Exclu U17 : Primard revient sur la saison exceptionnelle

Formation | Publié le par Thomas | 17 commentaires
Entraîneur des U17 Nationaux, l'ancien défenseur Jean-Philippe Primard (qui a fait toute sa carrière de joueur pro à l'ASSE - 222 matchs) navigue chaque saison dans l'organigramme du centre de formation. Après avoir qualifié les U19 la saison passée, il a réédité la performance cette saison avec les U17 en terminant premier de son groupe lors de la saison régulière. Avant d'affronter Monaco dimanche en quart de finale des playoffs, il a répondu à nos questions. Premier volet : la saison incroyable effectuée par son groupe.

Coach, au terme d'une saison exceptionnelle (on rappelle : 20 victoires, 5 nuls, 1 seule défaite), vous vous êtes qualifiés avec votre groupe pour les playoffs, comme vous l'aviez fait la saison passée avec les U19. Après des débuts "timides" (7 victoires, 4 nuls, 1 défaite dans le derby), votre groupe a effectué une folle série sur les 14 derniers matchs (13 victoires, 1 nul) à partir de décembre. Est-ce que ça traduit le temps de d'adaptation des joueurs à votre projet ? Est-ce que vous vous y attendiez ?
Effectivement, jusqu'au match aller à Lyon, on avait fait quelques nuls mais face à de bonnes petites équipes comme Saint-Priest, Annecy... Je pense qu'on a progressé au fur et à mesure de la saison. Au départ, par rapport aux joueurs que j'avais et au système de jeu, j'ai dû changer et m'adapter au bout de quatre, cinq matchs. 
Je découvrais un peu les joueurs, petit à petit j'ai des évidences qui me sont venues. En terme de résultats c'était pas mal, mais au niveau de la qualité de jeu en début de saison, je n'étais pas hyper-satisfait. Progressivement, c'est ce que j'ai essayé de mettre en place, on a essayé de mieux jouer.
Comme on le sait en formation, le jeu et les résultats sont primordiales. En début de saison, Lyon mettait beaucoup de cartons (5-0 ; 6-0...). Nous, sur la première partie de la saison on gagnait souvent d'un but, difficilement. Petit à petit on a réussi à mieux jouer, mettre plus de buts. En début de saison, nous avions ce problème récurrent : on se créait beaucoup d'occasions, mais on marquait peu. On a progressé en terme d'efficacité ! Sur la seconde partie de la saison, on a converti beaucoup plus nos occasions en buts. 
Il y a eu une progression qui s'est faite avec la connaissance des joueurs et avec la volonté de mieux jouer par rapport à ce que l'on faisait en début de saison. 

A l'inverse du groupe U19 et du groupe Excellence qui ne possèdent pas des attaques flamboyantes, vos joueurs ont inscrit 73 buts. Est-ce que les générations 2000/2001 sont plus offensives que les précédentes ? Ou est-ce que cela vient d'autres paramètres (adversaires plus friables par exemple) ?
Le championnat U19 dans lequel l'ASSE est engagé, en poule SUD, il est quand même plus relevé que la poule dans laquelle on est en championnat U17 cette année. Je le sais bien. (il était le coach des U19 la saison dernière). En U19, il n'y a pratiquement pas un match gagné d'avance. En U17, pas vraiment non plus, mais sur les matchs retours, lorsqu'on a rencontré Villefranche, Besançon... on a fait des gros scores. On a vu la différence, ça n'existe pas en U19 ça, pratiquement pas. 
Dans notre progression, il est vrai qu'on a marqué beaucoup plus de buts contre ces équipes du bas de tableau. Sur le championnat U19 que j'avais connu l'année dernière, tout le monde peut battre tout le monde, vraiment. C'est un peu différent, je pense que c'est en terme de qualités d'équipes que la différence se fait. 

Il existe cependant un point commun avec le groupe U19 : votre solidité défensive ! Seulement 16 buts encaissés (meilleure défense de tous les groupes confondues). On sait que l'ASSE forme de bons gardiens, mais aussi de bons défenseurs ? La rigidité défensive occupe t-elle une place importante dans votre philosophie de jeu ?
Que ce soit en U19 l'année dernière, ou cette année avec les U17, on essaie de partir sur un bloc équipe qui laisse peu d'espace à l'adversaire. Ça part d'une rigueur et d'une discipline au niveau tactique qu'on essaie de faire suivre aux joueurs. Dès qu'on récupère le ballon, on entre dans une autre phase. A la perte de la balle, il y a deux solutions, soit le pressing soit se replacer. J'essaie de faire un peu des deux en fonction des situations. 
Le côté rigueur défensive est important, mais cela n'empêche pas dès que l'on récupère le ballon de vouloir bien jouer. C'est surtout que les joueurs adhèrent bien aux replacements, aux efforts, parce que ce n'est pas que la défense et le gardien, défensivement c'est toute l'équipe, des attaquants aux joueurs de couloirs, qui doivent faire de nombreux efforts. On le voit dans le football de haut-niveau, il faut courir, il faut faire des efforts, offensifs mais aussi défensifs, toute l'équipe, c'est aussi ce que j'essaie de leur inculquer.

Plusieurs joueurs ont découvert cette saison l'Équipe de France, sans doute grâce à leurs performances en club. On imagine qu'un coach est toujours fier de participer à ce point à la carrière d'un jeune joueur ?
L'Équipe de France c'est une chose. On a parfois des joueurs, même souvent, qui n'ont pas effectué de sélections nationales et qui parviennent à signer pro quand même. A l'inverse, certains sont très prometteurs en sélections et au bout du compte ne signent pas pro chez nous. Il faut faire attention à ça.
Malgré tout, c'est une récompense. Sur l'instant en tout cas., une récompense pour eux, pour le club. Avoir quelques internationaux, cela démontre qu'il y a quand même des bons joueurs, c'est évident. 

Vous avez utilisé 31 joueurs durant la saison. Est-ce l'envie de concerner un maximum de monde ? La recherche de la meilleure formule ou est-ce par la force des choses ?
Au départ c'est parce que je cherchais la bonne formule évidemment. Sur une saison, on va dire sur les 3/4 de la saison, on essaie bien sûr de mettre les meilleurs. Mais parfois aux mêmes postes, il y a des joueurs qui sont égaux, et là on cherche à faire tourner aussi. 
Et puis, petit à petit lorsqu'on approche de l'arrivée, on essaie de moins changer parce qu'on cherche à mettre la meilleure équipe possible. Sur le dernier match au FC Lyon, il y a eu beaucoup de joueurs qui n'avaient pas beaucoup joué, qui ont joué. Ça a aussi augmenté cette statistique sur l'effectif. Sur cette rencontre, on avait fait reposer les cadres. Au départ c'est trouver l'équipe et ensuite, les circonstances sur la fin ont fait que ça a bougé. Il y a eu aussi quelques joueurs, les Fofana, Bengueddoudj, Moueffek qui s'entraînaient dans mon groupe en U17 et qui sont montés au bout de trois quatre mois dans le groupe U19, parce que pour moi, ils étaient au-dessus. Ils ont fait des matchs avec les U19 et sur la fin de la saison, où on a eu des objectifs un peu plus précis avec le classement, j'ai pu les faire revenir jouer avec moi, c'est pour ça qu'il y a eu aussi un bon brassage.

Vous naviguez dans l'organigramme du centre de formation depuis la fin des années 90. Vous avez ainsi vu passer beaucoup de générations, dont celle de Loïc Perrin. Peut-on espérer que des joueurs issus de la génération 2000/2001 gravissent les échelons jusqu'à l'équipe première ?
On l'espère, c'est l'objectif. On peut dire qu'il n'y a pas de joueurs issus de la formation qui s'imposent vraiment avec les pros actuellement, mais malgré tout il y a de jeunes joueurs. A Monaco hier, il y avait Nordin, le petit Rocha-Santos qui a fait son entrée, Maïga. Nordin c'est la génération 98, c'est jeune ! C'est des joueurs qui arrivent à maturité, on le sait en général à 21/22 ans. Ils sont là et je pense que petit à petit on va voir que ce sont des joueurs sur qui on va pouvoir compter. 
Les 2000/2001 ça reste jeune, même si Kenny Rocha-Santos est un 2000, c'est un U17 ! Il y a toujours des plus précoces que d'autres. Mais sur l'ensemble, on a je pense quand même quelques joueurs intéressants, même sur les 2001, parce qu'on a une équipe 2 qui évolue en Ligue. Dans celle-ci, il y a beaucoup de 2001, parce que je ne peux pas faire jouer tout le monde non plus. On a un effectif de 35 joueurs, on ne peut pas prendre tout le monde avec les nationaux, mais à mon sens il y a beaucoup de qualités sur ces deux générations. Après, on verra lesquels arriveront, mais il y a pour moi un bon potentiel. 

Suite de l'entretien demain avec le coach des U17 Nationaux. Il sera question de l'opposition contre l'AS Monaco, en quarts de finale de playoffs !
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