🚨 Entretien exclusif avec Roudolphe Douala !

Anciens Verts | Publié le par Emilien Decelle et Joris | 14 commentaires

Après avoir connu la formation de l'AS Saint-Étienne ainsi que le groupe professionnel quelques années plus tard, Roudolphe Douala est revenu pour EVECT sur ses vertes années mais aussi sur la situation actuelle du club en nous exprimant notamment son regard sur la direction bicéphale du club. 

Bonjour Roudolphe. Pour commencer, comment vas-tu et que deviens-tu ? 

Je vais très bien, j’habite à Saint-Étienne où j’ai toujours habité, avant ma carrière professionnelle également. J’ai fini ma carrière en 2012, en Belgique. Cela fait dix ans aujourd’hui. Dans un premier temps, on galère un peu, on ne sait pas quoi faire. Finalement j’ai fini par être éducateur, pas du tout éducateur sportif mais davantage d’enfants. Je l’étais encore jusqu’en début d’année et maintenant j’aimerais bien revenir dans le sport, dans le foot, dans ma vocation.


Toi qui es passé par la formation de l’ASSE et qui es revenu ensuite dans l’équipe fanion, restes-tu un spectateur voire même un supporter attentif des Verts ? 

Oui je suis très très supporter. Déjà, quand j’étais au centre de formation, de mes 14 à 19 ans et même bien avant, Saint-Étienne est une équipe que j’ai toujours supporté. Pourquoi ? Peut-être parce que je suis d’origine camerounaise et il y a pas mal de Camerounais qui ont joué dans cette équipe dans le passé. Les Verts ça a toujours été moi en quelque sorte. Quand j’étais au centre de formation, je les ai beaucoup suivis. Cela a été dur, je suis un très grand supporter. À l’époque, en 1996, Saint-Étienne a subi une saison difficile où ils sont descendus. Aujourd’hui, cela me rappelle ce stress que j’avais déjà à cette époque. C’était dur, Saint-Étienne avait fini par descendre et déjà j’étais très éprouvé. Pendant ma période professionnelle derrière, j’étais acteur donc je n’étais pas autant fan. Une fois ma carrière terminée, je suis redevenu fan des Verts et je revis cette période qui est très difficile.


C’est devenu même stressant pour moi aujourd’hui. La fin du championnat approche, hier encore je regardais le journal, il reste trois journées et franchement c’est dur. C’est trop dur de voir un club aussi fantastique avec des supporters aussi fantastiques, avec un stade tout le temps complet, et que malgré cela les résultats ne suivent pas. Il y a environ un mois je me disais que c’était bon, qu’on allait s’en sortir, je regardais ce qu’il y avait devant nous et je me disais que tout était possible. Mais aujourd’hui ça devient vraiment stressant, très inquiétant.


Quel regard portes-tu sur la situation de l’ASSE et qu’est-ce qu’il fait défaut à l’ASSE cette saison selon toi ? 

Ils ont pris un entraineur qui a envie. Je pense que les joueurs aussi ont envie parce que je sais ce qu’il en est. On a beau critiqué, ceux qui sont là aimeraient montrer. Après il y en a peut-être qui ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont, ils jouent toujours même quand ils ne jouent pas bien. Il y a une envie qui doit apparaître. Surtout quand il y a ce public avec toi. Le public, je ne le trouve pas très critique avec eux. Normalement c’est un club qui est très exigeant. Je pense qu’il faudrait qu’ils aient encore un peu plus faim. Cela compte pour eux aussi, pas que pour le club.


Je sais que les supporters sont critiques envers les présidents, je vais parler de Roland Romeyer. Je sais qu’il est très impliqué au club, je sais qu’il doit en souffrir beaucoup parce qu’il a toujours été au club. Quand j’étais au centre de formation, il était déjà là. Je pense qu’il le vit plus mal qu’on ne pourrait penser.


Justement tu nous parles de la présidence, beaucoup pointent du doigt la direction bicéphale avec des désaccords fréquents. L’as-tu ressenti lorsque tu étais au club ? 

Vous savez quand ça va mal ? Le jour où on va chercher des excuses. Les présidents sont là, cela fait plus de 15 ans. Ils ont aussi gagné avec l’ASSE. C’est sûr que quand cela ne va pas, on va toujours incriminer la direction. En fait, on cherche un coupable. C’est sûr que c’est compliqué quand il y a deux présidents, mais cela fait 15 ans que ça dure. Et à chaque fois que cela allait mal, c’étaient toujours eux qui trinquaient, avec les entraineurs également. Comme les présidents sont toujours là, ce sont toujours eux qui vont payer. C’est sûr que ce n’est pas évident mais entre-temps ils ont gagné la Coupe de la Ligue. Il faut le noter aussi. Cela se voit moins quand l’équipe va mal. Je ne suis pas en train de défendre les présidents, mais je dis simplement que cela fait 15 ans qu’ils sont là. Passé un temps ils ont essayé de vendre mais cela ne s’est pas fait, parce qu’il faut l’acheter le club… Cela ne se fait pas comme ça.


Beaucoup reprochent au second président, Bernard Caïazzo, de ne jamais être là, exilé actuellement à Dubaï…

Le fait qu’il soit désormais à Dubaï, moi je ne sais pas, je ne sais pas comment ça se passe. Moi quand j’étais là, il était là. Je le voyais. Je l’ai toujours vu : les jours de matchs ou même des jours d’entrainement parfois.


Pour revenir au terrain, que penses-tu de la tactique et du système de jeu actuel des Verts à qui on a reproché, notamment à Rennes, de mettre "le bus" derrière ? 

Le coach, il sait ce qui est bon pour l’équipe. Moi, à mon avis, il faut gagner les matchs. Cela doit être le service militaire, du style : on est en stage tous les jours, ils restent là-bas tant qu’ils n’ont pas sauvé le club. Il reste trois finales. Tactiquement, c’est l’entraineur qui sait ce qui est bien. Dans ces situations, il faut le soutenir. Après, aujourd’hui on ne joue plus pour faire un match nul, on joue pour gagner. Il ne reste que trois matchs qu’il faut gagner. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut défendre mais je respecte bien-sûr les choix de l’entraineur. Si moi j’avais le choix, c’est la gagne que j’aurais joué.


Sur quels hommes forts l’ASSE doit s’appuyer pour cette fin de saison ? 

Il y a des joueurs qui brillent quand l’équipe va bien. Par contre, il y en a d’autres qui se distinguent quand l’équipe va mal. Pour moi, ce sont aux "anciens" de prendre leurs responsabilités. Il y a quelques temps, je me disais que Khazri nous ferait gagner un ou deux matchs. Pareil pour Hamouma, c’est comme ça qu’on va s’en sortir. Aujourd’hui, c’est un peu ça, il nous faudra une victoire pour Khazri, une pour Hamouma et une pour Bouanga par exemple. Ces joueurs-là ont l’expérience dans cette équipe qui est jeune.


Pour revenir sur ton parcours, tu es parti assez tôt à l’étranger pour finalement revenir dans le Forez. Qu’est-ce qui t’a fait revenir à Saint-Étienne ?

J’avais le choix, mais si j’ai décidé de revenir une saison à Saint-Étienne c’était surtout pour pouvoir être auprès de ma famille. Je divorçais, je voulais me rapprocher de ma famille et de mes enfants. J’avais joué longtemps au Portugal, j’étais parti en Angleterre. Mais j’étais international camerounais. Et au Cameroun, on regarde plus les équipes françaises. Et on me disait : ‘on ne te voit pas trop, nous on suit le championnat français’. Ce sont ces raisons qui m’ont fait revenir par là. L’ASSE c’est un grand club. Donc revenir était une très bonne chose.


Quel est ton meilleur et ton pire souvenir avec les Verts ?

Mon meilleur souvenir je pense que c'est la qualification européenne (ndlr : à l'issue de la saison 2007-2008). Même si je ne jouais pas beaucoup. La saison était compliquée mais on a fini par se qualifier en coupe d’Europe. Ce n’était pas arrivé depuis longtemps. Les supporters étaient exigeants. Fut un temps ça allait mal. Mais on avait réussi à retourner cette situation, et au final on s’est retrouvé en coupe d’Europe. C’est mon meilleur souvenir. Pour le pire, je dirais le derby lors de cette même saison. Ça faisait longtemps qu’on n’en avait pas gagné. On mène un but à zéro et on se fait égaliser à la fin sur un coup-franc de Benzema. C’était la toute dernière action.


Tu as évolué avec de très bons joueurs. Lequel t'a le plus marqué ?

Quand je suis revenu à l’ASSE, les joueurs qui étaient présents ont tous fait une bonne carrière. Que ce soit Matuidi, Dabo, Payet, Gomis, Feindouno, Ilan… Tous ont fait de belles carrières. Il y en a un qui me surprend beaucoup, c’est Dimitri Payet. Il a 35 ans. Je le vois jouer et il m’impressionne. Ce n’était pas le plus gros bosseur, mais aujourd’hui on peut dire qu’il fait une très jolie carrière. Matuidi aussi. Il cavalait de partout, il faisait de gros matchs. Il est champion du Monde. Loïc Perrin a fait toute sa carrière à l’ASSE, Gomis est toujours en train de carburer à 36 ans et marque but sur but. Feindouno était le plus doué. J’ai toujours pensé qu’il était destiné à avoir une carrière à la Eto’o ou à la Drogba. C’était un génie du foot. 


As-tu gardé le contact avec des joueurs passés par l’ASSE ?

Je discute encore avec Bafé Gomis. Quand je vais voir un match, j’appelle Loïc (Perrin) pour avoir une place. Aujourd’hui il est très pris par son rôle au club. On a aussi fait quelques matchs avec des anciens Verts.


Tu nous disais vouloir revenir dans le foot. Ce serait possible de revenir au club pour occuper un poste différent, en tant qu’éducateur par exemple ?

Pour l’instant ce n’est pas envisagé. Ce n’est pas dans les tuyaux mais si l’occasion se présente, pourquoi pas. Je suis aussi sollicité au Portugal mais je ne veux pas habiter là-bas, j’aime bien Saint-Étienne. Ce n’est pas envisagé mais ce serait top. 


Pour revenir à la situation de l’ASSE, penses-tu que les Verts vont réussir à décrocher leur maintien ?

Il y a les barrages déjà. Le public ne pourra pas venir au stade, il manquera le douzième homme (ndlr : face à Reims). Mais franchement, moi j’ai peur. J’ai même peur de voir certains matchs. On va regarder les choses en face. Ils ont quand même des chances de se maintenir. J’ai été éducateur à Lyon. Mes collègues lyonnais disaient qu’ils aimeraient que Saint-Étienne reste en Ligue 1, que c’était mieux qu’un derby se joue contre Saint-Étienne plutôt que contre Clermont. Ça va être dur mais j’y crois. C’est une situation stressante. Je me mets à leur place. Le poids du club pèse. Les autres sont juste devant. Il faut mettre la pression.


Vois-tu les barrages comme un passage obligatoire pour le maintien ou Saint-Étienne peut espérer se maintenir avant ?

On peut s’en sortir avant. Les barrages sont à éviter, si possible. On est 18ème donc à cette place de barragiste si la saison s’arrêtait. Les autres clubs qui jouent leur peau ne sont qu’à quelques points. Tout peut changer. Pour moi, il ne faut pas attendre les barrages. Mais si on doit passer par là…  

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