Bilan, avenir, ambitions : Nedder se confie

Féminines | Publié le par Paul | 7 commentaires
Dans un long entretien vidéo qu'il nous a accordé, Razik Nedder revient sur son incroyable saison à la tête des U19 de l'ASSE. Entre passion et ambition, Razik décrypte son quotidien, celui d'un Stéphanois qui vit son rêve tous les jours sur les terrains de football de son club. 
Tu donnes très peu d’interview Razik, est-ce par choix ou par humilité ? 
Un petit peu des deux, effectivement par humilité, parler c'est une façon de se mettre en avant mais ce n'est pas celle qui me correspond. C'est ma façon de faire depuis que j'ai débuté dans ce métier. On m'a expliqué que c'était un peu utopique comme façon de voir les choses. J'en fais aussi peu parce que je ne me sens pas forcément à l'aise dans cet exercice-là, et certains propos peuvent prêter à confusion lorsque qu'une phrase est sortie de son contexte par exemple. 

"Le club, c'est le poumon de la ville"

Tu es natif de Saint-Etienne, qu’est ce que cela représente pour toi d’être entraîneur dans le club de ta ville ? 
C'est un régal, c'est un plaisir. Quand on est Stéphanois on aime le club, cela berce notre enfance. Le stade, l'ambiance, les écharpes vertes dans toute la ville deux heures avant un match font de l'ASSE une institution forte. On dit régulièrement que le club est le poumon de la ville, c'est une réalité. Tout est réuni ici pour que je me sente bien. 
Pour moi vivre de ma passion est fabuleux, en plus le faire dans un grand club comme Sainté, c'est encore plus beau. Cela me permet de faire mon travail dans ma ville, près de ma famille, mes proches et mes amis. J'ai un petit groupe avec qui je suis depuis toujours très soudé. Je me fais d'ailleurs pas mal chambrer, c'est pour ça que je n'aime pas trop parler (rires). 

Plus jeune tu te destinais à cette carrière dans le football ?
Comme beaucoup de jeunes passionnés, tu rêves de devenir professionnel. J'ai eu la chance d'être formé ici, d'y avoir joué jusqu'à l'âge de quinze ans. Je n'avais pas le niveau suffisant pour devenir professionnel et vivre du football. J'avais le niveau d'un bon petit joueur régional, là où j'ai pris beaucoup de plaisir en tant que footballeur dans les différents clubs de la ville. J'ai entraîné ma première équipe à 15 ans sous l'impulsion de Brahim Madoui à l'AS Rivière. J'ai tout de suite aimé ça. Je me suis ensuite donné à fond dans tout ce que je faisais pour justement que cela me permette d'en faire mon métier. 

Finalement tu es venu au coaching très rapidement, qu’est ce qui te plaît dans ce métier ?
L'échange que nous avons déjà avec les enfants. Bon, actuellement j'ai les U19, ce ne sont plus des enfants mais plutôt des jeunes adultes. Le facteur humain est très enrichissant et très important dans ce métier. 
Je suis un passionné de tactique et de méthodologie d'entraînement et je me plais à faire évoluer tout ça et progresser dans ce domaine là. 

"Julien Sablé est un soutien très important dans ma formation "

Tu prépares actuellement ton diplôme pour être directeur de centre de formation. Comment se déroule ton cursus à Clairefontaine ? 
C'est une formation très riche qui m'apporte énormément. Elle est encadrée par un grand monsieur qui est Jean-Claude Giuntini (sélectionneur de l'équipe de France U17, ndlr) qui a des qualités dans la méthodologie d'entraînement qui sont exceptionnelles. J'apprends énormément dans ce domaine là. Les encadrants sont de qualité, ce sont des personnes qui ont beaucoup entraîné que ce soit Bernard Diomède, José Alcocer ou Jean-Luc Vannuchi. On avance énormément dans l'entraînement. Et puis, il y a Joël Trebern qui m'accompagne sur le savoir être, la façon de se présenter, la posture à adopter et j'ai beaucoup de choses à apprendre dans ce domaine là. 
Nous sommes 22 stagiaires, le groupe s'est rapidement formé, nous devenons une bande d'amis, en tout cas c'est comme cela que je le vis. L'échange c'est ce qui fait avancer dans le football et sur ce point, je me régale avec mes copains de classe tout simplement. 

Julien Sablé faisait partie de la promotion précédente, est-ce un plus pour toi dans ta formation ? 
Julien est mon tuteur, on a besoin d'avoir un titulaire du diplôme au club pour nous suivre au quotidien et nous encadrer. Julien est quelqu'un qui est très critique avec moi pour me faire avancer, il sait me dire les choses et c'est un appui très important pour ma formation mais également au quotidien. 

"J'irais à Valence pour mon stage"

Il y a un stage dans un club étranger à effectuer, as-tu fais ton choix ? 
J'ai choisi de le faire à Valence, en Espagne, dans l'été. Ce qui me permettra de voir l'entraînement pendant la préparation estivale. C'est un football qui m'attire, c'est aussi pour cela que j'ai choisi ce club là, mais c'est aussi très difficile de se faire accepter puisque le club doit jouer le jeu, t'ouvrir ses portes, te faire participer aux réunions. Il faut donc trouver la bonne structure pour vivre ce stage pleinement.  

Revenons sur la saison de ton équipe, quel est ton bilan avec les U19?
J'ai le sentiment que les garçons ont avancé. Cette catégorie doit préparer nos jeunes à évoluer dans un football d'adulte et sur ce point je trouve que nous avons fait du bon travail. Ils ont quasiment tous évolué en réserve et certains avec les professionnels, c'est gratifiant pour eux. En toute modestie, c'est une saison positive. 

Notamment cette série de 26 matchs sans défaite ?
C'est une preuve de l'implication de tous. Les résultats sont importants même si dans la formation, il n'y a pas que cela. On connait la difficulté de notre poule en championnat, forcément que cette série n'est pas négligeable. J'ai utilisé beaucoup de joueurs cette saison, tout le monde s'est toujours senti concerné et investit dans le projet. 

"Le Chaudron, je le connais par coeur. (...) C'est mon stade, notre stade" 
"

Que représente la victoire en Gambardella pour toi ? 
C'est mon premier gros titre. J'avais déjà gagné des championnats de ligue, des championnats de district mais à ce niveau là, jamais. La Gambardella, tout le monde en parle en France. Dans le club, elle est institutionnelle. Cela faisait 21 ans qu'on courait après ce trophée et pourtant on a eu de très belles générations notamment celle d'Abdel Bouhazama qui échoue deux fois aux portes du titre. C'est un régal à 32 ans de remporter ce trophée. Ce n''est pas que je n'y croyais pas, mais l'histoire est belle. 

Lors de la présentation de la Gambardella à GG, on t’as senti très fier, quelle saveur avait ce tour d’honneur ? 
Le Chaudron, je le connais par coeur. Plus jeune, j'allais un peu du côté des GA92 et après j'ai visité régulièrement les autres tribunes. J'ai fait beaucoup de choses dans ce stade, j'ai même travaillé à la buvette. Lors de l'intérim de Julien, j'étais sur le banc. C'est mon stade, notre stade. Je suis bien dedans et très heureux d'avoir vécu cette chose là à Geoffroy-Guichard. Vivre cela devant mes proches c'était spécial. Je suis issu d'un milieu où il est parfois difficile de se dire la fierté que l'on se porte, nous sommes pudiques, c'est notre façon d'être. Néanmoins, voir mon papa ému et fier de moi... cela reste un très bon moment devant ma femme et ma fille. 

"La formation c'est notre unique objectif, avant même la Gambardella et les titres"

Tu parles régulièrement de la transition formation-pro, on t’imagine satisfait de l’émergence des jeunes du centre ? 
On travaille dur pour ça, nous notre seul objectif c'est celui là, avant même la Gambardella, avant même les titres. L'ambition, c'est qu'il y ait le plus de joueurs possible du centre de formation qui jouent en L1. Cette saison il y en a eu beaucoup, c'est forcément une satisfaction mais ce n'est pas un hasard. Le travail des encadrants du centre est bon et puis il faut un coach pour faire confiance à tout le monde, ce qui était bien fait avec Jean-Louis Gasset. Nous avons également une vraie plus-value avec l'apport de Julien Sablé qui gère toute cette post-formation en passant énormément de temps à la vidéo avec les joueurs. Il les garde en fin de séance d'entrainement, on porte de l'attention à tous ces jeunes joueurs, il n'y a aucun hasard. 

C’est la première année pour toi en tant que formateur où tu vois partir un grand nombre de tes joueurs, comment vis-tu cela ?
Avant d'être entraîneur nous sommes des éducateurs, des éducateurs de football dont le rôle est d'encadrer des jeunes. C'est la pire période de l'année même si les joueurs ne tombent pas de haut. Il faut être prêt à tourner la page et le meilleur moyen c'est de les aider à rebondir via nos réseaux qui sont souvent plus efficaces que celui des agents. Mon objectif c'est de les suivre et de les accompagner dans la recherche d'un nouveau projet. Ce n'est pas une période que j'apprécie, on se sépare de garçons qu'on apprécie, un éducateur donne beaucoup d'amour et c'est difficile de quitter ses joueurs. 

Depuis peu on parle souvent de toi dans les médias, quelle importance donnes tu à cette nouvelle notoriété ? 
Il faut faire abstraction de tout ça, tout va très vite dans un sens comme dans l'autre. C'est toujours flatteur mais aujourd'hui ce que je retiens c'est surtout que je me fais beaucoup chambrer par mes amis sur les articles. 

"On connait le fou, mais Jérémie Janot est un monstre de travail"

Jérémie Janot dit de toi que tu es le jeune coach le plus talentueux qu’il a côtoyé. Quelle est ta relation avec l'ancien portier des Verts ? 
Jérémie est devenu un ami, j'ai apprécié travaillé avec lui. Il m'a surpris car c'est un monstre de travail. On connait Jérémie Janot le fou, le fantasque, mais dans le travail, il est impressionnant. Il est d'une rigueur extrême avec une forte capacité pour abattre beaucoup de travail. Ce qu'il te propose est pointilleux. J'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec l'entraîneur et j'ai découvert l'homme attachant avec qui j'ai noué de vrais liens. 

De quoi sera fait ton avenir avec les Verts ? 
Il me reste encore deux ans de contrat au club, c'est une question qui ne se pose pas pour le moment. Mon objectif c'est de continuer de vivre de ma passion, de permettre à ma famille de vivre sereinement et tranquillement dans un cadre que j'apprécie. Tant que ces conditions sont réunies, je n'ai aucune raison de quitter Saint-Etienne. 

"Bien entendu que je rêve d'entraîner cette équipe, c'est un rêve de gamin"

Sais-tu qui était le dernier entraîneur des Verts natif de Saint Etienne* ? Cela ne te donne t’il pas des idées ? 
C'est loin, ce sont des questions que je ne me pose pas. Forcément si tu demandes à un enfant s'il veut devenir footballeur professionnel, il va te dire oui. On va laisser venir les choses, déjà parce que je n'ai pas le diplôme (rires) et puis il faut se donner du temps. Maintenant si on me pose cette question mais qui ne doit pas être sortie de son contexte, bien entendu que je rêve d'entraîner cette équipe, c'est un rêve de gamin. Les rêves de gosse ne se réalisent pas tous. Il faut travailler dur pour ça, certains sont inaccessibles... Ce sera peut-être le cas, mais le plus important, c'est que je prenne du plaisir avec les jeunes et c'est actuellement le cas. 

* Dans l'histoire de l'ASSE, seul Wicart, natif de Feurs a entraîné les Verts. Pour le moment, aucun Stéphanois n'a jamais dirigé l'équipe première. 

Quelle est ta relation avec le site Evect.fr ? 
Vous êtes très actifs. Il y a des choses que je découvre sur le site alors que je travaille au club. Des fois, on se demande comment vous savez toutes ces choses (rires). C'est un site qui porte bien son nom, avec la passion que peut engendrer le peuple vert avec son club. Nous avons une bonne relation parce que c'est sain, mes interlocuteurs sont conscients des problématiques que l'on peut avoir sur certaines informations. Le plus important c'est que les informations dans nos échanges tiennent toujours compte de l'humain et de l'enfant, et ça c'est important. 

Top 3 des choses à faire à Saint Etienne ? 
Seulement trois ? Tu sous estimes ma ville là (rires). Il y a beaucoup de choses à faire, mais la journée parfaite ça serait un bon petit restaurant à la Pause chez le chef Pierre Daret, puis partir se promener dans les gorges de la Loire à Saint Victor. Ensuite, un passage par le stade bien sûr et puis la rue des Martyrs de Vingré qui est toujours bien animée en fin de semaine. Enfin pour les plus courageux, il y a des clubs sympas où bien s'amuser. 

Merci à tous, merci pour votre accueil et pour nous avoir suivi toute cette saison. Merci pour les échanges que nous avons qui sont sains et sincères et bonnes vacances à tout le Peuple Vert. 

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