Nkounkou se livre sur son passage à l'ASSE et son bras de fer

Anciens Verts | Publié le par Tibo | 21 commentaires

Niels Nkounkou n'aura passé que six mois à l'AS Saint-Étienne mais aura tout de même activement participé au redressement spectaculaire du club, lors de la seconde partie de saison 2022-2023. Invité de l'émission SLCTV, le désormais ex-latéral gauche des Verts s'est longuement confié sur son aventure stéphanoise.   

Une aventure qui aurait pu débuter plus tôt, puisqu'il a passé des détections dans le Forez à l'âge de 12 ans, comme il l'a expliqué durant l'émission : "La première détection que j'ai faite c'était en U12, le recruteur c'était celui de Saint-Étienne. Il m'avait vu dans un tournoi. Il était venu à notre centre d'entraînement pour me voir en particulier. Ce jour-là, il a repéré trois joueurs de Cergy, on est parti à trois faire un essai à Saint-Étienne à 12 ans, première détection. Arrivé à Sainté, j'ai malheureusement été malade les deux premiers jours. Je n'ai pas pu me montrer, Saint-Étienne a considéré que j'avais raté l'essai. Une fois que j'ai fait Saint-Étienne, les détections se sont enchaînées. J'ai fait de nombreux clubs en France sans succès parce qu'à l'école, ce n'était pas ça."


Le désormais joueur de Francfort se livre ensuite sur son passage à Saint-Étienne, de la signature de son prêt en passant par les six mois exceptionnels réalisés à la fin plus chaotique de son aventure : "À Everton, j'avais une clause jusqu'au 10 janvier. Si mon prêt à Cardiff devait se casser, ce devait être avant le 10 janvier. Everton a fait les démarches mais Cardiff mettait du temps à rendre les papiers. Le 11 c'était terminé, c'était Cardiff qui avait le dernier mot. Il me demande ce que je veux faire. Je leur dis que je veux partir. Ils acceptent, cela signifie que je résilie mon contrat et j'appartiens de nouveau à Everton. Mon agent commence à avoir des discussions avec des clubs anglais de Championship. Il y a Saint-Étienne mais je ne l'apprends pas par mon agent. Un matin, je suis chez moi à Cardiff, c'est la galère, je vois mon téléphone qui sonne. C'est Mathieu Cafaro qui m'appelle ! Il me dit, ça fait deux-trois jours  qu'à Saint-Étienne ils ne font que parler de toi, vas-y viens. Il m'a appelé un lundi, ils avaient perdu le samedi et ils étaient derniers de Ligue 2. Je lui dis "vous êtes derniers, qu'est-ce que tu me racontes. Je suis déjà dans un bourbier ici et tu veux me renvoyer dans un bourbier.


Je raccroche, mon agent m'appelle. Il me dit j'ai trois projets à te proposer : Wigan, Olympiakos et il me dit j'ai un dernier plan, je ne suis pas trop chaud mais Philippe (ndlr : le second agent de Nkounkou) est chaud. Je lui dis, ne me dit pas que tu vas me parler de Saint-Étienne ? Il me dit "comment tu sais ?" Il me dit : "quand on a décidé de travailler ensemble, je t'ai dit qu'il fallait recommencer à zéro. Parle du projet à ton père et après tu me rappelle." Je raccroche, je suis sur la route pour aller à l'entraînement et j'appelle mon père pour lui expliquer les projets. On se rappelle après l'entraînement et mon père me dit : "j'ai bien étudié les projets, vas à Saint-Étienne ! Il me dit soit tu vas à Saint-Étienne tu coules avec eux et tout le monde t'oublie. Soit tu vas à Saint-Étienne tu mets le bleu de chauffe et tu essaie de faire un truc. Dans tous les cas, vous vous maintenez, ton nom sera dans le maintien."


J'arrive à Saint-Étienne vers 21h00 le jeudi soir, il fallait que je signe avant 21h00 pour pouvoir jouer le samedi. Je fais toute la paperasse et le samedi, on jouait à Niort. Je suis sur le banc, je rentre, on gagne. Tu sentais que l'équipe était bonne mais il manquait un truc. On commence à grappiller des places, Kader Bamba arrive en même temps que moi à Saint-Étienne, Dennis Appiah, Gautier Larsonneur et Gaëtan Charbonnier. Sachant que sur les quelques joueurs que j'ai cités, on est trois à avoir les mêmes agents (ndlr : Dennis Appiah et Gautier Larsonneur). Je suis arrivé à Sainté, ils étaient derniers mais on aurait pu croire qu'ils étaient premiers, l'ambiance était vraiment bonne. Les matchs passent, on jouait à quatre derrière et moi j'ai toujours mes lacunes défensives. Mes premiers matchs sont mitigés. Un jour le coach vient et dit qu'on va changer de système. Il me prend à part et me dit que je vais jouer comme ça, en mettant derrière moi un mec qui va défendre pour que j'attaque. Là, c'est une nouvelle saison qui commence. Laurent Batlles me voulait déjà à Troyes, il savait ce que je savais faire. Je marque mon premier but à Nîmes en février, je termine la fin de la saison avec six buts et six passes décisives. 


Je termine meilleur latéral gauche de Ligue 2 en six mois. J'ai vraiment cartonné. Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, c'était un prêt avec option d'achat mais l'option mise par Everton était tellement haute que Saint-Étienne ne pouvait pas la lever. Ils m'ont dit, l'option est là, on est obligé de l'accepter mais en aucun cas on va la lever. Arrivé fin mai-début avril, on joue le Paris FC chez eux et les directeurs viennent me voir et me disent : "Niels, fin de saison on lève l'option. Si on ne lève pas l'option on va passer pour des fous." Je leur dis "si vous levez l'option, je ne joue plus. J'avais prolongé à Everton avant de partir en prêt, je voulais donc repartir". Je vois Laurent Batlles, je lui explique, il ne savait pas tout ça. Il me convainc de finir la saison et de laisser mes agents s'occuper de ça. Je suis appelé pour l'Euro Espoirs suite à des blessures alors que je suis à la CAN de mon quartier avec le Congo. 


À Grenoble pour le match de préparation avec les espoirs avant l'Euro, je commence à avoir les premiers contacts avec Francfort. J'ai parlé avec le coach, le directeur, les premières propositions arrivent. Après l'Euro, je suis censé rentrer à Saint-Étienne mais à ce moment-là, les dirigeants commencent à dire que c'est mort, que je ne vais pas partir. J'appelle Laurent Batlles, je lui demande s'il sait ce qu'il se passe concernant mon dossier, il me répond que non. Je lui explique tout de A à Z. À la fin, je lui dis, vous m'avez dit de revenir le 27, je ne rentre pas tant que le truc n'est pas calmé. Romeyer m'appelle, il m'explique ce qu'ils veulent faire de moi à Saint-Étienne la saison prochaine. Je lui dis que je suis en vacances et que s'il veut voir quelque chose, il doit appeler mes agents et on se verra quand je reviendrais. Je termine mes vacances et même si j'ai dit que je ne reviendrais pas, je suis sous contrat donc je reviens le 27. Le jour de mon retour, j'arrive avec du retard exprès, ils m'attendaient sur le parking (les directeurs et le team manager). 


Je parle avec le coach, il me demande dans quel état d'esprit je suis, je lui réponds que je ne fais pas partie du projet. On m'a dit certaines choses, j'aimerais qu'elles soient respectées. Je suis venu pour certaines raisons, j'ai rempli ma part du contrat, j'aimerais donc que de l'autre côté ça suive. Je fais mon interview dans L'Équipe, le lendemain j'ai rendez-vous avec la direction. Je répète tout ce qu'ils m'ont dit avant que j'arrive. Ils me disent : "c'est parce que tu as une offre que tu fais ça". Si je n'avais pas d'offre, je reste à Saint-Étienne, je ferme ma bouche et je joue. Si l'offre doit venir le dernier jour du mercato, elle viendra le dernier jour mais là, l'offre je l'ai ! Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, je n'ai pas triché. Que ce soit sur le terrain, à l'entraînement ou envers les fans. J'ai toujours été à 100%. Certains supporters me comprennent, d'autres non, c'est comme ça. Quand tu sors de Ligue 2 avec la saison que tu viens de faire, tu espères aller plus haut. J'ai un club allemand qui dispute l'Europe qui m'offre cette opportunité-là. Quel footballeur aurait refusé ? Sportivement, comme financièrement, personne. Le dernier jour, l'ASSE accepte le transfert. J'avais dit au club, c'est soit je vais à Francfort soit je rentre à Paris. Eux voulaient faire un projet autour de moi pour la montée en Ligue 1 mais je ne me considérais pas dans ce projet."

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