🎙 Entretien avec la gardienne de l'ASSE, Maryne Gignoux

Féminines | Publié le par Joris | 2 commentaires

La section féminine de l'AS Saint-Étienne réalise un début de saison exceptionnel avec onze victoires en autant de rencontres, toutes compétitions confondues. La gardienne des Vertes Maryne Gignoux s'est exprimée face à notre caméra sur ce début de saison mais aussi sur sa vie à Saint-Étienne et à l'ASSE depuis un an et demi maintenant. 


Cela fait maintenant un an et demi que tu es là, comment te sens-tu à Saint-Étienne ?
Je m’y sens très bien. Quand je suis arrivée à Saint-Étienne, j’ai été tout de suite très bien accueillie, très bien intégrée par les membres du staff, le président, le groupe. Forcément quand tu arrives à Saint-Étienne, la première chose dont on te parle c’est l’ASSE, le club des Verts. C’est un club mythique. C’est la première chose qui m’a sautée aux yeux. Quand j’ai dit « je vais signer à l’ASSE », tout le monde m’a dit que c’était un truc de fou, que j’allais rejoindre un grand club. Quand je suis arrivée ici, j’ai vraiment pris conscience de la ferveur qu’il y a pour ce club.


"Forcément Saint-Étienne cela a joué, quand on te parle de l’ASSE, cela donne envie d’y aller."


Est-ce que cette réputation du club a joué dans ton choix ?
C’est toujours très positif pour toi quand un club de la sorte te contacte et veut te recruter. Les infrastructures ont joué également, ici elles sont très bonnes si on les compare à d’autres clubs. Ce n’est malheureusement pas dans tous les clubs pareil. Forcément Saint-Étienne cela a joué, quand on te parle de l’ASSE, ça donne envie d’y aller.

Toi qui est passée par Montpellier, Guingamp ou encore Dijon, quel regard portes-tu sur la ville de Saint-Étienne ?
J’ai eu l’occasion de faire quelques balades notamment en périphérie de la ville, c’est vraiment très joli. C’est très différent des villes que j’avais pu faire avant comme Montpellier où il y a vraiment beaucoup de monde. Je m’y sens bien, le seul petit bémol c’est la météo (rires). Mais bon, c’est un petit peu de partout pareil, il fait froid l’hiver. Je me sens néanmoins très bien à Saint-Étienne.

Tu as signé la saison dernière dans un club qui évoluait en D1, la saison a été compliquée avec pour épilogue une descente…
Quand j’ai signée à Saint-Étienne à la base, c’était dans un projet D2. On n’était pas encore au courant que l’on montait en D1, on l’a su seulement quatre jours avant la reprise. Cela a été une belle surprise. On a été promues en D1.

Reprendre un projet en D2 cette saison ne t’a donc pas plus perturbé que cela ?
Non parce que c’est un projet très intéressant de jouer pour une éventuelle remontée, pour jouer le haut de tableau. Je ne me suis pas vraiment posée de question.

Quelques mois après, comment analyses-tu cette saison dernière et qu’en retiens-tu ?
Cela a été une saison compliquée notamment du fait qu’on a été prises un peu de court je pense pour mettre tout en place notamment au niveau du recrutement. Il y a quand même un écart entre la D1 et la D2. Après, j’en retiens quand même du positif. C’est une saison compliquée mais qui t’apporte énormément d’expérience. Certes il y a eu une descente mais il ne faut pas retenir que cela.


"C’est un enrichissement de tous les jours de pouvoir côtoyer des joueuses étrangères"


Énormément de changements ont eu lieu à l’intersaison notamment l’arrivée d’un nouveau coach, comme l’as-tu vécu ?
On avait vécu une saison compliquée l’an dernier, repartir sur quelque chose de neuf avec un nouveau staff, de nouvelles infrastructures entre guillemets avec les moyens mis en place par le Président pour améliorer nos conditions, un nouveau groupe, je l’ai bien vécu. Il a fallu prendre le temps de se connaître entre nous et avec le coach également. Je me sentais prête à repartir pour une nouvelle saison.

Vous avez un groupe très cosmopolite cette année encore, on imagine que c’est enrichissant ?
C’est très enrichissant. Déjà par rapport à la langue, on parle beaucoup anglais, bon moi ce n’est pas trop mon fort (sourire), mais justement côtoyer des filles qui le parlent couramment, on s’entraîne énormément. Nous, on leur parle français, on essaye de leur apprendre quelques mots, elles font de même en anglais. Dans l’échange des cultures c’est très intéressant, de découvrir comment elles vivent, les différences qui existent entre leur pays et le nôtre. C’est un enrichissement de tous les jours de pouvoir côtoyer des joueuses étrangères.

Tu nous parlais du coach auparavant. Quels premiers contacts as-tu eu avec Laurent Mortel ?
Comme l’ensemble des joueuses, nous sommes toutes passées en entretien avec Laurent en fin de saison. Cela a été des bilans individuels notamment pour qu’on apprenne à se connaître d’une part, pour nous exposer de son côté son expérience, ses envies, ses objectifs, sa manière de travailler. Pour nous c’était l’occasion de nous présenter car il ne nous connaissait que de nom. Il y a eu beaucoup d’échanges et après cela s’est fait naturellement.


"Laurent amène beaucoup de rigueur, d'exigence. C'est un coach qui nous pousse à nous surpasser, il en veut toujours plus. Il est très perfectionniste."


Après quelques mois de compétition, comment peux-tu décrire le coach ?
Laurent c’est un coach qui amène beaucoup de rigueur, beaucoup d’exigence également. C’est un coach qui peut être à la fois très chambreur mais qui peut également directement se remettre dans un mode sérieux. C’est un coach qui nous pousse à nous surpasser, il en veut toujours plus. Il est très perfectionniste. C’est vraiment important, cela nous permet de travailler toujours plus. Il arrive bien à gérer le travail et ce qu’il se passe en dehors du terrain. Il échange beaucoup avec nous. Il nous demande souvent comment on se sent, il nous demande également notre avis sur différentes choses. Il est vraiment à l’écoute.

L’objectif de la montée a été fixé dès le début de saison ?
Pas forcément. Il fallait d’abord remettre en place une dynamique dans le groupe. Comme je le disais auparavant, il a fallu apprendre à se connaître car il y a eu beaucoup de changements. Tout le staff a changé hormis l’entraîneur des gardiennes qui est resté. Il y a d’abord eu beaucoup d’échange pour connaître les attentes des uns et des autres. Oui on joue le haut de tableau et on est légitime à dire que l’on veut garder notre première place. Mais avant de parler d’objectif, il reste encore des matchs, la saison est encore très longue donc on fera le point en juin.


"Quand on commence une saison, en tant que sportive de haut niveau et compétitrice, on veut tout gagner."


Tu nous parlais de dynamique, il y en a une exceptionnelle depuis le début de saison avec onze victoires en onze matchs. T’attendais-tu à un tel départ ?
On ne s’attend pas vraiment à ce genre de chose. Quand on commence une saison, en tant que sportive de haut niveau et compétitrice, on veut tout gagner. On prend les matchs les uns après les autres, c’est important pour ne pas tomber dans une routine. Parce que certes, on gagne tous les matchs depuis le début de saison, mais toutes les semaines il faut se remettre au travail. C’est très difficile à réaliser dans le sens où lorsque l’on gagne, tout va bien. Néanmoins, il y a toujours des choses à corriger, il faut toujours travailler, rien n’est parfait, même lorsque l’on gagne.

Cette série de onze matchs est devenue le record de victoires consécutives de la section féminine. En parliez-vous entre vous dans le groupe ?
Je pense qu’on l’avait forcément dans un coin de notre tête. On connaît les statistiques, on sait ce qui a été fait avant et on sait ce que l’on doit faire. Après, je ne pense pas que c’était un réel objectif. Nous ce que l’on veut, c’est tout gagner, gagner le plus de matchs possibles. Si on peut faire de belles séries, tant mieux pour nous. On savait que l’on s’en rapprochait match après match, on en a parlé on ne va pas se mentir mais ce n’est pas non plus quelque chose que l’on a retenu ou dont on a parlé pendant la causerie du dernier match (face à Montauban, ndlr). On pensait d’abord à mettre les ingrédients pour gagner le match.

Si on peut faire un bilan à la trêve "championnat", on suppose que vous êtes très satisfaites ?
Oui. Collectivement déjà je trouve qu’on travaille beaucoup et on a les résultats donc c’est forcément satisfaisant. Après comme je le disais, il reste encore du travail et la saison est encore longue. Il faut vraiment s’axer là-dessus : certes c’est beau ce que l’on fait pour le moment, mais cela le sera encore plus si en juin on a une belle surprise.

Samedi, c’est la coupe. Cela fait aussi partie de vos objectifs de faire un beau parcours ?
On ne s’est pas vraiment fixé d’objectif. Mais comme je l’évoquais, on veut tout gagner et on prend les matchs les uns après les autres. Il y a un match face à Strasbourg qui reste une équipe qu’on ne connait pas étant donné qu’elle n’est pas dans notre groupe, mais qui fait partie des premières équipes de l’autre poule, c’est une belle équipe. Il faut se concentrer sur ce match-là et on verra la suite après.


"Je savais où elle avait l’habitude de les tirer mais je sais également qu’elle me connaît. Je me dis alors qu’il fallait partir à l’opposé de là où elle tire habituellement"


Un moment particulier a marqué ce début de saison d’un point de vue personnel pour toi Maryne, ce pénalty sorti au bout du temps additionnel à Thonon… Peux-tu nous en parler ?
C’était un match assez compliqué, sur un terrain très gras. Dans le temps additionnel, il y a un changement d’arbitre car l’arbitre principale venait de se claquer… On tient le score, on mène un but à zéro, il reste deux minutes et la nouvelle arbitre siffle un pénalty. Après, je fais ce pourquoi je suis employée, je suis gardienne et mon but est d’arrêter les buts. Les attaquantes ont elles pour rôle de les mettre. J’ai la chance de connaître la joueuse qui va tirer le pénalty. Je savais où elle avait l’habitude de les tirer mais je sais également qu’elle me connaît. Je me dis alors qu’il faut partir à l’opposé de là où elle tire habituellement. Avec de la réussite, je le sors. C’est tant mieux pour le groupe qui avait fait un gros match. On a toutes fait ce qu’il fallait au bon moment pour obtenir ce résultat.

La symbolique est forte tout de même, l’année dernière vous l’auriez peut-être pris ce but. Cette année cela ne rentre pas, comment l’expliquer ?
C’est vrai que cette année on a parfois des coups de moins bien, on n’est pas parfaite loin de là. Mais je pense qu’on a ce petit brin de réussite avec nous. On le provoque puisque la réussite se provoque. La chance vient à qui lui tend les bras. Cette année il y a une part de chance mais beaucoup de travail aussi.


"On a envie de prendre le match à notre compte, nous sommes les actrices et si on veut faire un résultat, c’est à nous de faire le jeu."


On sent une réelle volonté de faire du jeu, avec beaucoup de possession de balle, c’est une des consignes de Laurent Mortel ?
Oui on le travaille beaucoup à l’entrainement. Laurent met en place beaucoup de pistes. Il nous donne les ingrédients mais après sur le terrain c’est à nous de les mettre, lui il est sur le côté. On a le groupe pour repartir de derrière, on a des joueuses de qualité autant défensivement qu’offensivement. Du fait qu’on joue les premières places, on a beaucoup la possession donc on aime bien repartir de derrière et on peut se le permettre au vu des qualités qu’on a dans cet effectif. On a envie de prendre le match à notre compte, nous sommes les actrices et si on veut faire un résultat, c’est à nous de faire le jeu. On n’est pas une équipe qui attend, on veut marquer les esprits en montrant que l’on décide ce que l’on veut faire et qu’on met les ingrédients pour.

En championnat, le prochain match sera décisif face à l’OM seule équipe capable de vous suivre, vous y pensez déjà ?
On y pense forcément parce que l’on sait que cela va arriver vite, c’est le dernier match de la phase aller. Après pour le moment, on est surtout focus sur le match qui arrive ce samedi à Strasbourg en Coupe de France. On aura tout le temps de le préparer au mois de janvier. Oui il y aura ce match face à Marseille, mais la saison reste très longue derrière. Marseille est une très belle équipe, on va travailler pour ramener la victoire mais on aura le temps d’y penser après le match qui arrive et le suivant si nous nous qualifions en Coupe de France. Il faut vraiment prendre les matchs les uns après les autres.

Commencez-vous déjà à regarder les résultats de l’OM après vos matchs ou c’est encore trop tôt ?
Non, on se concentre vraiment sur nous. Les résultats on les suit forcément, on est dans un championnat, cela reste important de s’intéresser aux autres équipes parce qu’on a quand même de très belles équipes, on s’en est par exemple rendu compte face à Evian ou Montauban. On regarde les résultats mais sans se focaliser dessus. On est première, on veut le rester, c’est à nous de faire les choses pour.


"Je suis de tout coeur avec eux et je sais qu’ils vont s’en sortir, je n’ai aucun doute là-dessus"


On est obligé d’en parler, le contexte masculin est beaucoup plus compliqué que le vôtre. Y restez-vous totalement hermétiques ?
Hermétiques, non forcément. On joue pour le même club, cela nous touche. Quand on va les voir jouer, on espère les voir gagner et on veut que cela soit le cas. Après le contexte masculin et le contexte féminin ne sont pas les mêmes. Quand je vais au stade, c’est pour supporter mon équipe. Je suis de tout cœur avec eux et je sais qu’ils vont s’en sortir, je n’ai aucun doute là-dessus.

Que pouvons-nous te souhaiter pour cette fin de saison sur le plan individuel et collectif ?
Personnellement, continuer de faire de bonnes performances, d’aider le groupe au maximum à prendre les trois points. Collectivement, comme je l’ai dit, une belle surprise en juin (sourire).



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