🎙 Entretien avec Laurent Mortel, coach des féminines de l'ASSE

Féminines | Publié le par Paul. R | 1 commentaire

Débarqué dans le Forez au mois de juin, Laurent Mortel s’est exprimé sur la préparation de son équipe et sur les objectifs que le club s’est fixé pour cette saison. La mission est claire, elle est assumée, faire remonter le club en D1. Entretien avec le nouveau coach des Vertes 👇

C’est un coach impatient d’en découdre et de reprendre la compétition que nous avons rencontré ce jeudi midi au Stade Salif-Keïta de Saint-Étienne. Accompagné de Suzy Pasquier, analyste vidéo de la section féminine, Laurent Mortel, le nouvel entraineur des Vertes s’est confié à notre micro à quelques jours de la reprise du championnat face à Albi, ce dimanche (15h). Satisfait de la préparation de ses joueuses, il livre ses objectifs et ceux de l'ASSE pour la saison à venir.


Comment se sont déroulés les premiers contacts avec le club ?

Ils ont été bons ! On a été mis dans d’excellentes dispositions par la direction du club, c’était agréable, j’ai été bien accueilli. Nous avons l’ensemble des conditions qui sont réunies pour bien travailler ici, certains clubs de D1 n’ont pas ces infrastructures, les choses évoluent, on fait quelques ajustements pour continuer de progresser mais ici, il y a une vraie base solide.


Quel rapport avais-tu avec l’ASSE ? 

Je suis né en 1974, j’ai forcément grandi avec l’histoire du club, j’ai connu l’ASSE et ma famille m’a permis de bien comprendre son histoire dans le temps. Je crois que j’ai hâte d’être le premier octobre et d’être en première loge avec l’équipe pour assister au match à Geoffroy-Guichard. J’ai été surpris de façon très positive par la convivialité des personnes ici. Il y a énormément de monde qui travaille dans ce club, tout le monde est d’une gentillesse... J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de bienveillance de la part des gens et c’est très appréciable. On sent bien qu’il existe une attente et quand on vient à Saint-Étienne, on vient aussi pour y répondre mais pour autant, il y a un environnement très bienveillant autour du club.


L’équipe a repris le chemin des terrains relativement tôt cet été, c’était une volonté de votre part de vite enchainer avec ce nouveau groupe ? 

On fait partie des premières équipes, oui. À partir du moment où l’effectif était changeant à hauteur de deux tiers, il nous fallait du temps donc on a eu huit semaines de préparation avec des tests médicaux dans les premiers jours. Il y avait une volonté de prendre le temps pour se connaitre et ne pas être sous pression, on a ensuite fait un stage où l’objectif était clairement la cohésion et apprendre à vivre ensemble, tout en commençant à travailler l’aspect athlétique. On a été très bien reçu à Saint-Jean-de-Maurienne, on a pu travailler dans de très bonnes conditions sur place, c’était top. Puis sur les six dernières semaines, on est allé dans le vif du sujet, nous avons bien travaillé. On est parti sur un marathon cette saison et cela se gère, il a fallu octroyer des moments "sans club" aux joueuses, des moments à la maison, en famille pour bien repartir. On a alterné entre les temps de préparation avec parfois des fortes chaleurs et des matchs de préparation sur le week-end. 


L’idée c’est d’être opérationnel dès l’ouverture du championnat, avec un premier bloc de match très rapproché ? 

Il y a onze premiers matchs qui vont se disputer très rapidement et il faut absolument être là. L’objectif annoncé c’est de gagner nos matchs et d’être prêt pour positionner l’ASSE là où elle doit être. On sera prêt car on a fait une très belle préparation, les joueuses sont impatientes d’être dimanche, dans le vrai. Il faut être placé en décembre pour ensuite savoir s'il faudra nous réajuster dans les cinq derniers mois par rapport à notre effectif.


Ce gap qui existait entre le passage de la D2 à la D1 va se vivre dans l’autre sens cette saison, quel regard portez-vous sur ce championnat ? 

En D1 c’est particulier, vous avez trois championnats. Lyon et Paris, puis deux, trois équipes qui se disputent la troisième place et puis les autres équipes. En D2 c’était aussi le cas mais avec la refonte des championnats ça change beaucoup de choses, ça avance, ce sera plus serré. Entre la D2 et la D1, il y a un pallier, technique, tactique et athlétique, ce n'est pas du tout les mêmes joueuses.


Laurent Mortel : "Sans se cacher, l’ASSE doit retrouver la D1"

Beaucoup d’arrivées cet été au club, peu de joueuses vont faire la bascule D1>D2, l’idée c’était de repartir d’une page blanche ? 

Il y a plusieurs réponses à apporter, déjà il y a cette saison de descente, les joueuses aspirent à jouer au dessus, ensuite lorsque vous êtes dans une spirale négative, il faut aussi la stopper. À la fois pour les joueuses mais aussi pour le club, c’est pas forcément facile d’évacuer ce qu’il s’est passé et de repartir sur un nouveau projet. Il y a des joueuses qui souhaitaient partir et d’autres qui hésitaient. Il y a un nouveau projet avec un nouveau staff, c’était important d’arriver avec un vent de fraicheur. On a respecté les choix des joueuses qui voulaient un projet différent mais on a aussi préservé l’intérêt de l’ASSE en ayant une équipe compétitive. On a travaillé en parallèle pour cibler des joueuses qui répondaient à nos besoins. Oui des joueuses sont parties mais quand je vois qu’on est capable de faire venir des joueuses comme Élise (Legrout) ou Tania (Romanenko), c’est que nous sommes attractifs. On a aussi été cherché quelques joueuses étrangères expérimentées qui peuvent nous apporter. L’idée c’est de faire prendre assez vite ce projet pour obtenir le haut du tableau. 


On a le sentiment d’une équipe compétitive, taillé pour cet objectif de remontée ?

Sur mes expériences antérieures en D1, j’ai le sentiment que cette équipe collectivement est capable de poser des problèmes. C’est une bonne chose, individuellement il y a de la qualité mais collectivement c’est très intéressant. Il faudra le traduire très vite sur le terrain. Est-ce que cette équipe n’est compétitive que pour la D2 ? On a neuf mois pour s’en apercevoir, des filles vont changer de cap et franchir un pallier, c’est évident. L’idée c’est d’être focus sur ce championnat et sans se cacher, l’ASSE doit retrouver la D1. On va être chassé, on va être poursuivie, est-ce qu’on sera capable de maintenir ce cap, nous verrons mais on a équipe très performante à mon sens.


Pour clore le dossier mercato, il y a encore des postes sur lesquels vous voulez renforcer l'équipe ? 

Je suis très satisfait de ce que nous avons fait avec le staff et le président depuis mon arrivée, on a ciblé les joueuses et on a réussi à faire venir des footballeuses qui adhèrent parfaitement à l’identité du club et sa culture. Une joueuse supplémentaire doit nous rejoindre, c’est acté. Ce sera la dernière pour cet été, ensuite on ne se refuse pas une arrivée ou deux en décembre en fonction des besoins ou pour apporter un petit plus afin de basculer sportivement. On a un effectif équilibré pour performer dans ce championnat. 


La montée c’est donc l’objectif dès cette saison ? 

Collectivement avec le staff, c’est notre objectif. C’est aussi ce que les joueuses souhaitent, je pense que le club attend de revenir à une position qui lui revient, la D1. Quand on regarde les 12 équipes de D1, je pense que Saint-Étienne doit faire partir régulièrement de ce championnat là dans un avenir proche. J’ai hâte de commencer ce week-end, qu’on prenne rapidement des points et qu’on valide tout notre boulot, mine de rien sur les six matchs amicaux, on a montré de jolies choses.


Quels sont les leviers pour un nouveau coach qui arrive dans un club afin d'emmener tout le monde avec lui ? 

C’est essentiel de s’appuyer sur les forces vives du club, bien sûr, vous arrivez avec de la fraîcheur, avec une forme de nouveauté mais il y a l’histoire et elle est importante. C’est important avec le staff en place de comprendre comment cela fonctionne ici, même si le groupe a changé, vous ne pouvez pas ignorer ce qui s’est passé avant vous. Dans l’effectif, des joueuses comme Adeline (Coquard) ou Ninon (Blanchard) étaient présentes les saisons précédentes, on essaye de trouver un juste équilibre entre les plus anciennes au club et les nouvelles. Je trouve que pour l’instant, ça fonctionne plutôt bien.


Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à toi et tes joueuses pour cette année ? 

ll y a cette attente de repositionner très vite le club à sa place donc... des victoires, des victoires et encore des victoires. Obtenons des résultats. Nous on veut gagner, on veut très vite être là-haut, on veut bien se faire chasser, derrière ce sera à nous de tenir. On va être attendu, pour toutes les équipes de D2, jouer Saint-Étienne c’est quelque chose. Quand on arrive avec le staff, nos équipements, le bus, ils savent qu’ils vont jouer une équipe pro. C’est motivant pour nos adversaires. 


Des problèmes similaires aux garçons en L2 finalement ? À quelles genres de rencontres vous vous attendez ? 

On va affronter des blocs médians bas qui vont contre-attaquer et essayer de fermer le jeu. Je l’ai vécu, quand je jouais contre Lyon ou le PSG, j’attendais et j’essayais de retarder le premier but le plus longtemps possible. C’est pas plaisant je le reconnais. Cette année on a une équipe pour jouer, on peut essayer de prendre du plaisir sur le terrain et revenir sur un capital confiance après la descente avec des joueuses qui ont entre 18 et 32 ans. Comme je disais précédemment, il y a des filles qui vont changer de cap et franchir un pallier dans cette équipe, notamment les plus jeunes. Honnêtement le groupe vit bien, tout se passe correctement pour le moment, il faut vraiment qu’on valide notre travail dès ce week-end face à Albi. C’est un plaisir, avec le staff on se régale, "y'a plus qu'à !".

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