🎙️ASSE : Entretien avec Jérémy Clément

Anciens Verts | Publié le par Joris | 10 commentaires

L'ancien milieu de terrain très apprécié des supporters stéphanois Jérémy Clément s'est confié à notre micro. Ce dernier revient notamment sur son départ de Bourgoin-Jailleu, sur ses discussions avec l'AS Saint-Etienne cet été mais aussi sur Laurent Batlles et Loïc Perrin qu'il connait très bien. 

Bonjour Jérémy, tout d'abord comment vas-tu et que deviens-tu depuis ton départ de Bourgoin-Jailleu ?

J’ai arrêté au mois de juin, cela m’a fait bizarre parce que c’était la première fois que je prenais autant de vacances en juillet-août notamment. C’est plaisant aussi parce que lorsqu’on est dans une carrière et que derrière on passe ses diplômes pour devenir coach, on ne prend pas le temps de souffler. Cela fait du bien de couper un petit peu juillet-août et de partir en vacances avec les enfants, prendre le temps. C’est une denrée rare de prendre le temps de faire. 

Sinon ça va bien, j’ai postulé pour une formation l’année prochaine qui s’appelle le certificat d’entraineur attaquant/défenseur (CEAD) à Clairefontaine. C’est une formation qui a été créée il y a un an et qui me permet de continuer, même si je ne voulais pas avoir d’équipe à charge parce que c’est quand même du boulot. Néanmoins cette formation me permet de coacher deux séances par semaine avec le pôle espoir féminin à Lyon, à Tola Vologe. J’ai d’ailleurs pas mal de joueuses stéphanoises pour le coup, cinq ou six. Ce sera une nouvelle expérience et cela me permet de rester un petit peu visible et de ne pas rester sans rien faire. 


Que retiens-tu de ton aventure à Bourgoin ?

Cela a été formateur parce que je me suis rendu compte de la difficulté d’être coach. J’ai dû gérer des hommes, des joueurs, gérer un staff, être managé par des présidents, faire des choix, faire face aux états d’âme, animer des séances, me tromper, corriger… Cela a été super formateur. 


"Je me dis qu’un jour ou l’autre à Sainté il y aura des choses à faire"

Pourquoi avoir fait le choix d'arrêter ?

L’idée était de couper un peu. Je ne vais pas dire que le monde professionnel était mieux que le milieu amateur mais ce sont deux choses complètement différentes. Quand on a connu le milieu professionnel, on a quelque part l’envie d’y retourner aussi. Je ne sentais plus la motivation nécessaire pour continuer à terme ma mission avec le club et pour continuer à entraîner à ce niveau. Donc arrêter me permet de souffler, de prendre un peu le temps et puis je vais voir ce qui va se présenter à moi parce que ce métier me plaît, j’ai besoin d’apprendre, besoin de voir des choses, je veux continuer à me former. J’espère un jour ou l’autre retrouver une structure pro parce que c’est ce que j’ai connu et je sens que j’ai des choses à apporter aussi. Après je pense qu’il ne faut pas être pressé, il faut continuer à se former et puis on verra bien. Mais oui un jour l’idée de retrouver un club professionnel me fait envie, c’est que j’ambitionne à l’avenir. 


Après j’avais besoin de couper et il faut être patient. J’espère qu’il y aura des bonnes surprises à l’avenir et que je pourrai être utile quelque part. C’est pour ça que je fais deux séances avec le pôle féminin, ça va me permettre de voir des choses différentes. J’ai managé des hommes pendant deux ans et le faire avec des filles désormais ouvre un champ de vision différent et je trouve ça formateur de faire les filles et les garçons. Dans mon souci d’apprentissage je trouve que c’est bien. J’étais plus dans un football de compétition avec la N3, là je retourne dans un format un peu plus formation avec les filles du pôle. Après à terme je sais que ce qui m’intéresse c’est le côté compétition et un peu moins formation mais j’espère que ça va être une année riche en apprentissage et je suis très content de le faire. 


Toi qui va coacher des féminines, quel regard portes-tu sur le football féminin ? 

C’est quelque chose qui se développe, je prends du plaisir à le regarder. C’est positif pour moi de faire l’expérience de manager des filles, d’un point de vue personnel je trouve ça très intéressant. Je pense qu’il y a plein de choses à faire. Pour le moment je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais je suis très curieux et très enthousiaste à l’idée de coacher des filles, d’apprendre à leurs côtés. Ce sera différent des garçons mais ça va être super intéressant. 


Dans quel rôle te vois-tu dans le futur ? Celui d’entraineur principal ? 

Pour le moment je débute. J’ai mis un terme à ma carrière en 2019 donc c’est tout frais. Très vite j’avais l’envie de passer mes diplômes pour voir un petit peu l’autre côté, ça me plaît ce métier de coach mais après est-ce que je suis fait pour être un numéro un, un adjoint ou pour être chez les jeunes ? Pour l’instant je ne peux pas avancer de façon certaine mes réponses mais à l’heure d’aujourd’hui peut-être qu’avoir un rôle d’adjoint m’aurait plu avec un coach qui aurait pu m’apprendre, me faire voir autre chose… Je dis ça en 2022 mais si ça se trouve en 2025 je serai entraineur d’une équipe de jeune ou au contraire je ne serais peut-être pas du tout fait pour être adjoint et j’aurais envie d’avoir une équipe à charge. Je ne sais pas encore exactement ce que je voudrai faire. 


"Au delà des compétences je pense qu’un attachement à un club est aussi important"

Ce rôle d’adjoint ça aurait pu se faire avec Laurent Batlles à l’ASSE ? 

Il y a eu des discussions. Je connais Lolo Batlles depuis longtemps. On a joué ensemble en 2011, on a créé des liens et le fait qu’il soit venu plusieurs fois me voir quand je jouais avec Bourgoin... Après cela ne s’est pas fait, mais moi c’est sûr que ça aurait pu être un projet qui me plaît. Forcément, être dans un club que j’apprécie beaucoup, avec un coach que je connais, dans un rôle d’adjoint… Forcément que l’idée m’aurait plu. Pour l’instant ça ne s’est pas fait, est-ce que ça se fera un jour à Sainté ? J’ai toujours eu de bonnes relations que ce soit à Sainté ou dans les clubs où je suis passé. Après pour être entraineur du PSG ça va être compliqué (rires). Il faut être lucide : c’est toujours plus facile de trouver une opportunité dans les clubs où on a joué parce que les gens nous connaissent, savent comment on est, connaissent notre personnalité et savent ce qu’on est capable de faire. Après est-ce qu’un autre club pensera à moi ? Je ne sais pas. J’ai toujours eu cette volonté de travailler dans un club dans lequel j’ai joué parce que je suis affectif et je me prends d’affection pour les clubs dans lesquels je joue (sourire). 


Cela pourrait se faire à l’avenir ? 

J’ai beaucoup de respect pour les personnes en place, pour le travail de Lolo Batlles, pour le staff aussi, pour Loïc Perrin et la cellule qui gouverne actuellement. Si un jour on pense à moi, que je ne suis pas en poste, c’est quelque chose qui me fera vraiment plaisir. Après est-ce que ce sera dans un avenir proche ou très lointain, ça je ne sais pas. Je me dis qu’un jour ou l’autre à Sainté il y aura des choses à faire (sourire). 


Les discussions de cet été portaient donc sur le rôle d’adjoint ?

Mon nom est revenu parce que je connais Laurent Batlles, Loïc Perrin et puis forcément je pense qu’il y a plein de circonstances qui ont fait que. On a joué plusieurs fois contre la réserve de Sainté avec Bourgoin et comme par hasard on a gagné. Un ancien joueur forcément cela fait parler aussi. Je suis passé plusieurs fois au centre d’entrainement parce qu’il y a des personnes que je connais, j’étais notamment passé voir Pascal Dupraz donc forcément cela fait parler. Il n’y a pas eu non plus beaucoup de discussions, je ne sais pas si on a vraiment pensé à moi pour ce rôle mais je sais que l’idée de travailler avec Laurent Batlles ça pourrait vraiment me plaire parce que c’est quelqu’un que je connais, je connais le foot qu’il veut pratiquer et je sais qu’on pourrait être compatibles. Maintenant, cela n’a pas été plus loin, il y a des hommes en place et il faut respecter le choix du moment. On verra bien si un jour on fait appel à moi. 


Justement concernant Laurent Batlles, sentais-tu déjà à l’époque qu’il avait des prédispositions pour devenir entraineur principal ? 

C’est difficile à ce moment-là de savoir après très vite je pense qu’il a eu envie de passer à autre chose. Il a joué jusqu’à tard. C’était un super joueur et en tout cas tactiquement et dans le jeu c’était très bon. On n’avait pas évoqué le sujet. Il me semble qu’il a commencé par être un peu recruteur, après il a été chez les jeunes… Forcément quand on commence à passer ses diplômes ce qui titille c’est le plus haut niveau et c’est d’être numéro 1. Ce n’était pas une évidence, mais c’était le chemin de Laurent de par son expérience, sa carrière...


Pour le club, c’est un bon choix de faire revenir Laurent Batlles ?

Oui je pense. J’en discutais avec mon ami Sylvain Armand qui est directeur sportif de Lille et on évoquait le fait de faire revenir d’anciens joueurs qui ont l’esprit club. Je pense que c’est important de faire revenir des gens qui ont connu un peu la maison, des gens qui ont porté un peu ce maillot, des gens qui savent ce qu’est le club. On est attaché dans les clubs dans lesquels on a joué. Je pense que pour les clubs c’est important de faire revenir des anciens qui soient bien-sûr compétents. Ils connaissent un petit peu, ils ont l’expérience et savent. Au delà des compétences je pense qu’un attachement à un club est aussi important. 


"On croirait que le rôle de directeur sportif est fait pour Loïc (Perrin)"

En parlant de joueur qui connaît très bien le club, il y en a un qui est arrivé dans l’organigramme du club, c’est Loïc Perrin, c’était la suite logique pour lui ? 

Autant il était compliqué de savoir ce que Laurent Batlles allait faire, autant Loïc tout de suite de par sa prestance et son caractère, c’était plutôt le côté dirigeant qui l’intéressait et d’avoir un rôle "hors terrain". Je dis ça maintenant mais peut-être qu’un jour ça changera. Son profil faisait deviner un petit peu qu’il allait endosser le costume de directeur sportif. En tout cas, on croirait que le rôle est fait pour lui. Je suis très content parce que je trouve que Loïc a beaucoup de qualité. C’est déjà un mec super bien, cela peut paraître banal de dire ça, mais je pense qu’avant d’être performant dans son boulot je pense que d’être une bonne personne c’est important. Loïc est compétent, alors je ne suis pas la meilleure personne pour parler de lui parce que c’est un ami, mais c’est quelqu’un de compétent, qui aime le club, qui connaît le foot. Je pense que c’est une très bonne chose que l’ASSE décide de s’appuyer sur son jugement et plus globalement sur lui parce qu’il a beaucoup de qualités. 


En tant qu'ancien de la maison verte, quel regard portes-tu sur la saison écoulée qui a mené l'ASSE en Ligue 2 et ce début de saison très compliqué pour les Verts ?

Je pense que ça ne sert à rien de ressasser la saison qui est passée. Forcément une descente, c’est une mauvaise saison. Si l’ASSE a fini à cette place là, c’est aussi du fait du niveau des joueurs. C’est toujours trop facile de dire que c’est la faute d’un tel, d’un entraineur mais ce sont les joueurs qui sont sur le terrain. Ils sont en partie responsables. Après, cela s’est joué à peu de chose. 

En ce qui concerne cette saison, on pense que ça va être facile en se disant ‘Sainté en Ligue 2, ils vont remonter’. Mais non, c’est dur. Sans parler du retrait de points que le club a eu mais c’est très dur. La Ligue 2 est dure et on voit le bilan de tous les clubs qui sont descendus et il y a très peu de clubs qui remontent directement l’année suivante. Il ne faut pas s’attendre à voir l’ASSE écraser le championnat de Ligue 2, c’est compliqué. En plus cette année il y a quatre descentes… Cela va être un championnat difficile, et mine de rien cela reste un traumatisme aussi pour les joueurs qui ont connu une descente. Cela ne va pas être une année simple. J’en avais discuté avec Laurent Batlles de cela, et c’est très difficile de gagner les matchs, et l’objectif de remonter doit se faire sur deux ou trois ans le temps de mettre en place des choses, que les joueurs s’adaptent au nouveau coach. Il y a beaucoup de clubs qui prétendent jouer la montée. C’est difficile, forcément on aimerait tous que l’ASSE remonte le plus vite possible mais je pense que cela va être une année compliquée. 


Tu as affronté la réserve de l'ASSE cette saison composée entre autres de Mouton, Gauthier, Rivera, Calodat ou encore Gabard qui ont intégré le groupe pro pour la préparation. Certains ont mêmes fêté leurs premières minutes en pro. Es-tu surpris de voir ces joueurs avec l'équipe fanion ?

Ils ont fait une bonne saison l’année dernière et c’est plus facile de monter quand l’ASSE est en Ligue 2 plutôt que lorsqu’on joue l’Europe. Quand on joue l’Europe, on peut recruter, l’effectif est plus conséquent. Ces noms me parlent forcément en les ayant joué en N3 l’année dernière. C’est bien que les jeunes montrent le bout de leur nez et qu’on fasse appel à eux. Je pense qu’il faut une émulsion entre joueurs d’expérience et jeunes du club. Cependant, je reste persuadé que les matchs on les gagne avec de l’expérience. Il faut des joueurs qui ont l’habitude de jouer, qui ont connu des matchs parce que la N3 c’est quelque chose, mais la Ligue 2 c’est autre chose. C’est à Laurent Batlles de trouver le bon équilibre entre jeunesse, fougue et expérience. On gagne des matchs avec de l’expérience et des cadres. 


"Sainté a été le club où je suis arrivé dans une période de ma carrière où je me rendais compte des choses"

Pour toi, le recrutement est cohérent à l’ASSE cette saison ? 

Cela a pas mal bougé. Pour le recrutement, je suis de ceux qui pensent qu’il faut laisser le temps. Il faut faire très attention lorsque l’on juge un recrutement parce qu’il faut un temps d’adaptation, ce n’est pas facile pour un joueur de quitter un club, d’arriver dans un nouveau club… On déménage, il faut trouver un endroit pour habiter, qu’on trouve des repères. Il faudra attendre la mi-saison pour juger les recrues et peut-être même l’année prochaine. Je prends l’exemple du PSG : en fin de saison dernière, tout le monde disait ‘Messi et Neymar, c’est quoi ces recrues ?’. Et puis aujourd’hui… Dans le football on parle tout le temps vite, il faut laisser le temps. Après un joueur comme Dylan Chambost connaît la maison mais il ne revient pas dans le même contexte que lorsqu’il était parti. Il faut leur laisser le temps de prendre la mesure du contexte : Sainté ce n’est pas un club comme un autre, même en Ligue 2. 


L’ASSE est le club qui a le plus compté dans ta carrière ?

(Sourire) C’est un club qui a énormément compté. Même si j’ai gagné des choses ailleurs, à Lyon et à Paris, Sainté a été le club où je suis arrivé dans une période de ma carrière où je me rendais compte des choses. À 27 ans, on n’est pas le même joueur qu’à 21 ans où on est insouciant. Je suis tombé je pense dans les bonnes années avec un groupe qui se connaissait bien, un staff qui était top, un staff médical, des supporters, une bonne ambiance, des salariés au club supers… Tout un contexte était réuni et au final j’ai pris un pied d’enfer mais aussi parce que j’avais, je pense, la maturité nécessaire pour apprécier ce genre de choses. Quand j’étais champion de France avec l’OL à 20 ou 21 ans, je jouais avec des joueurs extraordinaires, on jouait la Ligue des Champions, c’était fantastique mais je pense qu’on se rendait moins compte des choses. J’ai plus apprécié ces moments-là parce que je me disais aussi que je me rapprochais de la trentaine et qu’au bout d’un moment ça allait s’arrêter. 


On se souvient notamment de l’ovation du Chaudron face à Milsami pour ton retour de blessure

Oui c’est aussi pour ça je pense que cela m’a marqué. C’est un club qui a compté parce que je me suis gravement blessé, tout le monde me disait que je ne jouerai plus jamais au foot et au final je reviens avec un accueil fantastique. Tout ça fait que ça marque. C’était incroyable (sourire).


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