🎙 Interview Evect : À la rencontre de Léo Pétrot

Pros | Publié le par Paul. R avec Joris. S | 2 commentaires

Rencontré à la sortie de l’entrainement ce vendredi midi, Léo Pétrot s’est entretenu avec nous l’équivalent d’une mi-temps de football. Revenu dans son club formateur cet été après des expériences à Andrézieux et Lorient, nous avons évoqué avec lui sa carrière et cette saison chez les Verts. 


Léo, peux-tu nous parler un peu de tes premiers pas dans la football ? 

J’ai commencé le foot à Monistrol dans la ville où j’ai grandi. J’ai suivi les pas de mon grand frère qui avait commencé à jouer avant moi. J’y ai joué jusqu’à mes 13 ans et puis je voulais voir autre chose et continuer ma progression, j’ai fait des essais à l’Olympique de Saint-Étienne, ça a bien fonctionné. Une fois à l’Olympique, il y avait des sélections jeunes Loire et Rhône-Alpes en parallèle et c'est là que Saint-Étienne m’a repéré. J’intègre le centre de formation de l’ASSE à 15 ans. Tout s’est passé très vite, je venais du monde amateur à Monistrol où je jouais à un niveau départemental pour jouer à l’Olympique en juillet, dès novembre je faisais mes premiers essais à l’ASSE. J’ai pris ce challenge avec beaucoup d’envie. Quand on est du cru, de pouvoir intégrer le centre de formation de l’ASSE, c’est toujours quelque chose d’important pour les Stéphanois. Au début, je voulais voir et puis dès qu’on intègre le centre, on a envie de devenir joueur de foot professionnel même si on sait que c’est très difficile. J’avais cette idée là dans un coin de ma tête.


Tu quittes le centre à l’issue de ta formation pour rejoindre Andrézieux (N2), crois-tu encore au monde professionnel à ce moment-là ?

Pour moi la N2 c’est professionnel, à l’époque en tout cas, je me considérais comme un joueur pro parce que tu t’entraines tous les jours, personne ne travaille à côté et puis à Andrézieux j’avais la chance d’être dans un club avec de superbes infrastructures. Les dirigeants comme François Clerc ou le coach Romain Revelli étaient très professionnels. Je mettais tout en place et j’avais envie de jouer plus haut. Je me conditionnais comme si je jouais en L1 ou en L2 et après forcément dans un coin de ma tête j’avais pour idée de monter avec Andrézieux et de retrouver le monde professionnel. Derrière, j’ai eu la chance de pouvoir intégrer Lorient.


Tu pars à Lorient pour intégrer l’équipe réserve, au final tu te retrouves à jouer plus de 20 matchs de L1, peux-tu nous parler de cette aventure ? 

Il me restait un an de contrat à Andrézieux, j’étais capitaine, j’étais très bien. Il y a Lorient qui m’appelle et qui veut que j’intègre la réserve. Dans un premier temps, j’avais peur de partir pour seulement encadrer les jeunes et sans possibilité de passerelle avec l’équipe pro. J’ai beaucoup discuté avec Régis Le Bris qui était entraineur de la réserve et directeur du centre de formation (Ndlr : il est désormais entraineur principal de Lorient), pour lui un joueur peut progresser à tout âge et il m'a dit que je ne venais pas forcément pour encadrer le groupe. Du côté de Lorient, ils jouaient dans une défense à trois, il y avait un peu plus de places. Ça a été très dur de quitter Andrézieux car c’est un club qui m’a fait confiance mais voilà je me suis dit qu’à Lorient je pouvais gratter des choses en ayant la possibilité de m’entrainer avec les pros. C’est ce qu’il s’est passé puisque j’ai très vite intégré le groupe pro sur un match à Montpellier. Il y a deux expulsions ce jour-là, derrière on joue à Lens, il faut un central et le coach Pélissier me fait jouer, tout va très vite, on n’a pas le temps de se poser des questions. En même temps je me dis que si je suis là, c’est que j’ai des qualités, je reste moi-même. J’ai 24 ans, on sait que disputer son premier match pro à 24 ans, si on se loupe, il peut ne plus y avoir de seconde chance. C’est le foot. Ensuite j’ai enchainé les rencontres avec Lorient.


Vous êtes plusieurs dans cette situation au club (Krasso, Lobry, ...) à ne pas avoir suivi le parcours "traditionnel", vous en parlez ?

On n’en parle pas trop mais c’est vrai que nos parcours se ressemblent. C’est aussi le destin, il faut y croire. Redescendre dans les niveaux amateurs, ça permet aussi de se rendre compte des choses quand on est dans un club professionnel. Les infrastructures, l’effectif, tout ce qui est mis en place pour nous, on se rend compte de la chance qu’on a d’y être. C’est aussi une force à ce niveau-là de savoir d’où on vient et de profiter mais surtout de tout donner car on sait que le foot ça va très vite dans un sens comme dans l’autre.


À Lorient, tu joues le maintien face à l’ASSE, c’était particulier pour toi ? 

Oui, surtout le match retour (6-2) quand on joue en mars face à Saint-Étienne. C’était un match à six points, à l’aller je n’y étais pas donc oui forcément c’est particulier. À l’époque j’étais avec Lorient, on avait des objectifs, jouer contre Saint-Étienne c’est toujours des moments spéciaux, ça me le faisait aussi avec Andrézieux quand on affrontait la réserve. C’est toujours délicat, c’est le foot, à ce moment-là je défendais le FCL, aujourd’hui c’est différent.


"Quand Sainté t’appelle c’est difficile de renoncer. Si tu renonces et que le train ne repasse plus... pour moi c’était impossible de dire non" 


Comment se sont passés les premiers contacts avec l’ASSE cet été ? 

J’étais à Lorient, il me restait un an de contrat, on discutait pour prolonger avec le club et puis Saint-Étienne est arrivé. Étant stéphanois, toute ma famille vit ici, ma femme aussi. Quand Sainté t’appelle c’est difficile de renoncer. Si tu renonces et que le train ne repasse plus... pour moi c’était impossible de dire non à Saint-Étienne, bien que le club soit en L2. Il y a eu des discussions, ça a mis un peu de temps aussi et je suis arrivé fin août. J’avais qu’une envie c’était de rejoindre le club. 


Le coach a eu son importance dans ton arrivée ? 

Oui, forcément. C’est lui qui a aussi voulu que je revienne, avec un discours très simple. Il voulait des joueurs qu’il connaissait donc moi à partir de ce moment-là, mon choix était fait. 


Quel souvenir gardais-tu de Laurent Batlles lors de ton cursus de formation ?

C’est un coach très joueur, il aimait bien qu’on essaye de developper du beau jeu mais avec aussi beaucoup d’intensité et du pressing. Je l’ai côtoyé quand on était en réserve, il a évolué depuis, il s’est adapté car en face de lui il n’a plus des jeunes garçons de 18 ou 19 ans. 


Tu penses qu’il est plus exigeant avec toi et des joueurs qu’il a déjà coachés ? 

Je ne sais pas, il faudrait lui demander. En tout cas, il est exigeant avec l’ensemble du groupe, il a envie que l’on réussisse, il a aussi envie qu’il y ait la manière même si des moments c’est un peu plus difficile. Là on essaye de retrouver un peu plus de jeu car on sait que ça passe par là. Il est exigeant avec tout le groupe pour en tirer le maximum. 


Toi, sur le plan personnel, te sens-tu redevable à son égard dans la difficulté ?

On a envie de rendre la monnaie de la pièce quand un coach vous fait venir. On a envie de lui prouver et de lui donner satisfaction donc oui quelque part on a envie d’en donner un peu plus.


C’est difficile d’être parfois catalogué, de par ton parcours, comme un des "fils" de Laurent Batlles ?

Je ne pense qu’on soit les fils du coach (rires), tout le monde est sur le même pied d’égalité. Tout le monde va dans le même sens. Peut-être que certains le pense, je ne sais pas, mais en tout cas, je fais abstraction de tout ça et je suis focus sur le terrain. 


Le terrain justement, cette première partie de championnat assez délicate, comment as-tu vécu ça ? 

C’était très compliqué, je pense que personne ne s’attendait à ça même si on savait qu’on avait des points en moins et un mercato estival encore en chantier. On a pris un peu de retard, on ne pensait pas que ce serait aussi dur, désormais on est tous focus sur le maintien, l’ensemble du club travaille et n’a qu’une envie c’est de maintenir l’ASSE.


Comment expliques-tu le changement dans les résultats depuis la reprise ?

La trêve a permis de s’aérer l’esprit et de revenir avec d’autres intentions. Le recrutement de pas mal de joueurs nous a également fait du bien. Ils ont amené de la concurrence, c’est important dans un groupe et puis de la fraîcheur mentale. On a travaillé, on a mis des choses en place, sur 2023, ça paye. Il ne faut pas s’enflammer, on a fait des bons résultats à domicile, on sait aussi qu’à l’extérieur il va falloir aller chercher des points.


Dans les choses mises en place, il y a ce système de jeu hybride ? 

C’est un système qui responsabilise tout le monde, surtout derrière où tu te retrouves au duel sur du un contre un. Avec Thomas (Monconduit) ou la sentinelle qui permet d’avoir quelques sécurités en plus mais on est assez responsabilisé défensivement, je trouve ça bien. Ça nous permet d’avoir offensivement plus de possibilités, pour l’instant ça paye, il faut que l’on continue de le travailler, il y a toujours des choses à améliorer. Il va falloir s’appuyer sur ce qui a été bien fait. 


De l’avis de beaucoup, dans ce système, tu as disputé tes meilleurs matchs sous le maillot vert, c’est ton ressenti ? 

Oui, je pense que c’est un poste qui me correspond bien, c’est vrai que j’ai aussi évolué arrière gauche, dans l’axe mais celui-ci me correspond bien. Il correspond aussi je trouve à l’ensemble de l’équipe, dans le contenu c’est intéressant. Si on continue de travailler et de gommer quelques petites erreurs, ce sera encore mieux. Après, peu importe où je joue, l’important c’est d’aider l’équipe et de donner mon maximum.


Quels sont tes axes de progression dans cette animation ? 

Sur les relances, je peux m’améliorer sur les sorties de balle et après forcément on est davantage exposé quand on est plus que trois derrière, donc bien gérer les attaques adverses. 


As-tu des modèles à ton poste ? 

J’aime beaucoup Sergio Ramos pour ce qu’il dégage et ce qu’il a fait dans sa carrière. C’est un modèle pour ce qu’il représente, il a de la bouteille. Du côté de l’ASSE, il y a eu pas mal de bons défenseurs, Wesley (Fofana) avec qui j’ai joué, William Saliba aussi, ce sont des très bons joueurs quand on voit la carrière qu’ils font et dans les clubs dans lesquels ils jouent (...) Je garde un bon souvenir d’eux, c’étaient des bons mecs. Dans les défenseurs, forcément il y a Loïc Perrin. Il a fait une très grande carrière ici, c’était un joueur moderne, très intelligent, c’est le genre de défenseur que j’aime bien. 


"22 000 personnes en L2, avec tous les chants et toutes les animations mises en place... Quand on est Stéphanois, c’est comme un rêve"


Quand on parle de l’ASSE, on ne peut pas passer à côté des supporters, pour un enfant du coin, c’est magique ?

Ce sont des moments très forts, on a envie de vivre ça tous les week-end. Quand on voit le dernier match à domicile, la communion avec le public, il y avait 22 000 personnes en L2, avec tous les chants et toutes les animations mises en place... Quand on est Stéphanois, c’est comme un rêve. On a envie de refaire des gros matchs et continuer de gagner pour prendre du plaisir tous ensemble. Pour l’instant même si c’est une saison compliquée, de pouvoir compter sur eux et créer cette communion avec eux c’est un plaisir. Maintenant je comprends aussi la colère quand nous sommes passés à côté de nos matchs. 


Le stade j’y suis allé quand j’étais petit, quand le club était en L2. La saison où ils montent d’ailleurs, mon grand-père avait un abonnement donc j’y suis allé plusieurs fois. Quand j’étais au centre de formation, on y allait tout le temps. Je suis déjà allé dans les Kops aussi sur la saison 2003/2004. J’avais une petite dizaine d’années.


"Charbo' ? C’est quelqu’un dont on avait besoin, qui est arrivé cet hiver et qui a fait beaucoup de bien. Ça nous attriste tous cette grosse blessure"


Cette dernière semaine, ce n’était pas trop la joie avec la lourde blessure de Gaëtan Charbonnier ? 

C’est vrai que ça affecte un peu tout le groupe, au delà du joueur, c’est une très bonne personne. C’est quelqu’un qui fait l’unanimité au sein de l’équipe. C’est quelqu’un dont on avait besoin, qui est arrivé cet hiver et qui a fait beaucoup de bien. Ça nous attriste tous cette grosse blessure, on espère qu’il va réussir à bien revenir et qu’il sera de retour plus fort.  


Que fait Léo Pétrot sur son temps libre ?

Pas grand chose (rires) ! Je suis souvent à la maison, je suis quelqu’un de plutôt casanier, je reste avec ma femme et avec ma fille. Je profite en famille, j’ai de la chance de l’avoir proche de moi,  comme celle de ma femme aussi. Je prends pas mal de temps de repos aussi car c’est important de bien récupérer mais après sinon je vois aussi mes amis, je suis quelqu’un de très simple. 


Fais-tu d’autres sports ? Que regardes-tu à la TV ?

Que du foot franchement... Pour la Saint Valentin j’ai été un peu malin, je l’avais fait la veille. Tous les deux tranquille, avec un petit cadeau, comme ça j’ai pu regarder la rencontre de mardi entre Paris et le Bayern (sourire).


Regardes-tu les matchs comme un passionné, ou il y a toujours un peu le regard du footballeur qui observe ?

C’est vrai que j’essaye de toujours regarder les joueurs qui jouent à mon poste pour voir comment ils bougent, comment ils jouent, comment ils défendent, comment ils ressortent les ballons. Forcément, il y a le côté spectateur avec l’envie de voir du beau football mais je suis souvent en train de regarder pour m’inspirer des meilleurs, Ramos ou Marquinhos, les grands défenseurs comme ça. J’essaye d’analyser.


Il y a pas mal de joueurs du cru dans cette équipe, ça vous rapproche sur et en dehors du terrain ? 

Dylan (Chambost), je le connais depuis que j’ai 15 ans donc forcément ça aide un peu plus. On est proche, on se voit beaucoup en dehors du foot, ça facilite les choses. Louis (Mouton) c’est quelqu’un que j’ai appris à connaitre cette saison, il est un peu plus jeune.


Louis justement évoquait parfois la difficulté d’être de la région et notamment d’avoir des proches qui sont supporters dans le club pour lequel tu joues, le ressens-tu toi aussi ?

Je compare ça avec ce que j’ai vécu à Lorient même si l’attente et l’engouement ne sont pas comparables. Ici, il y a plus de pression, la famille, les amis, supportent et regardent les matchs. Il y a une petite attente en plus, on a encore envie de plus leur donner satisfaction. 


Que peut-on te souhaiter individuellement et collectivement pour la fin de saison ?

À titre personnel de continuer de faire de bons matchs, aider l’équipe au maximum, aider l’équipe à ne pas prendre de but, aider l’équipe à en marquer aussi, pourquoi pas. À titre collectif, on reste sur le même objectif, celui du maintien. On n’a pas envie de s’enflammer, on garde les pieds sur terre, il faut continuer de travailler. 


Et marquer à Geoffroy-Guichard ? 

J’y pense forcément, ce serait un joli clin d’œil. Ce serait beau ! 

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