🎙 Interview Evect : Perrin s'exprime sur le recrutement et le mercato

Club | Publié le par Paul R. avec Joris S. | 34 commentaires

En marge du stage à La Plagne en ce début de semaine, le coordinateur sportif de l'AS Saint-Étienne Loïc Perrin s'est confié à notre micro. Il nous détaille la cellule de recrutement, son travail et évoque l'actuel mercato estival. 

Bonjour Loïc, pour commencer sur la cellule de recrutement, quelle est sa composition ? 

Ça a un petit peu bougé avec le départ de Luis De Sousa. Sinon on fonctionne de la même façon : on a trois recruteurs qui sont Anthony Gillot, Ilan et Jean Costa. Ensuite, on travaille avec la cellule d'aide à la performance qui nous aide notamment du point de vue des datas. On a créé notre propre outil de recrutement, ça a été un travail qui a duré quelques mois qui est encore perfectible mais dont on est très content et qui nous aide à valider les profils ou alors à en trouver avec des critères qu'on souhaite. 


Par rapport au départ de Luis De Sousa, un remplacement est-il prévu ? 

Non ce n'est pas prévu parce qu'avec cet outil qu'on a créé et avec l'aide de la data, c'est comme si on avait recruté une personne en plus. À savoir que dans la cellule d'aide à la performance, on a Thierry Cotte qui la gère et on a également embauché un scientifique pour tout ce qui est utilisation des données. Parce qu'une fois qu'on a les données, il faut savoir ce qu'il faut en faire et là ce n'est plus de notre ressort. On a donc recruté une personne pour ça et il y a encore une autre qui doit nous rejoindre. 


Quel est le rôle de cette cellule d'aide à la performance ? 

C'est assez large. Le recrutement est un point important mais ensuite c'est une cellule qui est là pour aider toutes les composantes du club : la cellule de recrutement mais aussi tout le reste. Elle fait attention aux temps de jeu, elle met pas mal de choses en place. Elle n'a qu'un an, on l'a créée en début de saison dernière mais on a fait déjà beaucoup de chemin et j'espère qu'on va encore progresser, trouver des nouvelles idées. C'est une cellule aussi de recherche, de nouveaux outils, ça peut aller très loin. 


"On a établi des critères des équipes qui montent sur les cinq dernières années. Il y a des choses qui se dégagent, dont certaines qui sont importantes pour monter"

Quels sont les exemples concrets de choses qui ont été mises en place ? 

Il y a cet outil pour le recrutement par exemple. Pour entrer dans le détail : on récupère des données chez un prestataire. Tout le monde peut y avoir accès, il faut juste payer le prestataire. Nous on a choisi de récupérer les données de 40 ligues environ, qu'on a sélectionnées. Ça peut être très large : tous les championnats filmés on peut y avoir accès. Ensuite, en fonction de notre style de jeu, des critères qu'on veut au poste, on rentre toutes ces données. À chaque journée de championnat c'est remis à jour, donc aujourd'hui si je voulais je pourrais taper un joueur et avoir un premier avis sur celui-ci, voir s'il correspond à ce qu'on recherche. Ça a été le plus gros point qu'on a créé avec cette cellule. Après, elle fait attention aux temps de jeu des jeunes en post-formation, au travail fourni par l'équipe pro. On a aussi établi des critères des équipes qui montent sur les cinq dernières années. Il y a des choses qui se dégagent, dont certaines qui sont importantes pour monter. On va suivre chaque semaine pour voir si on est dans ces critères-là. 


Sur ces quarante ligues qui sont étudiées, existe-il des marchés préférentiels ? 

Non on les met toutes sur un pied d'égalité. Il y a également un "power rating" c'est-à-dire que ça calcule aussi le niveau de la Ligue pour pondérer aussi les joueurs qui jouent dans certains championnats. On met tout le monde sur le même pied d'égalité après nous dans le style de joueurs qu'on recherche, on essaye toujours de prendre des francophones pour l'adaptation. Des joueurs qui sont passés par la Ligue 1 ou la Ligue 2 ou des étrangers qui parlent français. On essaye d'y faire attention mais ça ne veut pas dire qu'on ne va pas prendre des étrangers bien-sûr. Dans l'adaptation, c'est quand même un peu plus facile. 


La suite logique à la data, c'est la supervision ? 

Oui, il y a deux choses aujourd'hui. Il y a soit le travail des recruteurs sur le terrain qui repèrent un profil et qu'on peut valider ou non par la data. Maintenant, on peut également faire l'inverse, ce que pas mal de clubs font désormais : on recherche des profils par la data et ça nous dégage une liste de joueurs. Après, l'idée c'est de valider le profil en vidéo ou de le voir en direct. 


"Dylan (Batubinsika) a vraiment été validé par la data, ça nous permet de nous aider et de nous rassurer dans le choix définitif"

Si on prend un recrutement, le dernier en date : Dylan Batubinsika. De A à Z comment ça se déroule ? 

Dylan on l'avait déjà analysé cet hiver et notre outil était encore perfectible. L'outil d'aujourd'hui ne ressemble pas du tout à celui de cet hiver. Pour ce recrutement c'est vraiment l'oeil des recruteurs, qui se sont déplacés le voir déjà cet hiver en Israël. Ça ne date pas d'aujourd'hui. Dylan a vraiment été validé par la data, ça nous permet de nous aider et de nous rassurer dans le choix définitif. Ça fait un moment qu'on le suit et même si les négociations ont été longues, c'est un joueur qu'on connaissait déjà. 


Quelle est la part du travail hors mercato pour une cellule de recrutement ? 

Son travail est de cibler des joueurs pendant l'année, parce qu'il faut toujours avoir une liste de joueurs potentiellement faisables. Après la difficulté dans un recrutement, c'est qu'on a une liste de joueurs et qu'un mois après, les joueurs ne seront peut-être plus disponibles. Il faut avoir une liste assez importante pour toujours avoir des profils à proposer. Ça c'est le travail pendant l'année : aller voir des matchs, faire de la vidéo et vraiment suivre les joueurs qui nous intéressent et ne pas aller les voir qu'une seule fois. Je sais que des clubs fonctionnent comme ça, en ne travaillant qu'avec la data, nous ce n'est pas le cas, ce n'est pas forcément ce qu'on veut faire. Le travail des scouts au quotidien est important. 


Dans ce processus, l'avis du coach rentre à quel moment ? 

Au début et à la fin. Au début, dans le style de joueurs qu'il veut, qu'on recherche et puis à la fin pour valider les profils qu'on lui a proposés. 


Dans ce mercato estival, où en est-on du côté de l'ASSE, beaucoup de joueurs sont encore suivis ? 

Oui il y a une liste de joueurs suivis, c'est une certitude. Aujourd'hui on a un groupe qui est quasiment au complet. Il va peut-être encore y avoir du mouvement. Il y a une liste, des joueurs qui ne sont plus disponibles, d'autres qui ne sont pas faisables, d'autres qui n'ont pas envie de venir aussi parce qu'on se confronte à ça. On contacte beaucoup de joueurs, on fait pas mal de propositions mais bon tout n'aboutit pas forcément. 


En parlant de joueur peut-être plus disponible il y a le nom de Jérémy Livolant qui aurait trouvé un accord avec les Girondins de Bordeaux.

C'est ce que j'ai entendu dire. C'est quelqu'un qu'on suit, qui fait partie d'une liste avec d'autres mais qu'on suit depuis un petit moment. 


"J'espère que l'environnement du club, les supporters voient qu'on a l'ambition de monter"

As-tu le sentiment que l'ASSE se donne les moyens de ses ambitions cet été ? 

Complètement. La première chose a été de prolonger nos joueurs qui étaient ici : Niels (Nkounkou), Mathieu (Cafaro), Charbo', c'était un message fort. On a essayé de prolonger Jean-Philippe (Krasso), malheureusement il a choisi un autre projet. Avec l'arrivée d'Ibra' (Sissoko) et de Dylan (Batubinsika), on a aussi mis des moyens pour recruter ces joueurs-là. J'espère que l'environnement du club, les supporters voient qu'on a l'ambition de monter et que ça se concrétise par l'arrivée de ces joueurs. 


Sur Niels tu nous disais lors de la reprise qu'il n'y avait pas d'offres, est-ce que sa situation a évolué depuis ? 

La situation a évolué, on a eu une offre, c'est sorti de toute façon ce n'est pas un secret (une offre de Francfort, révélée par nos confrères du Progrès, ndlr). On ne l'a pas acceptée. C'est ce qu'on avait dit à Niels en fin de saison : l'idée c'est de le conserver. Après, personne ne sait ce qui va se passer mais c'est l'idée de la direction aussi, de conserver Niels cette année, dans ce projet de remontée parce qu'il a été un artisan important de cette seconde partie de saison. Il va revenir mercredi et on va discuter de tout ça avec lui. Je comprends les joueurs qui ont des envies d'ailleurs mais ça a toujours été le cas dans le foot. 


Il y a toujours des offres qui ne sont pas refusables dans le football ? 

De ma position je dirais oui mais après ce n'est pas moi qui vais décider. Ce n'est pas mon argent mais de ma position oui. 


Honorat va rapporter de l'argent au club comme peuvent le faire d'autres anciens verts avec des pourcentages à la revente. Ça peut rentrer en compte dans ce mercato estival quant aux moyens investis ? 

Je n'ai pas toutes les informations quant à l'arrivée de l'argent dans ces cas-là. Quand il y a de l'argent qui rentre, il ne rentre pas toujours sous forme de cash tout de suite, même dans les transferts. Ces sommes qui arrivent et qui n'étaient pas forcément prévu au départ pour le club c'est important. 


"Je ne répondrai jamais aux critiques, qu'elles soient fondées ou pas, parce que la meilleure façon de répondre c'est d'avoir des résultats"

Sur ce nouveau rôle on te sent plus exposé et plus critiqué que lorsque tu étais joueur, c'est aussi ton sentiment ? 

Je ne suis pas sûr d'être plus critiqué parce que quand tu es joueur de toute façon tu sais que tu es exposé en fonction de tes performances. Aujourd'hui c'est pareil. J'accepte complètement les critiques comme durant toute ma carrière. D'ailleurs, je ne répondrai jamais aux critiques, qu'elles soient fondées ou pas, parce que la meilleure façon de répondre c'est d'avoir des résultats. 


Trouves-tu parfois ça injuste qu'on t'impute des mauvais recrutements ? 

Oui mais ce n'est pas grave parce que je prends ma part de responsabilité et j'ai ma part de responsabilité aussi, il n'y a pas de souci. 


Quel regard as-tu par exemple sur celui de la saison dernière ? 

Il a été un peu particulier parce qu'il a fallu changer toute l'équipe. Cette année c'est complètement différent, ce n'est pas le même travail. On a pris deux joueurs, on va peut-être en prendre un ou deux de plus selon ce qui va se passer aussi. C'est beaucoup moins complexe que l'année dernière où il fallait changer, gérer toute une équipe qui voulait partir. Il y a aussi l'inexpérience, je ne le cache pas. C'est pour ça qu'on s'est renforcé à la cellule via des ressources humaines mais via également cette data. Après l'idée c'est d'apprendre pour faire le moins d'erreurs possibles mais quoiqu'il arrive dans un recrutement on se trompera toujours et le but c'est de se tromper le moins possible. Par exemple la data, elle ne dit pas les complémentarités entre joueurs, l'état d'esprit des joueurs, la mentalité... Ça il faut aller le voir sur le terrain, il faut essayer de le découvrir avant et des fois on n'a pas toutes les réponses. 


Il y a deux joueurs dont le cas n'est pas réglé : Neyou et Bakayoko. Qu'en est-il aujourd'hui ? 

On a parlé que des entrées mais il y a les sorties aussi. On a déjà trouvé des solutions avec certains joueurs. On essaye d'en trouver avec ces deux joueurs. Il y a des discussions avec des clubs mais pour le moment rien de concret. Que ce soit pour l'un ou pour l'autre, on va essayer de leur trouver un projet parce qu'ils ne font pas forcément partie du nôtre cette saison.


Si ça ne se faisait pas ? 

On les réintégrera. L'idée ce n'est pas de les mettre au placard, c'est juste qu'on a décidé de ne pas partir avec ces joueurs-là. Bien-sûr qu'ils réintégreront l'effectif si on ne trouve pas de solutions, parce qu'ils sont encore sous contrat. 


Pour finir et revenir sur les souhaits du coach, la recherche d'un attaquant polyvalent est prioritaire pour l'ASSE ? 

On y regarde mais après on regarde au milieu aussi parce que si jamais on perd du monde, il faudra qu'on ait des solutions. Donc oui mais pas que.

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