direction bicéphale du club avec deux présidents, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo est souvent pointée du doigt. Comment cela se déroulait à l’époque où tu jouais ici ?
Quand on a gagné les deux étaient là. Il y a des décisionnaires et nous on est des joueurs de foot. Ce genre d’interrogations ne m’appartiennent pas car moi j’ai gagné avec eux. Bernard Caïazzo n’était pas très souvent là mais Roland Romeyer était toujours là. C’était un peu le papa de l’équipe, toujours là pour donner un petit mot, soucieux des résultats de son équipe. Il était un peu fan quoi. On sent que c’est quelqu’un qui aime son club. Cela a toujours été un emblème au club. Il s’est battu, après comme tout président il a des bonnes et des mauvaises périodes. Moi je trouve que c’est une belle personne, il est président il doit prendre des décisions, c’est le football.

Pour toi un nouveau cycle n’est-il pas souhaitable à ce niveau-là également ?
La question est de savoir pour quoi on change. Si on change et que cela ne change rien, cela n’apporte rien. Si tu changes pour quelque chose et que cela t’apporte quelque chose je suis d’accord pour changer. C’est comme tout : quand tu quittes quelqu’un il faut voir ce qu’on va t’apporter.

Le public de Geoffroy-Guichard te manque t-il ?
Ah oui ! C’est mythique de toute façon ça. Quand tu passes par ces ambiances-là, cela reste à vie. J’ai toujours quelques mots gentils de supporters stéphanois. Quand on gagne un titre, on reste un peu dans les mémoires. C’est un peu le privilège qu’on a eu.

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