Ginhoux : "Une culture particulière avec des codes pas toujours compris du grand public"

Pros | Publié le par Tibo | 16 commentaires
Bérangère Ginhoux est une sociologue de Saint-Etienne, qui a activement participé à l'élaboration de la dernière exposition du Musée des Verts sur les supporters. Les supporters et notamment les supporters "ultras", c'est justement sa spécialité. Dans une interview accordée au Progrès, que vous pouvez retrouver en intégralité en cliquant-ici, elle évoque cette culture parfois incomprise du grand public :

"Les groupes de supporters ultras sont composés d’un public socialement hétérogène. Il regroupe un public jeune, plutôt masculin, composé essentiellement d’étudiants ou de personnes qui travaillent. Les plus actifs dans les groupes ultras ont généralement entre 15 et 35 ans. C’est difficile à dire mais en comptant les membres actifs et sympathisants, il y a environ 1 000 Magic Fans et 800 Green Angels. Ça rassemble énormément de générations. A Saint-Étienne il y a un engagement très particulier. Les deux villes où il y a cet engouement c’est Marseille et Saint-Étienne. Le passé est encore très présent dans ces deux villes et la passion du club est un héritage familial. Le groupe ultra fonctionne dans la majorité des cas sur un statut associatif. Tous les groupes fonctionnent avec des responsables pour les différentes activités du groupe, dont les plus importantes sont les déplacements et les animations. Comme dans d’autres activités bénévoles, c’est un sacrifice important de sa vie sociale et de la vie de famille. Ils sont mobilisés tous les week-ends. Comme pour d’autres passions, ça a un coût financier, moral et social. Les résultats jouent sur leur moral mais ce qui tient les ultras c’est ce groupe d’amis, l’ambiance. Les Green Angels parlent même de famille.

Le supporterisme ultra est issu d’un mouvement italien très codé. Il a été importé à Marseille en 1984. C’est une culture particulière avec des codes pas toujours compris du grand public. Il y a l’importance de la tenue par exemple. L’écharpe du groupe est la bâche personnelle du supporter ultra. La bâche des groupes de supporter, cette banderole de plusieurs dizaine de mètres, symbolise le territoire que le groupe s’approprie dans le stade. La tribune comme la ville est un territoire à défendre. Il y a quelque chose comme le patriotisme des villes. Les ultras sont ancrés dans un monde avec une compétition inter-ultras. Ils rivalisent entre eux avec les chants, les tifos et les banderoles. Contrairement au hooliganisme, l’affrontement physique n’est pas la priorité."
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