Alexandre Mahinc : En Vert et filme tout

Club | Publié le par Corentin | 22 commentaires

Alexandre Mahinc est un fan inconditionnel des Verts mais il n'est pas un supporter comme les autres. Bénévole à l'ASSE depuis 1972 malgré son travail de postier, il a filmé l'ensemble des matchs des Stéphanois au stade Geoffroy-Guichard, soit plus de 2000 rencontres. EVECT est parti à sa rencontre la semaine dernière.

L'histoire d'Alexandre Mahinc avec l'ASSE, en tant que bénévole, débute en 1970. Il intègre le collège associé à la suite d'une annonce parue dans le journal par le président Roger Rocher. Le bureau des membres associés était alors composé d'une vingtaine de personnes. Deux ans plus tard, l'ancien joueur et à ce moment-là recruteur, Pierre Garonnaire, cherche une personne au sein du club qui sait filmer. Alexandre Mahinc lui répond : "J'ai fait beaucoup de films mais ce sont des films d'amateurs. Je ne sais pas si je saurais filmer un match". Le postier a quand même rendez-vous avec lui. L'ancien défenseur lui dit : "Monsieur Rocher a acheté du matériel. Je n'y connais rien. Voilà le matériel, voilà la documentation : dimanche il faut que tu filmes". Le dimanche, il commence à s'installer en tribune de presse mais le "syndic de presse" arrive et lui interdit de filmer. La présence de caméra en tribune n'est pas la norme dans les années 1970. Le caméraman se dirige alors dans le bureau du Président Rocher pour l'avertir de cette situation. Le Stéphanois décrit encore aujourd'hui parfaitement sa réaction : "Il a monté les escaliers quatre à quatre et il a dit au syndic de presse : Qu'est-ce qu'on me dit ? Vous ne voulez pas qu'on filme le match, le match de nos joueurs, avec notre matériel, dans notre stade. Il se tourne vers la pelouse et dit : Mahinc vous vous mettez là et vous filmez le match. Je n'ai plus eu de problèmes depuis avec le syndic de presse".


Un pionnier dans son travail

Les clubs disposent aujourd'hui de tout un service d'analyse vidéo. Le président Rocher a été le premier à filmer ses adversaires. Dès qu'il pouvait se déplacer, Mahinc partait à l'étranger pour filmer des rencontres. Il ne parlait et ne comprenait pas un mot d'anglais mais voyageait jusqu'en Angleterre. À Liverpool, il a vécu une expérience marquante avec Pierre Garonnaire qui lui est restée en mémoire : "Il s'était procuré toutes les photos des joueurs de Liverpool. On a punaisé au mur les joueurs dans la composition qu'il pensait. Pendant que je faisais un gros plan sur la tête des joueurs de Liverpool pour que les Stéphanois les connaissent bien, il a fait un commentaire extraordinaire sur tous les joueurs. Attention lui déborde à gauche, celui-ci à un bon jeu de tête. Malheureusement à Liverpool, il y avait Keegan et Fairclough qui nous ont fait mal".


L’homme de l'ombre aux côtés du Sphinx

Aux côtés de ce passionné, de nombreux commentateurs se sont succédés. Le premier était Pierre Garonnaire. Il y a eu pour le plus connu Louis Laforge mais bien d'autres encore. Mahinc avait de nombreux contacts avec l’entraîneur de l'époque Robert Herbin. En effet, ses films servaient à ce dernier. Ils avaient acheté des grands draps noirs qu'ils étendaient sur des baies vitrées pour visionner la rencontre. Les jours suivants, le bénévole repassait le match avec le coach stéphanois qui "n'était pas tendre avec un joueur qui ne se repliait pas ou qui restait les mains sur les hanches". Alexandre Mahinc est l'un des seuls à avoir filmé la victoire 5-1 en Coupe d'Europe contre Split. Il a perdu les images de ce succès en enregistrant d'autres matchs sur la même bande.


Représentatif du passé minier de la « Ville Noire », le club a commencé à donner des lampes de mineurs grâce à une idée d'Alexandre Mahinc. Il s'est inspiré de Nîmes qui offrait le « Crocodile du Mois » au meilleur joueur. De retour dans le Forez, il exposa son idée au président qui accepta. Au départ, il offrait des panthères en peluche. Au bout d'un moment, Christian Lopez lui dit : "Écoutez les enfants, j'en ai eu trois. Je sais plus où les mettre". Après avoir offert des coupes, il tomba un jour sur des lampes de mineurs fabriquées par une entreprise locale de réinsertion de chômeurs. Il les trouva magnifiques et en acheta plusieurs pour les donner au meilleur stéphanois du mois. Les néo-Stéphanois reçoivent aujourd'hui ces lampes lorsqu'ils arrivent dans le club ligérien.


Un couple tout de vert vêtu

Si l'ASSE déchaîne les passions du peuple vert, elle permet également aux personnes de faire connaissance. Alexandre a rencontré sa femme, Christiane, au stade Geoffroy-Guichard lors d'un match de troisième division, un 10 janvier. Tout autant passionnée des Verts que son mari, il nous a confié à son propos : "Au lycée, à 18 ans, elle lisait L'Équipe sur ses genoux au lieu d'écouter le professeur". Aujourd'hui, Roland Romeyer lui a laissé une place en tribune de presse pour qu'elle puisse assister aux matchs.


Avec la crise sanitaire, son travail est mis entre parenthèses avec les restrictions imposées lors des matchs de Ligue 1. Alexandre garde toutefois deux bureaux au stade. Ce sont de véritables musées retraçant son bénévolat à l'ASSE par des maillots offerts par les joueurs et des photos. Il conserve également tout son matériel. Si précieux.

En deuxième partie, vous découvrirez son interview réalisée pour le site EVECT.

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