Pascal Feindouno : "Pour s'intégrer, il faut être fort"

Anciens Verts | Publié le par Evect | 5 commentaires

Entretien en trois temps avec Pascal Feindouno. Le fantasque milieu stéphanois revient avec nous sur son arrivée en France.

Comment fait-on pour débarquer en France depuis la Guinée pour jouer au football ?
"Pour moi, cela n'a pas été difficile comme pour d'autres. Je n'avais pas à gérer l'administratif, visa, hébergement, car tout s'est fait par la sélection. C'est la fédération qui s'occupe de cela, à l'époque j'ai eu mon visa Shengen avec mon passeport. Ensuite, on part au Portugal pour un tournoi moins de 17, et je suis élu meilleur joueur. Là-bas, il y avait beaucoup de clubs et de recruteurs dont Lens, Auxerre et Bordeaux en France. Je pars à Lens, mais je ne suis resté que trois semaines car il faisait beaucoup trop froid (rires). Je venais d'arriver, je n'avais vu la neige qu'à la télé. Je décide dans ma tête de repartir en Guinée. Là, tout le monde me dit que je suis fou, et que je peux jouer en France. Je suis parti chez mon oncle à Paris. Bordeaux s'est renseigné, je ne sais pas comment ils ont fait, mais ils ont réussi à joindre mon oncle, lui explique qu'ils me veulent. J'arrive aussi en hiver là-bas, sauf que dans le sud-ouest, c'est supportable. Arrivé à l'aéroport, je vois Patrick Battiston et Marius Trésor, j'étais aux anges. Je n'y croyais pas alors que j'allais juste intégrer un centre de formation."


"Je m'entrainais toute la semaine avec le groupe professionnel"


Est-ce que votre carrière a facilité la tâche de vos frères ?
"Oui on peut dire cela. Le nom aide beaucoup, mais ils avaient aussi un peu de talent comme moi (rires). Simon est tout de même passé par Nice, Lens, Istres, et maintenant il joue à Dubaï."

Comment se sont déroulés vos premiers mois en Gironde ?
"J'ai été bien accueilli et je n'avais pas beaucoup de pression. C'est vrai que ce n'est pas toujours facile pour un nouveau, et qu'il faut se faire accepter. J'ai eu cette chance-là et cela permet de s'épanouir. De toute façon, on m'a toujours dit que pour s'intégrer, il faut être fort, et faire deux fois plus."

Vous avez tout de même sauté des étapes là-bas.
"Oui c'est vrai. Je jouais avec ceux de mon âge, dix-sept ans, mais je m'entraînais toute la semaine avec le groupe professionnel. J'ai rapidement intégré ce groupe en compétition pour être champion de France à dix-sept ans et demi au final."


"Il y avait des stars dans cette équipe"


Justement, ce titre est marquant pour plein de raisons. A quel point ce titre a changé la donne dans votre carrière ?
"C'est difficile à expliquer, mais je crois tout simplement que c'était ma chance. A cet âge, c'est inattendu de remporter ce titre, et les dirigeants ont eu du courage de me faire jouer. Il y avait des stars dans cette équipe, Micoud, Benarbia, Wiltord, Ramé et encore plein d'autres. Elie Baup m'annonce que je dois les faire gagner. Je ne savais plus où j'étais."

Du côté de Marseille, beaucoup soupçonne la défense parisienne de vous avoir laissé marquer. Que répondez-vous à cela ?
"J'ai souvent entendu cela, mais je ne peux pas le laisser dire. Ce n'était pas un match acheté, on mène par deux fois, et chaque fois ils égalisent. Je me rappelle que Marseille joue à Nantes et mène 1-0 avec un but de Pirès sur une passe de Camara, donc le scénario est aussi fou pour nous. De ce titre découle l'autre moment important : la Ligue des Champions. C'est la plus belle compétition donc tout le monde veut la jouer, et ce fut un très beau moment avec Bordeaux."


Suite de cet échange dans les jours à venir.

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